lundi 3 septembre 2012

Les syndicats pressent le gouvernement de mettre le turbo et de clarifier sa stratégie, notamment sur la fonction publique



Explosion du chômage, baisse du pouvoir d'achat, cascade de plans sociaux : face à l'accumulation de nouvelles alarmantes en cette rentrée, les syndicats s'inquiètent et pressent le gouvernement d'accélérer le rythme pour parer à l'urgence et clarifier sa stratégie, notamment sur la fonction publique.
L’annonce lundi 27 août 2012 d’une envolée particulièrement forte du chômage en juillet, qui touche désormais près de 3 millions de personnes, a fait l’effet d’un électrochoc.
« Remonter la pente sera difficile » mais « chaque jour nous menons la bataille », a affirmé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, pris en étau entre une croissance quasi nulle et des caisses vides, qui laissent peu de place aux largesses.
Pour le ministre du Travail Michel Sapin, il faut attendre que la « nouvelle politique » du gouvernement commence à porter ses fruits. Des premières décisions urgentes ont été décidées : une rallonge de 80 000 contrats aidés pour cette année et le projet de loi pour la création de 150 000 « emplois d’avenir » destinés aux jeunes peu qualifiés (dont 100 000 en 2013), qui sera présenté mercredi en conseil des ministres et soumis aux députés fin septembre.
Une montée du chômage pas inéluctable - « On ne règle pas le problème du chômage avec des emplois aidés », a rétorqué Jean-Claude Mailly (Force ouvrière), pour qui la montée du chômage « n’est pas inéluctable ».
Il a appelé le gouvernement à « modifier sa politique économique » et à opter pour une relance de la consommation et un soutien au pouvoir d’achat, sinon « l’aggravation du chômage continuera ».
Le leader de FO – qui rappelle à chaque occasion que contrairement à son homologue de la CGT, Bernard Thibault, il n’a pas appelé à voter Hollande à la présidentielle – presse le gouvernement de « clarifier » sa stratégie notamment sur la fonction publique et l’emploi.
Du concret - La rentrée sociale sera-t-elle chaude ? « Nous attendons que les choses soient éclaircies », se contente-t-il de répondre, éludant une descente dans la rue contre le gouvernement socialiste.
La CGT, qui tient mardi son assemblée générale de rentrée, n’est pas moins alarmiste. Malgré la crise interne qui la secoue sur la succession de M. Thibault – le feuilleton doit reprendre la semaine prochaine - elle veut faire entendre sa voix.
« Après la conférence sociale de juillet, nous avons regretté qu’il n’y ait pas eu de mesures immédiates annoncées, notamment sur les plans sociaux », souligne Eric Aubin, prétendant à la succession de M. Thibault.
« Il faut que très rapidement des décisions soient prises. Il faut du concret d’ici fin décembre », dit-il, redoutant des « situations dramatiques pour les salariés d’ici la fin de l’année ».
Ne pas être dans l’impatience absolue - Plus compréhensif à l’égard du gouvernement, Luc Bérille, secrétaire général de l’Unsa, estime auprès de l’AFP qu’il ne faut « pas être dans l’impatience absolue » et croire à « des solutions miraculeuses ».
« Le bateau prend l’eau au niveau français et européen », souligne-t-il, mais « les réponses efficaces sont celles qui sont bien ciblées et négociées avec les acteurs » sociaux.
Laurent Berger, le n° 2 de la CFDT, plaide, lui, pour « l’ouverture rapide de la négociation »,prévue à l’automne, entre patronat et syndicats sur « la sécurisation des parcours professionnels » et « pour relancer la compétitivité ».
Mais à la veille de l’université d’été du Medef, sa présidente Laurence Parisot a prévenu mardi que le patronat pourrait boycotter ces négociations si aux côtés des « enjeux de sécurité pour les salariés », les « enjeux de flexibilité pour les entreprises » ne sont pas abordés, une proposition qui suscite d’avance l’ire de la CGT et de FO.
Il revient au gouvernement de trancher, dans un cadrage attendu en septembre.

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