Alors que le chômage frôle désormais les 10 %, le président de la République s’est enfin décidé à organiser, en janvier prochain, un sommet sur l’emploi… demandé par la CFDT depuis cet été.
« En janvier prochain, j’inviterai tous les partenaires sociaux à participer à un sommet sur l’emploi pour que chacun puisse apporter des solutions, faire des propositions. » Il était temps, serait-on tenté de répondre au président de la République, qui aura attendu le 2 décembre, et son discours de « Toulon 2 » devant des militants de son propre parti, pour enfin répondre à la demande émise par François Chérèque… en août. Le secrétaire général de la CFDT le rappelait encore la veille du discours présidentiel, devant les journalistes de l’Ajis (Association des journalistes de l’information sociale) : « Quand le gouvernement a annoncé cet été son premier plan de rigueur, j’ai dit qu’il fallait réunir un sommet social associant l’État, les syndicats et le patronat afin de décider de mesures pour soutenir l’activité et les personnes les plus fragiles, car nous sentions que le vent tournait. »
Il faut du concret pour l’emploi !
Près de quatre mois après que la CFDT a tiré le signal d’alarme quant à l’urgence de prendre des mesures en vue de soutenir l’emploi, entendre le chef de l’État affirmer « sur l’emploi, on n’a pas tout essayé. Quand on voit monter le chômage, on n’a pas le droit de dire qu’on n’y peut rien, même si tout ne dépend pas de nous » pourrait sembler, pour le moins, déplacé. « Un sommet, pourquoi pas ? Nous, les propositions, on les a depuis des mois. Il faut juste qu’on nous écoute. On ira à ce sommet social, s’il est convoqué, mais il faut aussi écouter les propositions », explique la secrétaire nationale Véronique Descacq. Il faudra pour cela qu’il s’agisse d’un « sommet avec esprit d’ouverture et pas pour la galerie ».
Laurent Berger, secrétaire national chargé des questions d’emploi, ne dit pas autre chose quand il assure : « Ce sommet, la CFDT l’avait demandé, donc c’est une bonne chose. Mais il ne faut pas que ce soit du théâtre ; il est nécessaire que cela débouche sur des mesures concrètes. » Au moment où le chômage égale des records qui n’avaient pas été atteints depuis plus de dix ans, et forte des enseignements de la crise de 2008-2009, la CFDT ne se trouve pas prise au dépourvu et propose quatre grandes directions d’action en faveur de l’emploi. Tout d’abord, relancer les dispositifs « former plutôt que licencier » pour les entreprises, secteurs professionnels ou territoires en difficulté économique en tirant toutes les leçons des trop faibles niveaux de réactivité et d’efficacité eu égard à ce qui a été fait en 2009, et revoir le financement et l’efficacité du chômage partiel, qui risque de remonter en flèche. Ensuite, en matière d’emploi des jeunes, qui restent les principales victimes du chômage, il est indispensable que l’État vienne en soutien aux mesures prises par les partenaires sociaux pendant le premier semestre pour l’accompagnement et le maintien dans l’emploi, et ce, en apportant un complément de financement aux 200 millions d’euros que les partenaires sociaux ont décidé de consacrer à ces mesures à destination des jeunes. Cela passe également par un accroissement du nombre des bénéficiaires du RSA jeunes. Ces mesures pourraient être financées par l’instauration d’un fonds du style Fiso, mis en place en 2009. Mais également par l’abandon des heures supplémentaires défiscalisées, qui coûtent annuellement 4 milliards d’euros.
La nécessité de changer de braquet
De plus, insiste Laurent Berger, « si la moitié des emplois perdus pendant la crise de 2008-2009 avaient été retrouvés à la fin de 2010, ce fut par le biais de contrats précaires (CDD et intérim). Cette hausse du chômage touche donc bien d’abord les salariés les plus fragiles ». Dans l’optique de venir spécifiquement en aide à ce public, la CFDT propose de s’appuyer sur le dispositif issu de l’accord que les partenaires sociaux ont signé en juin dernier, qui institue le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), destiné à mieux accompagner les licenciés économiques. En effet, le texte prévoit une enveloppe de 4 millions d’euros devant permettre, à titre d’expérimentation, d’accompagner quelques milliers d’intérimaires et de CDD en fin de contrat. D’après Laurent Berger, il faut changer de braquet et démultiplier ce dispositif : « Nous demandons à l’État d’abonder cette enveloppe. ». Enfin, face une crise de cette ampleur, il sera indispensable d’augmenter le personnel et les moyens de Pôle emploi pour pouvoir accompagner réellement les chômeurs. La CFDT y veillera, au travers de l’application de la convention tripartie État-Unédic-Pôle emploi.
La CFDT martèlera, une nouvelle fois, ses propositions lors du sommet sur l’emploi en janvier – cinq mois après sa première demande, et alors la situation sur le front de l’emploi n’a cessé, depuis, de se détériorer.
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