samedi 6 octobre 2012

Peine de mort.......:un référendum en Californie en novembre 2012. Le 9 octobre 1981, la France (*) est l'un des derniers pays d'Europe occidentale (avec la Suisse (Code pénal militaire), peine de mort en Suisse interdite par le Code pénal en 1942), la Belgique et le Royaume-Uni qui l'aboliront totalement, respectivement en 1991, 1996 et en 1998. Les bourreaux sont mis à la retraite anticipée, et les six derniers condamnés à mort sont graciés automatiquement..

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(*) 1O dernières exécutions en France

Criminel Présidence Date Ville Accusation: Crime
Jean-Laurent Olivier Charles de Gaulle 11 mars 1969 Amiens Deux meurtres d'enfants
Roger Bontems Georges Pompidou 28 novembre 1972 Paris Preneur d'otages et jugé complice des meurtres de Buffet ; purgeait une peine de vingt ans.
Claude Buffet Georges Pompidou 28 novembre 1972 Paris Preneur d'otages et meurtrier d’un gardien de prison, ainsi que d’une infirmière ; purgeait une perpétuité.
Ali Ben Yanes Georges Pompidou 12 mai 1973 Marseille Meurtre d'enfant
Christian Ranucci Valery Giscard d'Estaing 28 juillet 1976 Marseille Meurtre d'enfant
Jerôme Carrein Valery Giscard d'Estaing 23 juin 1977 Douai Meurtre d'enfant
Hamida Djandoubi Valery Giscard d'Estaing 10 septembre 1977 Marseille Meurtre après tortures



Mercredi 10 octobre 2012 de 04:15 à 04:55 sur France 2 (Rediffusion)
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On aime beaucoupCondamné à mort, 18 ans après

Il y a 18 ans, Thomas Miller-El(**) attendait dans le couloir de la mort de Huntsville, Texas. Il avait été condamné à la peine capitale pour un meurtre qu'il jurait n'avoir jamais commis. Son exécution était programmée quelques jours après le tournage d'«Envoyé spécial». Le sort du matricule 384 d'Ellis Unit semblait scellé. Dix-huit ans ont passé. Retour à Huntsville, où Thomas Miller-El a finalement survécu à la justice des hommes. Sa peine de mort a été annulée et ses nombreux soutiens se battent aujourd'hui pour obtenir sa libération. Car Thomas Miller-El est toujours en prison. Comment a-t-il traversé l'épreuve de ces onze dates d'exécution programmées puis annulées au dernier moment ? Pourquoi a-t-il quitté le couloir de la mort pour la cellule d'un autre centre de détention ?

La critique TV de télérama du 06/10/2012

On aime beaucoup
Dans le « couloir de la mort » pour un meurtre qu'il a toujours nié, Thomas Miller-El  a connu onze dates d'exécution. Onze fois, l'administration pénitentiaire d'Ellis Unit à Hunstville, Texas, lui a demandé de choisir ses habits mortuaires. Condamné en 1986, cet homme avait été filmé en 1994 par une équipe d'Envoyé spécial : à l'époque, son exécution par injection létale était programmée trois semaines plus tard. En 2005, grâce à ses avocats, sa peine a été commuée en prison à perpétuité : la Cour suprême des Etats-Unis a annulé sa condamnation après avoir établi que son procès, mené par un procureur raciste, avait été inéquitable.
Filmé dans un parloir de Wynne Unit, l'homme aux cheveux grisonnants va mieux. Ce rescapé de l'effroi arbore un large sourire : « Etre en vie, pouvoir vous parler, c'est une bénédiction. » Il revient sur ses dix-neuf années passées dans le couloir de la mort, le départ de ses amis, presque tous exécutés. « Une forme de torture qui dépasse l'exécution elle-même. » Pour tenir, Thomas Miller-El raconte comment il a puisé sa force dans sa « spiritualité intérieure ». Et le soutien d'un médecin français, le Dr Dutertre, ou encore de Viviane, une jeune Suissesse touchée par le premier reportage, qui a levé des fonds pour l'aider. Un formidable sujet aux propos déchirants. Plus encore que pour d'autres sujets d'Envoyé spécial, la suite, le télescopage des images de 1994 avec celles de 2012 fait sens et laisse appréhender le chemin parcouru. Et le menu espoir d'une prochaine libération pour cet homme charismatique

 

Pierre Duterte. L'épistolier et la mort annoncée

évrier 1995
Par COLMANT Marie
PIERRE DUTERTE. Ce médecin généraliste d'Arleux entretient depuis
trois ans une correspondance avec des condamnés à mort de la prison de Huntsville, au Texas. Par indignation face à la peine capitale, alors que dix-huit exécutions sont programmées d'ici fin juin dans ce seul Etat.
- La première lettre est venue de Robert Carter, en 1992. Un jeune homme de 17 ans. Condamné à mort, il attend l'exécution de sa peine dans le couloir de la mort de la prison de Huntsville, au Texas. Robert Carter est le premier correspondant américain de Pierre Duterte, médecin généraliste à Arleux, près de Douai. Le fil d'Ariane entre les deux hommes passe par le bulletin d'Amnesty International. Pierre Duterte a rejoint l'organisation depuis dix ans quand il tombe sur le récit d'une correspondance avec des condamnés à mort. «C'est bien gentil de payer sa cotisation tous les ans, mais j'avais envie de m'impliquer davantage personnellement.» La lettre de Robert Carter est enfantine, le jeune homme a le quotient intellectuel d'un enfant de 11 ans. Pierre Duterte n'en dira pas davantage sur le contenu de cette lettre, ni des autres: «C'est trop hard, trop secret, ça serait de la trahison.» Il répond à Robert Carter «comme à un copain que je voudrais connaître. Je me suis présenté, j'ai essayé de me décrire physiquement: ma taille, mon poids, mes 42 ans. J'ai parlé de ma femme qui est médecin, de mes deux filles, de mes soeurs, de mes parents».
L'écriture est sa manie depuis vingt ans. Il a dans son cartable un ordinateur portable qu'il sort dès qu'il a cinq minutes devant lui: «J'ai toujours eu plus de facilités ou moins de difficultés avec l'écriture qu'avec la parole. Cela me permet en outre, de ne pas me laisser déborder et donc de mettre en place mes idées.» Après Robert Carter, d'autres, informés par le bouche à oreille de la prison, ont suivi: Thomas Miller-El, ou Larry Anderson. Certains lui écrivent deux fois par semaine, parfois plus. Leurs lettres sont classées par date et par nom. Le soir, après ses visites, ou le dimanche, il leur répond. Il n'y a pas de limites, pas de sujets tabous. «Vous pensez, ces types, ils sont enfermés à 18, 20 ans, ils ont couché avec une fille deux ou trois fois, alors forcément le sexe, ça les travaille.» Comment oublier aussi, qu'il écrit à des hommes en attente d'une échéance définitive: «Ce ne sont pas des imbéciles, je leur parle de la peine de mort, ils me disent la date prévue pour leur exécution. L'un d'eux m'a écrit qu'il avait l'impression de se retrouver coincé dans un embouteillage de la société avec la mauvaise voiture. Pendant les dix ans en moyenne que dure leur séjour dans le couloir de la mort, on tue la tête de ces gens. Mon but à moi, c'est de les aider à être moins déshumanisés. Mais du coup, ils sont plus conscients et c'est plus dur pour eux d'affronter la mort. Et ça, ça me pose un problème.»
Ce généraliste de «village», comme il s'amuse à préciser, voulait être utile, tout de suite et tout le temps. Il y a quelques années, les confrères de la région l'ont même élu «généraliste d'or», pour saluer en lui le médecin qui accomplissait le plus de visites à domicile. Deux de ces visites l'ont hanté longtemps: la mère d'une jeune fille violée et assassinée, et la mère de l'assassin, guillotiné en 1978, qui trouvait normal que son fils ait payé pour avoir commis un crime aussi affreux. «La mort naturelle, c'est pas gai, mais elle est dans l'ordre des choses. Mais la peine de mort, ça m'est parfaitement intolérable. Et depuis toujours: quand j'étais petit, j'ai abandonné l'idée d'être vétérinaire quand j'ai su qu'il fallait piquer des chiens. Aujourd'hui j'aide les êtres humains qu'on s'apprête à piquer.»
Quand il exprime sa haine de la peine capitale, Pierre Duterte perd son calme bonhomme et sa belle humeur. Le rouge lui monte aux joues, et son débit s'emballe: «Trente-trois exécutions capitales en 1993 aux Etats-Unis, et dix-sept, rien qu'au Texas; des hommes pauvres, noirs dans la grande majorité, et jeunes. Les plus vieux ont 40 ans. Des types de mon âge. Et ça se passe dans la plus grande démocratie du monde.»
En juillet dernier, accompagné d'une équipe de télévision d'Envoyé spécial, Pierre Duterte est parti au Texas. Un peu noué, mais très heureux de les rencontrer enfin, Robert Carter le gosse, qui est en fait une belle baraque d'1,95 mètres, Thomas Miller-El qui l'accueille avec un sourire immense: «Alors Pierre comment ça va?» Manque à l'appel Larry Anderson, exécuté le 26 avril 1994. Sur place, le médecin français se voit refuser l'autorisation de serrer la main d'un homme qui doit recevoir l'injection létale quelques jours plus tard. Avec l'aide de la télévision, Pierre Duterte espère être entendu. Et pourtant. «Les gens me disent: mais qu'est-ce que vous êtes allé faire au Texas? Pourquoi ne pas aider les gens qui sont près de chez vous? Tout le monde dit que je suis cinglé. Tant pis, ça fait partie du jeu.» Dans son petit pays, les initiatives de Pierre Duterte ne lui attirent pas que des amis. En 1993, un article de la Voix du Nord l'accuse de préférer les «monstres» aux victimes.
Pierre Duterte en a décidé ainsi. Son combat est singulier. Il n'est ni politique, «je ne veux pas être forcé de donner mon aval à un programme global, d'ailleurs je vote rarement de bon coeur», ni religieux, «la religion vous savez, elle prend de drôles de tournures quand vous voyez des aumôniers qui poussent des condamnés à ne pas faire appel pour aller plus vite rejoindre Dieu». Il croit plus à la force de cent lettres, adressées au gouverneur du Texas le jour d'une exécution capitale, qu'à celle d'une seule lettre qui comporterait cent signatures.
Le week-end, quand il en a fini avec tout ça, il part en balade sur ses plages du Nord. Dans un recoin de sa mémoire, il garde une phrase d'Aragon, «Avoir été peut-être utile, c'est un rêve modeste et fou», glanée à 20 ans dans les oeuvres du poète. Le jeune homme avait alors écrit pour demander des explications. Sur un ton professoral, Aragon répond: «Pour ce qui est de l'utilité à proprement parler, elle demeure hypothétique. Ça se verra ou se comprendra peut-être un jour. Pour l'instant, permettez-moi de vous dire que je n'ai pas la possibilité d'en jouir (...). Et le plaisir posthume, vous savez mon petit...», mais il conclut, espiègle: «Alors, vous vous amusez bien à Tourcoing?»-
Pierre Duterte en 5 dates 27 octobre 1953. Naissance à Tourcoing.
1980. Adhère à Amnesty International. Pose sa plaque de médecin généraliste à Arleux près de Douai.
1981. Thèse de doctorat en médecine.
1992. Début de sa correspondance avec les condamnés à mort de la prison de Huntsville au Texas.
21 février 1995. L'un de ses correspondants, Samuel Hawkins (51 ans) est exécuté à Huntsville.

(**)Lettre de Thomas Miller-El, condamné à mort américain

Thomas Miller-El est condamné à mort. Pierre Duterte, médecin français, est l'un de ses amis. Le 30 avril prochain, l'Etat du Texas a prévu son exécution. Obtiendra-t-il un nouveau report? Le 27 février, il a écrit une lettre à son ami français. A travers Pierre Duterte, c'est à l'opinion publique française qu'il s'adresse.

MARDI, 27 février 1996, 11 h 11 (...) Je suis ici, dans le couloir de la mort du Texas depuis presque dix ans, après avoir été jugé, reconnu coupable et condamné à mort pour un crime que non seulement je n'ai pas commis, mais un crime dont je n'avais aucune connaissance. Cela après qu'un tireur de la police de Houston m'eut tiré dans le dos, et qu'étant couché paralysé par la balle provenant d'un ARK 15 (ou un M 16) en terrain découvert j'ai entendu les policiers qui approchaient dire: «Si le nègre n'est pas mort, eh bien tuez-le!»
Même si mon histoire est unique en elle-même, elle ne diffère pas beaucoup de celle de beaucoup d'autres victimes de l'inégal système judiciaire de cette ceinture d'Etats sudistes corrompus, racistes, injustes, ces Etats où la pratique et l'application quotidienne des lois et de l'ordre non civilisé est la règle. J'ai été jugé à Dallas, Texas, où la farce veut qu'un vieux procureur peut juger et soutenir la culpabilité d'un accusé qu'il soit réellement coupable ou non. Dans ce cas, il lui faut pas mal de talent pour convaincre un jury de condamner un innocent. A ce moment précis où nous sommes en train d'échanger cette lettre, ici, au coeur de l'Amérique, des personnes innocentes sont jugées et condamnées pour le simple crime d'être opprimées économiquement, socialement, racialement et au niveau de l'éducation.
De même qu'elles ont été privées de leur présomption d'innocence par l'hystérie médiatique et la rhétorique politique, et ce bien avant même qu'elles n'aient été jugées par un jury de soi-disant pairs. Voilà ce qu'est la justice à la façon américaine, sauf bien évidemment si vous avez la grâce d'être pourvu de possibilités financières vous permettant de vous offrir une «dream team» de défenseurs, comme l'ont eue T. Cullum Davis ou O.J. Simpson. Dans ces cas, leur innocence a été établie plutôt comme une conséquence directe de leur statut financier que par un processus juridique normal. Même si je n'ai pas à me prononcer sur la culpabilité ou l'innocence d'O.J. Simpson, puisqu'un jury l'a déjà fait, je puis sans aucun doute, même sans connaissance particulière des statistiques, vous assurer qu'ici en Amérique O.J. Simpson a bien été le tout premier Afro-Américain (1) qui ait jamais été accusé pour le meurtre de deux personnes de souche européenne et qui ait eu à son procès, dans une cour de justice américaine, huit membres du jury qui soient afro-américains.
Bien souvent, des gens me demandent ce que c'est que de vivre dans le couloir de la mort. Eh bien le plus souvent, je reste sans mots qui puissent correctement brosser le tableau qui soit, pour ces personnes, suffisamment réaliste dans la description d'une telle sauvagerie. Sur les 105 hommes qui ont été exécutés depuis que je suis ici dans le couloir de la mort, 85 étaient des hommes que j'ai connus, avec qui j'ai eu des échanges, et dont je me suis rendu compte qu'ils étaient des êtres humains comme moi. Le tourbillon des médias avait décrit ces hommes comme des animaux, des sauvages et des criminels incompréhensibles. Mais j'ai appris par expérience que ces gens-là n'avaient rien à voir avec les animaux décrits par les médias, et par le système juridique ou politique des procureurs, etc.
Mis à mort après.
sept ou huit ans
J'ai vu ces mêmes hommes manipuler des ciseaux et des tournevis. Ils travaillent sans rien gagner pour eux, mais font entrer dans les poches de l'Etat des millions de dollars par an. Dans cet endroit, les membres du personnel marchent parmi soixante ou plus de prisonniers (2) et se conduisent comme s'ils dirigeaient une colonie d'enfants. Parfois, ils leur parlent à la manière des bonnes soeurs ou des curés, parfois de façon très arrogante, agressive et brutale. Et pourtant, ces condamnés ne leur répondent jamais de façon agressive ou en aboyant, comme on s'adresse à eux. J'ai vu ces mêmes prisonniers se montrer plein d'humanité, sentiment qui a à peu près disparu chez leurs interlocuteurs, et cela bien qu'ils soient obligés d'endurer quotidiennement une ambiance pleine de craintes de la mort, de peur, de solitude, de répression, d'agitation et de nombreuses formes de mauvais traitements.
J'ai vu des types de dix-sept, dix-huit, dix-neuf ans arriver ici, et être exécutés avant qu'ils n'aient pu expérimenter quoi que ce soit de la vie. Mis à mort après huit ou neuf ans. J'en ai vu tant de ces enfants arriver ici, abandonnés par leurs parents, leurs familles, ceux qu'ils aiment et leurs amis, largués pour survivre dans un endroit où ils doivent se prostituer l'esprit, la personnalité, le corps,... leur être. et cela juste pour pouvoir manger des crèmes glacées, une fois par semaine ou pour obtenir un sandwich d'un autre prisonnier. Certains deviennent dépendants des médicaments qu'on leur donne de façon à pouvoir supporter cette ambiance. Certains trouvent leur confort en devenant des adeptes tributaires des programmes de télévision sans informations, etc. C'est un endroit où le besoin d'amour, d'amitié et de compréhension est gigantesque, alors que de tels sentiments sont extrêmement rares ici.
J'ai connu des gars qui ne savaient même pas lire, et qui me montraient leur dernière lettre reçue de la Cour pour leur exécution en me demandant ce qui y était écrit. Comment dire à un homme qu'il n'a plus que trente ou soixante jours à vivre? J'ai vu des familles venir, pour la première et unique fois, voir celui qu'ils aimaient quelques jours avant son exécution. J'ai vu pour la dernière fois des types emportés par le fourgon de la mort, j'en ai vu quelques-uns qui eux sont allés jusqu'au bout, sur le brancard (3), et être ramenés dans le couloir de la mort, transformés mentalement après un voyage aussi déshumanisant. J'ai entendu le bruit de la mort avant et après une exécution programmée. Et j'ai vu des émissions de la télévision où les familles des victimes se disaient non satisfaites après la mise à mort d'un prisonnier.
La peur
dans leur voix
J'ai vu des associations de parents de victimes demander de plus en plus d'exécutions et des politiciens faire campagne sur un programme promettant encore et toujours plus d'exécutions. J'ai parlé à des gars qui n'avaient plus que quelques heures à vivre et j'ai entendu la peur dans leur voix. Et j'ai entendu l'Amérique prêcher au monde entier pour les droits de l'homme et contre la torture, alors qu'elle fait bien pire à ses propres citoyens. J'ai parlé avec des hommes qui préféraient mourir plutôt que de continuer à vivre dans un environnement aussi déshumanisant. Après avoir discuté avec eux, je me suis demandé quelles étaient mes raisons à moi pour simplement continuer à exister dans les boyaux de ce cauchemar américain.
Il y a beaucoup de types ici que j'ai acceptés, appréciés et que j'ai appris à comprendre, certains d'entre eux étaient psychologiquement, mentalement et spirituellement diminués par des schémas mentaux appris ici. Certains avaient été vraiment maltraités et négligés pendant leur enfance, la plupart n'ayant été élevés que par un seul de leurs parents, et qui ont dû se protéger pour survivre au milieu de circonstances difficiles et dans des conditions proches de celles qu'ils endurent ici. Cela principalement parce que la vie même dans les villes américaines est porteuse d'une ambiance de couloir de la mort, parce que beaucoup d'enfants en âge scolaire sont progressivement préparés par différents formes d'oppression systématique à devenir la prochaine génération d'habitants du couloir de la mort et alors que les enfants des gens riches et célèbres sont préparés, eux, à être ceux qui les exécuteront. Devenir un produit d'un tel environnement est des plus simples en étant né dans un groupe ethnique différent, ou bien blanc et pauvre (...).
Ayant eu dix dates d'exécution au cours des deux dernières années, et m'étant trouvé le 16 mai 1995 à moins de six heures d'une possible exécution, et ce du fait de l'erreur d'une avocate inexpérimentée qui n'avait pas rempli le papier qu'il fallait pour ma demande de sursis, j'ai réalisé qu'être défendu par un avocat commis par l'Etat revenait à avoir son poulailler gardé par un renard. C'est à peu près cela parce que, quand vous êtes dans le couloir de la mort, une erreur de votre avocat peut signifier votre mort. Et l'Etat du Texas commet les pires avocats possibles pour défendre les condamnés à mort. Alors, où se trouve la justice, où est le rêve américain?
Quel pays peut se considérer comme le gendarme du monde? Quel pays a intimidé, manipulé, dominé et combattu pour ainsi dire tous les autres pays et nations sur terre, s'est autoproclamé leader du monde alors qu'il pratique toutes les hypocrisies? Voyez-vous de quel pays il s'agit? (...)
Je te suis éternellement reconnaissant Pierre, pour ton amitié fraternelle, et pour celle de mes frères et soeurs d'un monde civilisé. Avec amitié et affection.
(1) Noir américain.(2) Nombre minimal de prisonniers par aile de la prison.(3) Ils sont liés sur un brancard pour être exécutés.

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