lundi 25 juillet 2016

L’économie française est certes la plus sobre en carbone des pays membres de l’organisation OCDE . Mais elle doit essentiellement sa plus haute place du podium à l’énergie nucléaire, à une consommation en baisse des énergies fossiles (merci la crise!) et à «la désindustrialisation de l’économie», estime l’étude. Ni le développement des énergies renouvelables (beaucoup trop lent) ni les économies d’énergie ne suffisent à expliquer que l’industrie française a réduit de 18% sa consommation de MWh entre 2000 et 2013. Faute de plans contraignants, de gouvernance efficace et d’outils pourtant prévus par la loi, la lutte contre les pollutions atmosphériques est un échec. «Le coût économique de son impact sanitaire est estimé à 2,5% du PIB», comptabilise l’institution parisienne. Les réformes «Air» de l'OCDE: généraliser les zones à circulation restreinte; expérimenter les péages urbains; appliquer le plan national de réduction des pollutions atmosphériques et le doter d’un échéancier. Dotée de la plus grande diversité biologique d’Europe, la France peine à préserver ce trésor. «En métropole, trois quarts des habitats d’intérêt communautaire sont dans un état défavorable, sans amélioration notable depuis 2007.» Dans l’Hexagone, une espèce sur cinq est menacée et «la situation est encore plus inquiétante en outre-mer. » Navrant, si l’on garde à l’esprit que les dépenses de protection de la biodiversité et des paysages ont crû de près de 50% depuis 2000. Les réformes «Biodiversité»: supprimer les aides dommageables à la biodiversité; promouvoir l’agro-écologie. L’économie circulaire reste un vœu pieux. «Les Français produisent plus de déchets par habitant que la moyenne européenne. Le taux de valorisation a progressé (39% en 2014), mais reste très inférieur à celui de l’Allemagne (65%) ou de la Belgique (50%)».Loi TECV la plupart des décrets d’application de la loi (85%) ont été publiés ou sont au Conseil d’Etat, les 15% restants sont encore à l’état de consultation. « Jusqu’à présent, les textes publiés étaient dédiés à des domaines où il n’y a que des consensus, mais ce ne sont pas les plus structurants », pointe Anne Bringault. Parmi les textes publiés, on compte par exemple celui relatif à la mise en place d’une indemnité kilométrique vélo (mais qui reste facultative). Pourtant, des paradoxes subsistent : « d’un côté, le gouvernement encourage le recours au vélo et, de l’autre, il n’y a quasiment pas de moyens financiers alloués à la réalisation de pistes cyclables » note la coordinatrice du CLER.



L’OCDE étrille la politique environnementale française
Le 12 juillet 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg
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Les recettes de la fiscalité environnementale françaises diminuent.
Les recettes de la fiscalité environnementale françaises diminuent.
JDLE/OCDE
Objectifs souvent audacieux. Mais rarement atteints. Telle pourrait être résumée l’évaluation de la politique environnementale française publiée, ce lundi 11 juillet, par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Un mauvais bulletin de note qu’a finalement refusé de recevoir Ségolène Royal qui a finalement délégué  Laurence Monnoyer-Smith, Commissaire générale au développement durable.
Voilà 10 ans que l’OCDE ne s’était penchée sur les performances environnementales françaises. Des performances remarquables a priori: «La France s’est fixé des objectifs ambitieux en matière d’environnement, notamment dans les lois Grenelle de 2009 et 2010 et dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015», notent, d’emblée les rapporteurs. Reste à savoir si des moyens ont été mis au service de cette ambition.
Ce n’est pas toujours le cas, regrette l’OCDE. L’économie française est certes la plus sobre en carbone des pays membres de l’organisation. Mais elle doit essentiellement sa plus haute place du podium à l’énergie nucléaire, à une consommation en baisse des énergies fossiles (merci la crise!) et à «la désindustrialisation de l’économie», estime l’étude. Ni le développement des énergies renouvelables (beaucoup trop lent) ni les économies d’énergie ne suffisent à expliquer que l’industrie française a réduit de 18% sa consommation de MWh entre 2000 et 2013.
Faute de plans contraignants, de gouvernance efficace et d’outils pourtant prévus par la loi, la lutte contre les pollutions atmosphériques est un échec. «Le coût économique de son impact sanitaire est estimé à 2,5% du PIB», comptabilise l’institution parisienne.
Les réformes «Air» de l'OCDE: généraliser les zones à circulation restreinte; expérimenter les péages urbains; appliquer le plan national de réduction des pollutions atmosphériques et le doter d’un échéancier.
Dotée de la plus grande diversité biologique d’Europe, la France peine à préserver ce trésor. «En métropole, trois quarts des habitats d’intérêt communautaire sont dans un état défavorable, sans amélioration notable depuis 2007.» Dans l’Hexagone, une espèce sur cinq est menacée et «la situation est encore plus inquiétante en outre-mer. » Navrant, si l’on garde à l’esprit que les dépenses de protection de la biodiversité et des paysages ont crû de près de 50% depuis 2000.
Les réformes «Biodiversité»: supprimer les aides dommageables à la biodiversité; promouvoir l’agro-écologie.
L’économie circulaire reste un vœu pieux. «Les Français produisent plus de déchets par habitant que la moyenne européenne. Le taux de valorisation a progressé (39% en 2014), mais reste très inférieur à celui de l’Allemagne (65%) ou de la Belgique (50%)». En cause: la possibilité laissée aux producteurs d’enfouir leurs résidus, le manque de sensibilisation des Français, une fiscalité non-incitative au recyclage ou à la moindre production.
Si la France a légèrement réduit son utilisation de fertilisants azotés et phosphorés depuis 15 ans, tel n’est pas le cas des pesticides, dont l’usage a augmenté, «faisant de la France l’un des plus gros consommateurs de produits phytosanitaires du monde», regrette l’OCDE. Alors que le plan Ecophyto prévoyait de réduire de moitié l’usage des «phytos» entre 2008 et 2018, les agriculteurs ont accru de plus de 25% leur consommation de pesticides entre 2008 et 2015. De quoi polluer cours d’eau et nappes phréatiques et empêcher la France d’atteindre (comme d’autres pays membres) l’objectif de bon état des eaux fixé, pour 2015, par la directive-cadre sur l’eau. La fiscalité de l’eau reste, elle aussi, imparfaite. Si le système des redevances «est efficace en terme de recouvrement des coûts de la fourniture de services», il n’incite en rien à l’économie. Ni à éviter que la communauté supporte les externalités «liées aux activités agricoles et économiques.»
Les réformes «transition énergétique»: conditionner les incitations financières aux travaux de rénovation énergétique à l’amélioration de la performance globale des bâtiments; assurer la lisibilité à long terme des soutiens aux énergies renouvelables; inscrire l’évolution de la contribution-climat-énergie dans la loi; aligner les fiscalités de l’essence et du gazole.
La gouvernance environnementale tricolore n’est pas non plus du goût de l’OCDE. Officiellement, stratégies et politiques sont pilotées par le ministère de l’Environnement et mises en œuvre par les collectivités territoriales. «Cependant, la complexité du millefeuille territorial freine la réalisation des objectifs environnementaux et nourrit les revendications de simplification. En effet, le système souffre de doublons de compétences entre l’État et les collectivités locales, d’une articulation peu lisible entre l’État et ses services déconcentrés, mais également entre ces derniers et les services régionaux des agences nationales.» Pas étonnant, dans de telles conditions, que «depuis 2007, le nombre d’infractions à la législation environnementale européenne en France excède systématiquement la moyenne de l’UE.» Pire: «les procédures pénales continuent de dominer les mesures d’exécution, même si les sanctions pénales sont rarement appliquées.»
Les réformes «croissance verte»: Inclure des critères environnementaux dans les marchés publics; généraliser la tarification incitative de la gestion des déchets municipaux; moduler la redevance pour prélèvement selon la rareté de la ressource; reconsidérer l’expérimentation de la taxe poids lourds régionale; simplifier l’évaluation environnementale; réformer le régime d’autorisation environnementale.
Tout comme les changements d’habitudes. Pour nous inciter à réduire notre demande d’énergies fossiles ou de transports individuels, le comité pour la fiscalité écologique (devenu le comité pour l’économie verte) «a fait accepter l’importance de refléter le coût des dommages environnementaux dans les prix.» Terriblement basse (elle représente moins de 2% du PIB, ce qui est inférieure à la moyenne appliquée dans les pays membres), la fiscalité verte française est de moins en moins efficace. Largement assises sur la consommation d’énergie, les taxes environnementales voient baisser leurs recettes (de 12% entre 2000 et 2014), à mesure que s’étiole la demande en carburants routiers.
L’alternative à la voiture et au camion n’est pas encore le chemin de fer. Le projet de schéma national d’infrastructures de 2011 prévoyait bien 174 Md€ d’investissements, sur 25 ans, pour le secteur ferroviaire. On en est loin. Tellement loin, souligne l’OCDE, que «l’insuffisance des investissements dans le réseau ferré classique pourrait menacer sa pérennité.»



HFC: un nouveau succès dans la lutte contre le réchauffement
Le 25 juillet 2016 par Romain Loury
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Rendez-vous mi-octobre à Kigali
Rendez-vous mi-octobre à Kigali
La communauté internationale s’apprête-elle à se détourner des hydrofluorocarbures (HFC)? Lors d’une réunion en octobre à Kigali (Rwanda), elle pourrait s’engager vers leur élimination totale, en vertu d’un amendement au protocole de Montréal. Les dernières négociations, qui se sont achevées samedi 23 juillet à Vienne, ont été fructueuses.
Signé en 1987, le protocole de Montréal a permis la quasi-élimination mondiale des chlorofluorocarbures (CFC), émis par la climatisation et les aérosols, et présents dans les mousses isolantes. Trente ans plus tard, ces efforts ont payé: la «couche» d’ozone stratosphérique est très clairement en voie de cicatrisation. Cependant, les CFC ont été remplacés par les HFC, sans effet notable sur l’ozone, mais dont le pouvoir de réchauffement global (PRG) est, en moyenne, 1.300 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone. Les 500.000 tonnes de HFC relâchées chaque année dans le monde équivalent ainsi à l’émission de près de 1 milliard de tonnes équivalent CO2 (MdteqCO2).
Or les HFC sont les gaz à effet de serre qui connaissent la croissance la plus rapide, d’environ 10% à 15% par an. En cause, la ruée vers la climatisation, notamment en Chine et en Inde: d’ici à 2030, 700 millions de nouveaux climatiseurs pourraient être installés dans le monde, 1,6 milliard d’ici à 2050 –date à laquelle les HFC pourraient constituer 20% de l’ensemble des gaz à effet de serre en PRG. Selonl’Institut pour la gouvernance et le développement durable (IGSD), l’élimination des HFC permettrait d’atténuer la hausse de température de 0,1°C en 2050 et de 0,5°C en 2100 –l’Accord de Paris, signé mi-décembre 2015, s’engage sur une hausse d’au maximum 2°C.
Plus de pays réfractaire
D’où l’idée d’inclure aussi les HFC dans le protocole de Montréal par voie d’amendement, projet qui pourrait voir le jour lors de la 28ème réunion des parties audit protocole, qui se tiendra du 10 au 14 octobre à Kigali. Ce qui permettrait rapidement de limiter la montée du thermomètre mondial. Le projet semble en très bonne voie, après les fructueuses négociations, les dernières avant Kigali, qui se sont déroulées du 15 au 23 juillet lors d’une réunion exceptionnelle des parties à Vienne. Si cette inscription des HFC aboutissait, elle constituerait le plus grand succès climatique après l’Accord de Paris.
Au cours d’une rencontre avec les athlètes philippins qui participeront aux JO de Rio, le président Rodrigo Duterte a indiqué qu’il n’honorerait pas les accords internationaux obligeant l’archipel à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. La contribution volontaire nationale (NDC) prévoit que les Philippines abattent leurs rejets carbonés de 70% en 2030, par rapport à un scénario tendanciel.
«Tous les pays sont désormais engagés dans la négociation et ont livré leur proposition: il n’y a plus de pays réfractaire, c’est la première fois que la négociation porte sur le fond, notamment sur un calendrier», observe la juriste Maxime Beaugrand, représentante pour la France de l'IGSD, contactée par le JDLE.
Pays industrialisés: gel à partir de 2021
Position la plus ambitieuse, les Etats-Unis, l’Union européenne, le Japon et les pays africains proposent un gel de leur croissance (à savoir un pic d’émissions) de HFC en 2021. Comme à son habitude, l’Inde traîne des pieds, estimant qu’elle ne l’atteindra qu’en 2031. Entre les deux, la Chine et le Pakistan évoquent 2025-2026, tandis que le groupe contenant la Malaisie, l’Indonésie, l’Argentine et le Brésil penche pour 2025. Les Pays du Golfe parlent plutôt de 2028, et l’Iran, isolé comme l’Inde, avance la date de 2029.
Comme pour l’Accord de Paris, signé mi-décembre lors de la COP21, se pose également la question des financements. A Vienne, les pays industrialisés se sont clairement engagés à aider les pays en développement à effectuer cette transition. Reste à déterminer les montants à engager, qui pourraient être décisifs dans l’ambition de l’accord. Ces subventions seraient alors versées via le Fonds multilatéral du protocole de Montréal.
D’un point de vue technique, la transition peut être rapide: «une centaine de produits alternatifs sont en développement, ils sont plus efficaces énergétiquement, et disposent aussi d’un moindre PRC. Le protocole envoie un signal au marché, et celui-ci peut embrayer très vite», explique Maxime Beaugrand.
La région, nouveau pilier de la prévention des déchets
Le 28 juin 2016 par Stéphanie Senet
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Matthieu Orphelin, directeur de l'économie circulaire à l'Ademe
Matthieu Orphelin, directeur de l'économie circulaire à l'Ademe
Régionalisation de la planification, tarification incitative et valorisation des déchets du bâtiment et des travaux publics permettront aux collectivités d’atteindre les objectifs de la loi sur la transition énergétique selon l’Ademe.

La régionalisation des plans de prévention et de gestion des déchets, dont le contenu a été fixé par le décret du 17 juin 2016, offre de nouvelles perspectives pour affiner les stratégies locales. «L’Ademe[1] propose d’ailleurs aux conseils régionaux de signer un contrat d’objectif dynamique régional pour l’économie circulaire, un Codrec, qui leur permettra de bénéficier de soutiens allant jusqu’à 450.000 euros par région», a annoncé ce 28 juin Matthieu Orphelin, directeur de l’économie circulaire, lors d’une conférence de presse[2].
L’objectif est de pousser les régions à rédiger la nouvelle stratégie sur l’économie circulaire prévue par la loi Notre, à accentuer la prévention des déchets, et à créer un observatoire régional sur le modèle de l’Ordif[3] francilien, tout en lançant des passerelles avec les stratégies sur l’énergie et le climat.
BTP: des freins à lever
Risques sanitaires, usages méconnus et flous réglementaires sont les principaux freins au recyclage des déchets du bâtiment et des travaux publics (BTP), selon la dernière analyse de l’Ademe. Autant d’obstacles à lever pour atteindre l’objectif de 70% de valorisation en 2020 prévu par la LTECV. «La commande publique représente un excellent levier d’action puisqu’elle touche la moitié des déchets annuels du BTP avec 109 millions de tonnes pour un total de 248 Mt», note Matthieu Orphelin. L’Agence relève d’ailleurs que le réemploi de ces déchets permet, in fine, aux collectivités d’économiser de 20% à 50% de leur budget Déchets.

Un essor en tache d’huile

Deuxième défi pour alléger les poubelles tricolores, la tarification incitative pourrait prendre son envol alors qu’elle ne concerne aujourd’hui que 200 collectivités, représentant 4,5 millions d’habitants. L’objectif est de tripler le nombre de citoyens concernés à l’horizon 2020, conformément à la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV). «Son développement se fait en taches d’huile, dans les zones où il existe déjà des expériences positives», analyse Matthieu Orphelin. Géographiquement, les Pays de la Loire et l’Est de la France, tirés par l’expérience-pilote de Besançon, affichent une certaine avance.

Après un essor amorcé au lendemain du Grenelle, le mouvement s’est pourtant ralenti, «alors que les retours sur expérience s’avèrent exceptionnels», rappelle le directeur de l’économie circulaire. Un an après sa mise en place, la production moyenne d’ordures ménagères résiduelles (OMR) est ainsi divisée par deux, estime Raphaël Guastavi, chef adjoint du service Mobilisation et valorisation des déchets à l’Ademe. Elle s’élève à 131 kilogrammes par habitant et par an, contre 269 kg en moyenne dans l’Hexagone. A l’inverse, le fruit des collectes sélectives s’accroît, pour atteindre 102 kg/hab/an contre 77 kg sans tarification incitative. Enfin, le dépôt en déchetterie est aussi optimisé avec 290 kg/hab/an en moyenne contre 204 kg.



[1] Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
[2] Cette conférence a été organisée à l’occasion des journées techniques nationales Déchets de l’Ademe, qui se tiennent les 28 à 29 juin à Paris
[3] Observatoire régional des déchets d’Ile-de-France



Loi Transition énergétique : un an après, l’essentiel reste à faire pour les territoires
Publié le • Mis à jour le 26/07/2016 • Par Emmanuelle Picaud • dans : A la une, actus experts technique, France
© Flickr CC by La boudeuse
Ségolène Royal a réuni plusieurs centaines d'élus le 22 juillet, à l'occasion du premier anniversaire de la loi sur la transition énergétique. L'occasion de dresser un bilan de cette année mouvementée, et qui reste pour l'heure très mitigée.

Ils étaient près de 300 élus réunis, le matin du 22 juillet 2016, dans les locaux du ministère de l’Environnement pour célébrer le premier anniversaire de la loi de la transition énergétique pour la croissance verte (TECV). A cette occasion, la ministre, Ségolène Royal, avait convié les lauréats de l’appel à projets « territoires à énergie positive transition énergétique pour la croissance verte » (TEPCV). Depuis le lancement de l’appel à projets en septembre 2014, ils sont près de 400 territoires à avoir bénéficié d’une l’enveloppe de 500 000 euros en moyenne. Une somme non négligeable, notamment pour les moyennes et petites communes.
« Entrer dans la démarche TEPCV nous a permis de mettre en place des choses que nous n’aurions pas pu faire sans cette enveloppe budgétaire » affirme Stephan Guignard, conseiller municipal et communautaire de la ville de Saint-Rémy de Provence (10 000 habitants). L’élu, en charge de l’énergie, envisage notamment d’équiper la salle de sport de sa commune de panneaux solaires aérothermiques.
http://www.lagazettedescommunes.com/wp-content/themes/gazette_v4/lib/shortcode_encadre_promo/images/club_technique_premium.png
Info ou intox ?
Jean-Claude Espie, vice-président de la communauté de communes de Save et Garonne, tout juste labellisée (le 6 juillet 2016) et Nadège Bonnefoy, directrice générale des services, confirment ce constat. Ils détaillent tous les deux la feuille de route de leur territoire : réalisation d’une étude énergétique des bâtiments communaux, remplacement des containers individuels et collectifs de déchets par une colonne enterrée, création d’un circuit court de maraîchage biologique pour alimenter les cantines scolaires… autant d’objectifs censés permettre à leur collectivité de prendre le virage « vert ».
Au-delà des initiatives individuelles, faut-il croire en la grand-messe célébrée par la ministre ce jour-là ? Aux dires des ONG, l’appel à projet TEPCV est l’une des rares réussites du projet de loi pour la transition énergétique. « TEPCV a créé un véritable dynamisme au sein des territoires » affirme Anne Bringault, coordinatrice sur la transition énergétique, et salariée du réseau CLER.
Les élus eux, en tout cas, y croient. « Pour les élus, ça joue, affirme Stephan Guignard. On a le sentiment d’être soutenus par le gouvernement, et sur le terrain, ça se voit. J’ai des habitants qui viennent me voir pour me proposer des initiatives, alors que ce n’était pas le cas avant …» note-t-il.
Des moyens encore trop faibles
Pour la ministre, « TEPCV permet aux territoires de dialoguer et de partager les bonnes pratiques. Apporter des témoignages va permettre de structurer cette communauté de projets », insiste-t-elle. Plus amer, un autre participant s’exclame, déçu : « Tout est beau, tout est magnifique. On se croirait au pays des bisounours ». Car, si le bilan est positif dans l’ensemble, le nombre d’EPCI lauréats reste faible (400 seulement, contre 2 062 recensées au 1er janvier 2016). Par ailleurs, notent les ONG, « les montants accordés aux lauréats TEPCV sont notables, mais restent faibles au regard des besoins de financement de la transition énergétique ». En effet, la plupart des fonds restent encore trop fléchés vers des investissements limités, ce qui ne permet pas aux collectivités d’élaborer une stratégie globale, c’est-à-dire inscrite dans la durée. Et les moyens dédiés restent encore trop faibles pour les petites collectivités, souvent dépourvues d’ingénierie.
Même inquiétude en ce qui concerne la réalisation des plans air-énergie climat territoriaux, eux aussi prévus dans le cadre de loi TECV. « Face à la complexité des normes et des mécanismes de soutien, des politiques d’accompagnement sont nécessaires, en particulier à destination des centaines d’EPCI de plus de 20 000 habitants désormais concernés par les PCAET [...] », alertent les ONG.
Des textes toujours en attente
Par ailleurs, si la plupart des décrets d’application de la loi (85%) ont été publiés ou sont au Conseil d’Etat, les 15% restants sont encore à l’état de consultation. « Jusqu’à présent, les textes publiés étaient dédiés à des domaines où il n’y a que des consensus, mais ce ne sont pas les plus structurants », pointe Anne Bringault. Parmi les textes publiés, on compte par exemple celui relatif à la mise en place d’une indemnité kilométrique vélo (mais qui reste facultative). Pourtant, des paradoxes subsistent : « d’un côté, le gouvernement encourage le recours au vélo et, de l’autre, il n’y a quasiment pas de moyens financiers alloués à la réalisation de pistes cyclables » note la coordinatrice du CLER.
Enfin, l’un des éléments les plus structurants de la loi TECV, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), reste incomplète, le volet consacré au nucléaire n’étant toujours pas publié… Or, c’est le point du texte le plus controversé. « Si l’objectif de la baisse du part du nucléaire est inscrit dans la loi et si la PPE acte enfin une diminution effective de la production d’électricité nucléaire, le compte n’y est pas » jugent à ce propos les ONG. Un an après donc, si les actions progressent, l’essentiel reste encore à faire pour le gouvernement… et les collectivités.
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