samedi 24 mars 2012

Chanson, peuple et pouvoirs au XIXe siècle

Chanson, peuple et pouvoirs au XIXe siècle
24.03.2012 - 10:00
Peut-être est-ce l’effet d’un manque de recul : sur l’évolution récente, en France, de la chanson en face des débats politiques et sociaux, on entend deux refrains – c’est le cas de le dire – deux refrains opposés. Un peu partout on va répétant, dans les tables rondes des festivals et dans les rencontres professionnelles, que la chanson actuelle, celles des nouvelles générations, s’est désengagée, loin des Georges Brassens, Léo Ferré, Boris Vian ou Barbara, loin aussi, dans le camp d’en face, de Philippe Clay ou du jeune Michel Sardou. Mais d’autres observateurs mettent en lumière, au contraire, la vitalité profonde des couplets dans les manifestations, ceux qui se répandent sur la toile pour dénoncer violemment le racisme, l’argent-roi et les pouvoirs successivement en place. Entre ces deux thèses, il ne nous reviendra pas de trancher ce matin. Mais leur opposition donne le goût de se reporter loin en arrière, jusqu’au premier XIXe siècle, depuis la chute de Napoléon jusqu’à la naissance au moins de la Troisième République. Le goût de considérer la manière dont les chansons politiques et sociales ont émergé dans la vie publique avec une vigueur et une influence inédites, de voir comment elles ont accompagné les mouvements collectifs, le goût d’observer les sources de leur essor, les lieux où elles ont trouvé à s’épanouir et les chemins de leur diffusion, longtemps avant la radio et Internet, jusque dans les profondeurs populaires.
Philippe Darriulat,professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Lille, a consacré récemment à cette culture particulière un ouvrage important intitulé joliment La Muse du peuple. Nul mieux que lui n’était à même de nous aider à restituer ce parcours musical dont la portée civique a été considérable. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :
- Chanson « Le marchand de chansons » de Charles FAVART et Valois D’ORVILLE (écrite à la fin de l’Ancien Régime), interprétée par Francis LEMARQUE.
- Chanson « Le bon Dieu »de Pierre-Jean BÉRANGER (publiée dans un recueil de 1821), interprétée par Germaine MONTÉRO.
- Chanson « Souvenirs du peuple » de Pierre-Jean BÉRANGER (publiée dans un recueil de 1829), interprétée par Nicole VERVIL.
- Chanson « Le bal et la guillotine » de Gustave LEROY (écrite en 1849), interprétée par Raymond SOUPLEX.
- Chanson « La Canaille »d’Alexis BOUVIER (écrite en 1865), interprétée par Francesca SOLLEVILLE.
- Chanson « La semaine sanglante » de Jean-Baptiste CLÉMENT (écrite en 1871), interprétée par Marc OGERET.

Bibliographie :
- Philippe DARRIULAT, La Muse du peuple : chansons politiques et sociales en France 1815-1871, Presses universitaires de Rennes, 2010.
- Philippe DARRIULAT, Les patriotes : la gauche républicaine et la Nation 1830-1870, Seuil, 2001.
- Vincent ROBERT, Le temps des banquets : politique et symbolique d’une génération (1818-1848), Publications de la Sorbonne, 2010.
Invité(s) :
Philippe Darriulat

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