Le ministère de l'agriculture autorise l'épandage aérien de produits toxiques
Le 23 mars, le journal Le Monde, évoquait l’existence d’une circulaire, ou plutôt une lettre à diffusion limitée, émanant du ministère de l’agriculture et listant les produits phytosanitaires autorisés ou en cours d’évaluation spécifique pour les traitements par aéronefs. Le JDLE a obtenu le document confidentiel daté du 5 mars dernier qui liste les 7 pesticides autorisés pour les traitements aériens et les 16 autres en cours d’évaluation par l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Ainsi le document émanant de la direction générale de l’alimentation (DGAL) du ministère de l’agriculture précise qu’au 20 février 2012, «7 produits phytopharmaceutiques ont été évalués par l’Anses pour une application par voie aérienne et que les autorisations de mise sur le marché (AMM) ont été modifiés en conséquence».
Alors que la mission sénatoriale d'information (MCI) sur les pesticides et leur impact sur la santé et l'environnement organisait, mardi 10 avril, des auditions (voir JDLE), Générations Futures a analysé la dangerosité des substances actives de ces pesticides autorisés ou en cours d’évaluation.
Sur les 7 produits autorisés, l’association de défense de l’environnement constate que toutes les substances actives contenues dans les produits présentent un risque pour la faune et la flore, que trois de ces produits (le fenpropidine, le difénoconazole et le propiconazole) sont classés comme cancérigènes possibles par l’agence américaine de l’environnement (US EPA) et un autre (le propiconazole) est classé toxique pour le développement aux Etats-Unis.
L’ONG s‘inquiète des effets possibles des 16 produits en cours d’évaluation - certains contiennent des molécules reconnues comme perturbateurs endocriniens (classées comme tel selon l’Union européenne). Il s’agit de la deltamethrine, très utilisée dans les produits pour lutter contre la chrysomèle du maïs, du mancozèbe, un fongicide très courant en vigne, ou encore du métirame.
D’autres molécules sont considérées comme cancérigènes probables (l’iprovalicarbe, le mancozèbe et le métirame) ou possibles (le penoxsulame, le folpel et tébuconazole) ou encore classés, en Europe ou aux Etats-Unis, comme étant toxiques pour le développement (le tébuconazole et de nouveau le métirame).
Enfin, 10 substances sur 15 présentent un risque avéré pour l’environnement.
«Il ne faut pas autoriser les substances suspectées d’être cancérigènes ou d’être des perturbateurs endocriniens, d’après les classifications européennes et américaines. Plus généralement il faut réviser l’arrêté du 31 mai portant sur ce mode d’épandage des pesticides afin de réduire le recours aux dérogations», déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
En effet, alors que la directive européenne sur les pesticides interdit très clairement les pulvérisations aériennes dans le paragraphe 1 de l’article 9, l’arrêté français du 31 mai 2011 relatif aux conditions d’épandage des pesticides par voie aérienne ne les bannit pas expressément. Il octroie en fait un grand nombre de dérogations d’usage sur le maïs, la vigne, ou les bananes notamment, «qui fait de ce mode de pulvérisation une technique usuelle d’épandage alors même que ce type de technique n’incite pas aux changements des pratiques et expose les populations à des pesticides dangereux» conclut François Veillerette
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