Le président français François Hollande le 19 mai 2012 à Camp David, aux Etats-Unis
C'était en 2003. Celui qui n'était alors que le patron du Parti socialiste avait raillé l'inefficacité de ces grands sommets qui réunissent, à l'abri de forts bataillons policiers, les dirigeants de huit grands pays industrialisés. "Un club de riches et de puissants qui émet des voeux", avait-il fustigé.
Neuf ans et une élection présidentielle gagnée plus tard, le président français a révisé sa position.
Confronté vendredi à ses déclarations passées, il s'en est sorti par une pirouette. "Il y a une différence, c'est que j'y suis maintenant", a-t-il répondu à la presse à Washington, "ce qui peut me permettre, si je faisais le même constat, de faire bouger les choses".
Et à l'en croire, ce fut le cas à Camp David. Après un dîner, quelques entretiens bilatéraux et une matinée de travail dans le calme forestier de la résidence du président américain, François Hollande a dressé samedi un bilan positif de ses discussions avec ses pairs.
"Je considère que des avancées importantes ont pu être faites sur les principaux sujets à l'ordre du jour", a-t-il jugé à la mi-journée. "Je ne suis pas encore familier de ces rencontres et ne veux préjuger de ce qu'elles étaient ces dernières années", a poursuivi le chef de l'Etat. "Je considère que ce qui s'est fait hier et aujourd'hui est important", a-t-il dit.
Entre autres progrès, François Hollande a cité la position commune adoptée sur le nucléaire iranien. "La fermeté a conduit les Iraniens à venir à la négociation", a-t-il relevé en évoquant la rencontre prévue le 23 mai à Bagdad, "tous les pays présents au G8, y compris la Russie, ont accepté ce processus".
Même satisfaction sur la Syrie. "Il y a eu une avancée significative", a jugé le locataire de l'Elysée, "dans la mesure où tous les participants (...) soutiennent la mission (de médiation) de Kofi Annan".
Mais c'est surtout sur les dossiers économiques que François Hollande s'est réjoui des discussions de Camp David, de la crise grecque au débat sur le juste équilibre à trouver entre la discipline budgétaire et la croissance.
"Souvent à la fin de ces réunions, tous ceux qui s'expriment devant la presse disent qu'ils ont obtenu un grand succès, je ne vais pas jouer dans ce registre. En revanche il apparaît d'évidence que la croissance a été le grand sujet de ce G8", a-t-il souligné à l'issue du sommet, "c'est ce qu'attendent les opinions publiques dans chacun de nos pays, mais aussi les marchés".
"Il n'y aura pas de croissance sans confiance, et il n'y aura pas de confiance sans croissance. Je considère que le mandat qui m'a été confié par les Français a déjà été honoré", a insisté François Hollande.
En coulisses, son entourage s'est targué sans retenue d'avoir imposé cette question au menu des discussions du G8.
"La croissance est une revendication de longue date des Américains, mais c'est la campagne électorale de François Hollande qui l'a permis", a noté un conseiller, "que tous les pays du G8 se rejoignent autour de cet objectif, même s'ils n'ont pas la même approche, est déjà un succès politique notable".
Sur le fond, le camp français tire donc un bilan "positif" de la première grande sortie diplomatique du nouveau président. Et sur la forme, il s'est réjoui de son intégration rapide dans le club des dirigeants du G8.
"Je ne pensais pas passer devant un jury, ni même à avoir à donner des preuves particulières", s'est amusé François Hollande. Samedi encore, il a profité de la traditionnelle photo de famille pour afficher sa complicité avec Barack Obama lors d'un échange impromptu avec la presse. "C'est mon traducteur", s'est amusé le président américain.
(*)MAINTENANT c'est le tour de JF Copé :Sommet du G8 : la droite raille le bilan de François Hollande
Créé le 20/05/2012 à 17h31
Jean-François Copé et Marine Le Pen Jean-François Copé et Marine Le Pen / AFP