vendredi 16 mars 2012

"Depuis plus de trois ans, j’ai l’impression d’un acharnement, d’une volonté hiérarchique de m’acculer ».Le cadre de la Poste qui s'est suicidé dimanche 11 mars 2012 dans le Finistère avait préparé son geste.Il laisse une série d'écrits bouleversants dans lesquels il accusait l'entreprise d'être à l'origine de sa "perte de repères" et faisait part de ses dernières volontés.

Dans ces documents, transmis mercredi à l’AFP par le syndicat SUD, le cadre quadragénaire, marié et père de deux enfants, explique notamment qu’il « considère la hiérarchie de la Poste (à tous niveaux) à l’origine de (s)a perte de repères ».
« Depuis plus de trois ans, j’ai l’impression d’un acharnement, d’une volonté hiérarchique de m’acculer », ajoute le cadre qui était en arrêt maladie au moment du drame.
« Laissez-moi partir, c’est mon choix », explique-t-il dans une note baptisée « Mes demandes », dans laquelle il réclame notamment une inhumation « dans l’intimité familiale » sans « aucun représentant de la hiérarchie de l’entreprise, ni aucun message de cette même hiérarchie ».
Dans une autre note baptisée « Annexe », le cadre qui avait le statut de fonctionnaire demande si une pension pour sa famille est « envisageable », « en obtenant que (s)on geste désespéré soit requalifié en accident de travail ».
Après une réunion du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) à Vannes, la direction du courrier Ouest-Bretagne a annoncé mercredi 14 mars qu’elle allait se prononcer en ce sens, la requête devant ensuite être examinée par la commission de réforme, instance appelée à statuer dans ce type de situation pour les fonctionnaires.
Le CHSCT a également décidé « l’arrêt de l’ensemble des réorganisations en cours et à venir à la direction du courrier Ouest Bretagne (Morbihan et Finistère) jusqu’à la parution des conclusions » des enquêtes et expertises en cours.
A ce sujet, le parquet de Quimper a indiqué mercredi que son enquête préliminaire ne permettait pas « pour l’instant » de mettre en lumière un « harcèlement de la hiérarchie ».
Les syndicats veulent « réhumaniser » la Poste - Parmi les documents laissés par le cadre à l’intention des syndicats, figurait également un courriel adressé au PDG de la Poste Jean-Paul Bailly et daté du 11 mars, soit le jour de sa mort mais non envoyé.
Dans ce mail, dont l’objet est « SOS », le salarié se dit « dos au mur » et considère que sa « carrière à la Poste est terminée », disant redouter, « dans le meilleur des cas », une mise au placard.
« Cela fait deux fois en moins de six mois que je prépare mon suicide », écrit-il.
Pourtant, dans un mail daté du 1er décembre 2011 et consulté par l’AFP, le même salarié s’adressait à M. Bailly pour le remercier d’avoir réglé les « points de litiges professionnels » qui affectaient sa « vie professionnelle et personnelle depuis des années ».
Il faisait référence à sa récente nomination en tant que responsable des ressources humaines à Rosporden, poste qu’il devait occuper à son retour d’arrêt maladie.
Après son geste, survenu 10 jours après le suicide d’un autre cadre à Rennes, les syndicats de La Poste ont dénoncé un mal-être des salariés du groupe (environ 240 000), soulignant notamment les réorganisations et les suppressions de postes.
Ces mêmes questions sont à l’origine d’un appel à la grève nationale concernant les guichetiers jeudi.
Cycle d’écoute et de dialogue - Face à cette situation, la direction de la Poste a entamé un « cycle d’écoute et de dialogue sur la santé et le bien-être au travail ».
L’ensemble des syndicats doit être reçu par le PDG dans la semaine, à l’issue de quoi, la Poste prévoit « une première série de propositions ».
Interrogée sur les documents rendus publics mercredi, La Poste a indiqué qu’elle « se refusait à tout commentaire en ce jour des obsèques » du cadre.

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