jeudi 15 décembre 2011

Incinérateur de Marseille(suite) :une touche de droite sur Guernica(*)


Gaudin-Guérini, frères de cendres?

L'enquête sur le clientélisme de la classe politique marseillaise commence à pencher à droite. Le juge Duchaîne n'attend qu'un supplétif pour s'attaquer au dossier de l'incinérateur.

Pas nerveux mais presque. Depuis les débuts de Guernica, nom de code dont les poètes gendarmes ont affublé leurs enquêtes sur les marchés publics de la région marseillaise, le clientélisme, le trafic d'influence et la corruption qui traversent syndicats, partis et entreprises locales, le bon maire de la ville Jean-Claude Gaudin a pris grand soin de se tenir à distance des débats. Voire de calmer ses troupes, le sénateur Bruno Gilles ou le ravi Renaud Muselier, hérauts de la croisade anti-Guérini. 

Un papier malheureux, à l'instar d'un article narrant sa rencontre avec un ponte du Milieu en vue de marchés publiques est si vite arrivé… A l'occasion de la parution dans Bakchich et dans le Ravi de ces révélations, le sénateur avait d'ailleurs poussé une petit gueulante contre les fuites judiciaires auprès de la Place Vendôme. 

Fumée noire pour le catho Gaudin

Après deux ans de silence, Jean-Claude a tout de même voulu sortir du bois. Le 14 novembre dernier, Gaudin a appelé à la démission de Jean-Noël Guérini, président du conseil général mis en examen dans le dossier. Pas pour ses ennuis judiciaires mais parce qu'il avait menacé de ne pas financer un projet en commun avec la ville et la Communauté urbaine socialiste. «Jean-Noël Guérini devrait démissionner. Il s'est lancé dans une vendetta contre ses anciens amis socialistes, mais ce sont les Marseillais qui vont en faire les frais, et cela, je ne peux l'accepter!». Et là patatras!

L'incinération, un business © Oliv'

Le lendemain, une méchante fumée venue de Fos-sur-Mer l'a presque fait suffoquer: des soupçons, révélés par le Canard Enchaîné, sur une possible corruption lors de la passation de marché sur la construction et la gestion de l'incinérateur, projet phare de la communauté urbaine, alors présidé par Gaudin.



Ensuite parce que l'attribution de la construction et de l'exploitation de l'incinérateur est restée en travers de la gorge d'un des soumissionnaires, Suez, persuadé qu'elle allait l'emporter. 


Le trouble d'un haut responsable de Suez

«On a toujours pas compris comment on a pas remporté la mise, pestait en 2009 auprès de Bakchich un haut responsable du groupe, ou on ne comprend que trop bien». Et de raconter alors... qu'Urbaser aurait gaillardement arrosé la classe politique locale pour obtenir le marché, quand bien même l'offre de Suez avait été classée première après analyse technique.

Et la lecture du Canard Enchaîneé a du, un peu, les conforter. Selon les PV obtenus par le palmipède, l'ancien directeur général adjoint du Conseil Général, Jean-Marc Nabitz, a tout bonnement réalisé, à la demande de son patron Jean-Noël Guérini, de réaliser une «note blanche» afin de convaincre Gaudin de choisir Urbaser. Et quelques valises de transiter…

Nabitz, parole d'évangile contre Guérini, Gaga pour tous les autres...

En somme une bombe, une touche de droite au tableau Guernica qui penche franchement à gauche et une prolongation de l'enquête? Au doigt mouillé, les suiveurs du dossier, politiques ou journalistes, imaginent une clôture pour le 2e semestre 2012. «Mais s'ils se lancent vers l'incinérateur alors là on n'a pas fini», pronostique un élu très au fait de l'enquête.

Plus tranchée, la Provence, qui a publié une contre-enquête fouillée sur les déclarations de Nabitz pense qu'il s'agit de folles rumeurs. Pas de saga judiciaire à l'horizon alors. 

« Il est amusant de voir que Nabitz est parole d'évangile quand il met en cause Guérini, et gaga quand il parle de Gaudin» relève un avocat de la place. 

Une touche de droite sur Guernica

N'empêche. La communauté urbaine, désormais aux mains du socialiste Eugène Caselli, ex guériniste qui a désormais des visées vers la mairie, souhaite en tout cas se constituer partie civile dans ce volet précis de la procédure. Autant pour savoir si elle n'aurait pas été escroquée que pour positionner son champion en vue des municipales de 2014. Et d'avoir des munitions pour houspiller la droite.  

Sauf qu'à ce jour, sa constitution n'a pas été actée par le juge Duchaîne en charge de la myriade de dossiers de Guernica. Parce qu'il n'y a pas d'affaire? « Non, le juge a envie d'y aller. Pour lui il y a matière à enquêter. Et cela lui permettrait de tordre le cou à la rumeur qui le dit en service commandé contre la gauche, précise un indiscret du Palais de Justice. Mais il attend un supplétif du procureur» Guernica sera une oeuvre collective, ou ne sera pas.

mer, 14/12/2011 - 17:36

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