La trésorière confédérale, Anousheh Karvar, remet les points sur les "i" concernant le financement et les comptes de la CFDT.
Le rapport parlementaire sur le financement des syndicats a été enterré. Est-ce un sujet tabou ?
Nous avons été étonnés que cette commission d’enquête parlementaire soit formée au moment même où les organisations syndicales et patronales instauraient des règles de transparence avec la vérification et la certification de leurs comptes par des commissaires aux comptes qui, je le rappelle, sont des auxiliaires de justice.
Mais évidemment, nous avons répondu positivement à l’invitation d’être auditionnés par la commission parlementaire étant donné que nous n’avons rien à cacher. Cette audition a duré deux heures, à l’issue de laquelle, nous avons été félicités pour la limpidité de nos propos et la tenue de nos comptes.
Qui avait intérêt à cette omerta…?
On entend dire que certains députés auraient préféré enterrer ce rapport en raison de son contenu concernant les organisations patronales. Il y aurait eu des pressions pour que le rapport ne sorte pas. Je peux affirmer que ces pressions ne viennent pas des organisations syndicales de salariés car, sauf FO à ce jour, les quatre autres, dont la CFDT, ont mis en ligne leurs comptes sur le site du Journal officiel.
Comment la CFDT gère-t-elle ses finances ?
Depuis 1990, la CFDT publie son nombre d’adhérents et le montant des cotisations qu’elle collecte. Depuis 2009, ses comptes sont certifiés par un commissaire aux comptes, soit un an avant que cela ne devienne une obligation légale. Nous faisons également certifier les comptes consolidés, c’est-à-dire ceux de la Confédération, ses associations, ses SCI et ses GIE depuis 2010. Deux cabinets ont déclarés nos comptes selon la formule consacrée «fidèles, sincères et réguliers». Tous nos concitoyens, adhérents ou non de la CFDT, ont accès à notre site internet ou au site du Journal officiel qui publient ces documents comptables.
Nous pouvons afficher un taux d’autonomie de 77% dont 42% proviennent des cotisations. La différence est constituée des produits de notre patrimoine immobilier, de la vente de produits divers (agendas, publications, etc.). Le montant des subventions extérieures s’élève à 23%, et cela sur un budget global de 50 millions d’euros.
La campagne de presse sur "l’argent caché des syndicats" est-elle un hasard dans la période…
On peut légitimement se poser la question de savoir, dans le contexte de progression du chômage et de crise sociale aigue, qui a intérêt à affaiblir les syndicats de salariés par une campagne méthodique sur des allégations que nous ne pouvons pas réfuter puisque nous n’avons pas le rapport? Il faut préciser que les personnes qui ont participé aux travaux de la Commission parlementaire sont passibles d’une peine de prison si elles dévoilent le contenu du rapport. Nous avons prêté serment et signé un engagement de ne pas divulguer les débats de cette commission. Si bien que la presse peut publier des éléments sans que nous puissions y répondre sur le fond. C’est dire que nous sommes très favorables à la publication de ce rapport afin de pouvoir le commenter, ce qui est impossible en l’état actuel des choses.
Certains comités d’entreprise sont épinglés par la Cour des comptes. Comment peut-on assurer les salariés de leur bonne gestion ?
Jusqu’à présent, la CFDT s’est portée partie civile (comme dans le cas d’EDF) dès qu’une affaire concernant un CE est devant la justice. D’abord pour avoir accès au dossier, ensuite pour faire condamner les éventuelles pratiques frauduleuses. Nous avons, là aussi, demandé que les comptabilités des comités d’entreprise soient certifiées par des commissaires aux comptes et que les salariés, bénéficiaires des prestations des CE, soient informés.
Par ailleurs, je souligne que les dirigeants des entreprises président les CE et doivent donc pouvoir avoir un droit de regard sur les budgets. La CFDT participe activement à un groupe de travail du ministère du Travail pour permettre ces certifications possibles le plus rapidement. Nous demandons aussi que les enquêtes judiciaires en cours aboutissent et ne durent pas des années.
Propos recueillis par Henri Israël
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