Campagne Saisonniers : Un été couleur orange
publié le 20/07/2016 à 16H08
par
Emmanuelle Pirat
Pas moins de 76 événements partout en France sont au menu de la 18e édition
de la campagne Saisonniers ! L’occasion, aussi, de renforcer la
proximité avec les salariés des TPE, dont les élections professionnelles
se tiennent en fin d’année.
Vingt
et une étapes pour le Tour de France 2016, 76 événements pour la
campagne Saisonniers… L’été de certains militants va être sportif !
Cette 18e édition de la campagne Saisonniers, qui a mobilisé
14 organisations dont 4 fédérations – Services, Santé-sociaux,
Agroalimentaire (FGA) et Communication, conseil, culture (F3C) –, va se
dérouler partout en France, à la rencontre des salariés saisonniers. Et
par la même occasion des salariés des TPE, dont les élections
professionnelles vont se tenir à la fin de cette année. « C’est souvent le même public »,
indique Karine Foucher, de la CFDT-Bretagne. Des dizaines d’actions
sont programmées, dans les stations balnéaires et thermales (parmi
lesquelles Contrex ou Vittel en Lorraine), les parcs et centres de
loisirs (Parc Astérix, Parc Saint-Paul en Picardie), les hôtels, cafés
et restaurants des centres-villes qui connaissent un fort afflux de
touristes, mais aussi lors de festivals (Vieilles Charrues de Carhaix ou
Fêtes maritimes de Brest, en Bretagne) ainsi qu’auprès des saisonniers
de l’agriculture, employés à diverses cueillettes : myrtilles dans le
Maine-et-Loire, pommes dans le Limousin, etc.
« L’objectif
est bien sûr de rencontrer les saisonniers, de les aider à bien vivre
la saison, en étant informés et accompagnés. Mais nous en profitons
également pour interpeller les vacanciers et les employeurs sur leur
situation. Nous faisons régulièrement de la médiation entre un
saisonnier et son employeur afin de régler un différend : non-paiement
des heures sup’, absence de congés, conditions de travail, problème de
logement, etc. », explique Inès Minin, la secrétaire nationale chargée de la campagne.
Pallier le manque d’information des saisonniers
L’enquête
menée l’an dernier par la CFDT auprès de plusieurs centaines de
saisonniers fournit d’intéressantes informations sur leur vécu et leurs
attentes vis-à-vis d’une organisation syndicale. « Avec en moyenne
trois ou quatre saisons à leur actif, les salariés rencontrés ont
principalement des difficultés liées au paiement des heures
supplémentaires et à la conciliation entre vie personnelle et activité
professionnelle », indique Sylvain Reboulet, chargé du suivi de la campagne à la Confédération. « Les saisonniers sont très souvent considérés comme des esclaves et payés au lance-pierre »,
confirme Tomy, 20 ans, saisonnier de la restauration depuis quatre ans
dans la région de Perpignan. Entre autres déboires, lui a subi le
travail non déclaré, sans aucun recours pour se faire payer
correctement. « Surtout, les saisonniers ne connaissent par leurs droits,
explique Janine Dhenain, responsable du dossier Jeunes à la
CFDT-Picardie, de retour d’actions sur les plages artificielles de
Fort-Mahon-Plage et de Saint-Quentin. Par exemple, ils ne savent pas
à partir de quand ils peuvent prétendre aux heures sup’ ou à des
congés. Nous venons de rencontrer un jeune qui travaillait dans un golf
et qui venait d’enchaîner 20 jours consécutifs sans repos. Nous avons
pris rendez-vous pour régler son problème. » Face à ce criant
manque d’informations, les guides et les conseils des militants sont les
bienvenus. L’union régionale a ainsi édité un guide spécifique destiné
aux saisonniers des plages artificielles, recrutés par les communes, « qui n’ont pas de contrat comme dans le privé », précise Janine.
Mobiliser le réseau et agir sur la durée
Autre point noir du travail saisonnier : le logement. « Les propriétaires préfèrent louer aux vacanciers plutôt qu’aux saisonniers », explique Annie Leandri, de la CFDT-Corse. Sur l’île, la difficulté à trouver un logement est le problème no 1 des saisonniers. Alors « on essaie de mobiliser le réseau, celui de la CFDT et au-delà, pour leur trouver des solutions ». Sur cette question du logement, « nous
avons eu un gros succès en expliquant les intérêts de Visale, la
garantie locative. Cela a intéressé beaucoup de gens, y compris les
clients », raconte Michel Larralde, secrétaire général de l’Union
départementale du Pays basque. De retour de la tournée dans les cafés et
restaurants de Bergerac, il souligne la bonne qualité de l’accueil
réservé aux militants par les saisonniers, dont certains se souvenaient
du passage de la CFDT l’an dernier.
Venir
et revenir, pour conforter l’action de la CFDT. Tel est l’objectif de
nombreuses structures dans cette campagne, à l’image du Syndicat des
Services Gard-Lozère. « Nous avions effectué plusieurs adhésions
lors de notre passage dans différents campings de la région, l’an
dernier. Nous avons donc décidé de revenir et de voir comment implanter
la CFDT de manière plus durable », explique Philippe Butera, son secrétaire général, qui n’exclut pas de monter une section au moins dans l’un d’entre eux.
Ouverture européenne avec d’autres organisations
En
fonction des secteurs d’activité, la campagne a été abordée sous
différents angles. Dans le Maine-et-Loire, une action a ainsi été
organisée en partenariat avec le syndicat polonais Solidarność. « La
région est le premier employeur de saisonniers dans l’agriculture, et
nombre d’entre eux viennent de Pologne, recrutés par une société
polonaise. Nous souhaitions améliorer notre connaissance de cette
filière et pouvoir discuter avec les saisonniers. Trois responsables de
Solidarność sont venus plusieurs jours faire la campagne avec nous,
témoigne Antoine Lelarge, responsable de l’union départementale,
enthousiaste de ce partenariat et des perspectives qu’il ouvre. Nous allons poursuivre le travail avec eux. »
Cette campagne sera aussi, partout en France, l’occasion de nourrir un
cahier revendicatif à partir des témoignages recueillis. Sur ce
terrain-là aussi, la CFDT ouvre des perspectives d’action.
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