(*) Lire Bakchich :
Dans les affaires de déchets marseillaises, ça sent le tri sélectif, comme si on épargnait les gros poissons genre Veolia ou Suez pour ne garder que le menu fretin local
Dans les affaires de déchets marseillaises, ça sent le tri sélectif, comme si on épargnait les gros poissons genre Veolia ou Suez pour ne garder que le menu fretin local
Perquisitions en rafale, mise en examen d’Alexandre Guérini, frère du président du conseil général Jean-Noël Guérini, saisie de comptes à l’étranger, plein feu sur les étranges relations nouées entre des sociétés liées au grand banditisme, le département, les syndicats locaux…
Nom de code donné par les gendarmes : Guernica. Du bel ouvrage mené par le juge Charles Duchaîne, dit Duduch, dont chacun attend la dernière touche. A savoir la date de convocation de Jean-Noël Guérini et le statut sous lequel il sera entendu par la justice. Témoin, témoin assisté, en garde-à-vue, en audition ? Les jeux sont ouverts…« Cela va prendre du temps de toute façon, sourit un habitué des procédures politico financières, le juge monte peu à peu dans les étages ». L’hôtel du département en compte une dizaine, le cabinet de Jean-Noël Guérini, à lui seul occupe tout le 9e niveau.
A mesure que l’étau politique se resserre autour du vaisseau bleu, siège du conseil général ponctuellement perquisitionné depuis des mois par les enquêteurs, les investigations semblent s’éloigner des gros bonnets des marchés des déchets marseillais. A savoir les fines fleurs du secteur, Suez Environnement, Veolia et leurs filiales locales.
Les gendarmes épargnent Paris
Lors de la révélation médiatique de l’instruction en novembre 2009, la tension était pourtant montée d’un cran aux sièges des deux géants, qui avaient prestement pris des précautions avant d’éventuelles perquisitions et auditions qui ne sont jamais (pas encore) venues.
Pourtant, Jean-Louis Chaussade, président de Suez Environnement, avait bien rencontré les frères Guérini pour discuter business, et notamment de la Seram, la Société d’Exploitation du Réseau d’Assainissement de Marseille, objet de bien des convoitises au début de l’année 2010. « Une discussion houleuse », croit se rappeler un des responsables de Suez….
Les relations entre Veolia et les Guérini, elles, s’avèrent bien plus pacifiées. Jean-Noël a été un temps employé de la maison quand Alexandre ne cache ni son amitié ni son admiration pour l’ancien n°1 du groupe. « Henri Proglio, c’est un Monsieur », avait-il un jour lâché à Bakchich. Le cadet des Guérini a de quoi être reconnaissant. Après avoir racheté sa première entreprise Rodillat, pour près d’un million d’euros, en 1989, du temps où elle s’appelait encore compagnie général des eaux, Veolia s’est fendue d’un chèque de près de 33 millions d’euros au tournant des années 2000 pour s’approprier la Société Marseillaise d’assainissement (SMA), alors propriétaire de la Somedis, entreprise qui gérait, en délégation de service publique, la décharge de la Vautubière dans l’arrière pays marseillais. Un pactole éparpillé entre la Suisse, le Luxembourg et l’Espagne, à en croire l’enquête suisse ouverte pour blanchiment le 14 décembre 2010, que Bakchich a pu parcourir.
Les Guérini au mieux avec Veolia
Filiale de Veolia, la société Bronzo, pourtant responsable de la grande grève d’octobre 2009 que les enquêteurs suspectent d’avoir été actionnée par Alexandre Guérini, n’a pas non plus été visitée. Son dirigeant, Michel Quilichini a eu droit à un entretien de 3h30 minutes dans les locaux de la caserne Bauveau, siège de la section de recherche de la gendarmerie, le 2 février 2011. Deux de ses employés suivront ce même jour. Sans plus.
L’atonie vis-à-vis des grands groupes ne manque pas d’agacer. Notamment Alexandre Guérini. Malgré les millions accumulés sur ses comptes en Suisse ou au Luxembourg, « M. Frère » fait encore figure de gagne petit face aux grands groupes…
« C’est étonnant, mais les enquêteurs ne peuvent pas taper partout. Et le tribunal administratif a un peu purgé les contentieux liés au marché des déchets à Marseille, confie un expert des marchés publics. Après le déclenchement de l’affaire, au moins cinq recours sur les appels d’offres ont été traités, discrètement par la justice administrative, le pénal s’en est peut-être désintéressé ». Une explication parmi d’autres, qui n’empêche pas de constater que les géants des poubelles ont l’habitude de passer entre les gouttes dans le Sud Est.
Depuis belle lurette, et les hurlements de la DGCCRF (direction générale de la consommation de la concurrence et des fraudes) n’y ont rien fait. En 2005 par exemple, ses limiers croient déceler sur les marchés publics de la communauté urbaine de Marseille, d’Aubagne et de Ouest Provence (autour de l’Etang de Berre) une vaste entente entre 13 sociétés pour se répartir les marchés… dont une bonne moitié de filiales de Veolia et Suez.
« L’analyse de ces marchés traduit un certain nombre d’anomalies qui pourraient être le résultat d’une concertation entre les entreprises », décrit le rapport, avant de conclure que le comportement des entreprises « peut s’appréhender comme faisant obstacle au libre jeu du marché par la remise d’offres de couvertures onéreuses ou traduisant un manque de performances destinées à faire ressortir une artificielle compétitivité. » En langage commun les sociétés se répartissent avant les commissions d’appels d’offres les marchés, et présentent des dossiers arrangés en conséquence en commission.
Le 1er septembre 2005, le directeur régional de la DGCCRF demande à la justice de pouvoir réaliser des saisies et des perquisitions dans les sociétés. Une requête accordée par ordonnance du 7 septembre qui précise la nécessité « d’intervenir simultanément (…) afin d’éviter la disparition ou la dissimulation d’éléments matériels ».
Quand la justice arrête les douanes
Une seule entreprise sera finalement perquisitionnée le 22 septembre 2005, Provence recyclage, sans lien aucun avec Suez ou Veolia. « Compte tenu des pièces découvertes, au sein de Provence recyclage, nous avons pris l’initiative de cesser nos investigations dans le but de signaler aussi vite que possible la chose aux autorités judiciaires », admet en audition, un agent des fraudes, le 18 janvier 2007. L’enquêteur est alors interrogé dans le cadre d’une affaire de corruption sur les marchés des déchets, qui aboutira en janvier 2010 à la condamnation en première instance pour favoritisme et corruption passive de Bernard Granier, président socialiste de la communauté urbaine SAN Ouest Provence. Un arrêt des investigations qui apparaît a posteriori, fort incongru…
Six ans après l’alerte donnée par les fraudes, les marchés de déchets visés par l’enquête, et les institutions qui les ont lancés, de la communauté urbaine du Pays d’Aubagne à celle de Marseille, se trouvent au centre des investigations du juge Duchaine. Mais toujours pas les mastodontes du traitement de déchets… Et les rues de Marseille, malgré 230 millions d’euros consacrés cette année à la collecte des déchets, de demeurer encombrées.
(*) lire BAKCHICH :
L’Arbois qui cache la forêt Guérini
Plateau / mardi 8 novembre par Xavier Monnier, Pierre-Julien Bouniol
Le vent, la pluie, le froid, le PS. Rien ne fera lâcher Jean-Noël Guérini. Mis en examen, le patron socialiste du Conseil général tient toujours la barre du bateau bleu. Et une nouvelle bourrasque judiciaire se lève, venue de l’Arbois.
Après des mois de publicité médiatique, de PV distribués, et de viol du secret de l’instruction virant à la tournante en réunion, l’enquête du juge Duchaîne sur les marchés publics des Bouches-du-Rhône s’est faite plus discrète. Accaparés par la gestion du cas Guérini au sein du PS, les médias ont lâché les basques des limiers de la section de recherches de gendarmerie. La SR, elle, s’aventure en terre inconnue. Vers Aix-en-Provence, ses sociétés d’économie mixtes, son plateau de l’Arbois. Et mâtine leur Guernica, du nom de code de leur dossier, d’un peu de Sainte Victoire. Du tableau d’un massacre de Picasso à la contemplation de Cézanne. Un brin répétitive.
De Picasso à Cézanne, le tableau des gendarmes
Les pandores ont retrouvé tous les acteurs croisés dans leur volet marseillais.
Au premier plan, 13 développement, la société d’économie mixte du Conseil Général. Son ancien directeur Jean-Marc Nabitz, s’est rendu à la justice après 18 mois de cavale. En cadeau de bienvenue une collerette de mise en examen a été offerte au revenant, avant une mise au frais
Pour le compte du syndicat mixte de l’Arbois, au sein duquel se côtoient le Conseil Général, la communauté d’Agglo d’Aix, et le Conseil Régional, 13 D prend en charge la « pré commercialisation » de la ZAC de la Gare. Une des trois zones dudit syndicat pompeusement baptisé Europole. Quant aux 8000 ha de garrigue à aménager, irrigués depuis 2001 par la Gare TGV d’Aix en Provence, située à une bonne dizaine de kilomètres de la cité du Roy René, c’est encore à 13 D que reviendra la maitrise d’ouvrage.
Les oublis de Patrick Mennucci
Jean-Marc Nabitz et son VRP de l’époque, Patrick Mennucci ont alors pour mission d’attirer des entreprises sur ce territoire. L’élu marseillais aujourd’hui converti à l’anti guérinisme a bénéficié en 2004-2005 d’un placard doré en tant que salarié de la SEM 13D. Une expérience parmi d’autres, dont il préfère ne pas se souvenir. A l’instar de la découverte par les enquêteurs de la carte professionnelle de sa directrice de cabinet sur le yacht de Bernard Barresi, de son ralliement en septembre 2009 à la bannière de Nono annoncée à ses ouailles ou son poste de directeur de campagne du candidat Guérini à la mairie de Marseille….
Avant de lancer les grandes manœuvres encore faut-il placer des hommes sûrs. Et faire place nette. En 2006, Claude Reynoird, le DG du syndicat mixte de l’Arbois est écarté au profit d’un homme sinon du cru, du moins du sérail, Jean Louis Jaubert. « c’est un choix délibéré du président du Conseil Général, Jean-Noël Guerini, peste encore aujourd’hui le haut fonctionnaire. Il m’a remercié alors que je souhaitais rester en poste. Je me suis senti seul, je n’étais pas soutenu par le président de l’Europôle, Alexandre Medvedowsky. » »
Le précieux ingénieur Jaubert
Ingénieur aux blanches moustaches venu du privé, Jaubert, ciotaden d’origine, revient au pays en 2004. Et ses états de service s’avèrent éloquents. Intervenant au titre d’une société d’ingénierie sur la décharge du Mentaure, gérée par Alexandre Guérini, partie prenante du chantier du centre de secours de La Ciotat, piloté par 13 D et confié à ABT, société de travaux dirigée par Patrick Boudemaghe, soupçonné d’être lié au grand banditisme en général, et à Bernard Barresi, légende du Milieu marseillais dont la cavale de 20 ans s’est arrêtée en juin 2010, en particulier.
D’abord programmé pour devenir patron de la Semidep, émanation du Conseil Général chargée d’aménager les anciens chantiers navals de la Ciotat, Jaubert prend finalement la direction de l’Arbois.
Hasard sans doute, les investissements publics affluent. 20 millions d’euros entre 2006 et 2010, venus de la Communauté du Pays d’Aix et du Conseil Général. Les aménagements se multiplient et 13 D, à la manœuvre, n’oublie pas ABT. En 2007, ABT obtient 3 lots de construction d’un bâtiment pour 1,6 millions d’euros. « J’ai rencontré Boudemaghe pour la première fois dans le bureau de Jean-Marc Nabitz, décrit un architecte lauréat d’un marché public de l’Arbois. Il était incontournable. Il m’a clairement fait comprendre que sa société était “amie” d’Alexandre Guerini. Quant à Jaubert, il doit aussi sa place à Boudemaghe ». L’archi avouera devant les gendarmes avoir versé des commissions sur d’autres marchés au patron d’ABT.
La galaxie Barresi
Inséparable compère d’affaires de Boudemaghe, Bernard Barresi, connu dans le milieu de l’entreprise sous l’alias de M. Gilles a également pas mal traîné sur le plateau de l’Arbois. Avec quelques visées sur les panneaux solaires, dont les appels d’offres du côté d’Aix atteignent pour certains lots 2 millions d’euros. Las. Quoiqu’ayant opportunément modifié l’objet social de la société OBR, contrôlée par sa compagne et passée de l’artisanat aux « activités de distribution d’électricité basse tension, fourniture et pose de panneaux photovoltaïques », le temps lui a manqué. Arrêté avant d’avoir pu postuler. Une anicroche qui ne peut être reprochée à Jaubert, soutenu à bout de bras par Alexandre Guérini, aux fréquentes visites sur l’Arbois.
M. Frère mouille même sa chemise pour sauver la tête du directeur. Confronté à une fronde du personnel, fâché de ses méthodes, vexé par les promotions éclairs auxquelles il procède, Jaubert est menacé. Et même convoqué en mai 2009, en vue d’un licenciement par Alexandre Medvedowsky, président de l’Europole, boss d’un cabinet d’intelligence économique et néanmoins conseiller général.
Les deux Alex négocient
Averti par Jaubert du dessein de Medvedowsky, Alex appelle d’urgence Remy Barges, le directeur de cabinet de Jean Noel guérini au Conseil Général, qui aura cette phrase : « la volonté du président (JNG) c’est de maintenir en poste Jean-Louis JAUBERT ». Message limpide. Aucun licenciement n’interviendra…et Medvedowsky sera intronisé candidat socialiste à la mairie d’Aix quelques semaines plus tard. Des SMS laissent à penser que Monsieur Frère a beaucoup pesé en ce sens.
Depuis la roue a tourné. Vaincu (encore) aux municipales, Medvedowski ne règne plus sur le socialisme aixois. Bernard Barresi dort en prison. Jean-Marc Nabitz également. Alexandre Guérini, après quelques mois en préventive, s’est remis à nager. L’organigramme de l’Arbois a été entièrement recomposé.
Quant à Jean-Louis Jaubert, il a finalement quitté son poste en 2010 pour la direction de Terra 13, la nouvelle société d’aménagement du CG13. Sur sa nouvelle palette, déjà deux collèges à construire et de nombreux projets en perspective…
« Il va falloir qu’on fasse un espèce de point général sur l’ARBOIS pour dire halte au feu ! hein, parce que on va prendre des risques, a prévenu le 28 mai 2009, Rémy Barges en conversation avec Alexandre Guérini, et un jour ou l’autre on va être emmerdé. » Le jour n’a jamais semblé aussi proche.
tableau judiciaire du clientélisme dans la région marseillaise, un élu a été incarcéré. Sans faire beaucoup jaser. A part du côté de Berre. Petite ballade au bord de l’Etang
Si l’été s’est achevé à Marseille, la chaleur n’a pas quitté la ville, ni le bureau du juge Duchaine, où les convoqués sont invités à venir transpirer. Une sueur pour donner encore un peu plus de sel au vaste tableau du clientélisme qui sévit dans les Bouches-du-Rhône, patiemment peint par le juge et ses pandores. Nom de code Guernica, le tableau d’un massacre qui a ses grands noms. Dont les sénateurs Jean-Noël Guérini, mis en examen pour association de malfaiteurs, ou Serge Andréoni dont seul un souci de santé a empêché pour l’instant la comparution. Le tour des avocats va également venir. Selon nos informations, Régis de Castelnau attend sa convocation. Et Alexandre Guérini, le frère du président du Conseil Général, va à nouveau gouter dans les prochains jours, à l’indicible joie d’une mise en examen.
A côté des grandes figures de la toile, de plus petits ont été pris dans les filets judiciaires. A l’instar de Raymond Bartolini.
Bartolini, Berre tranquille
Eternel directeur des services techniques de la bonne ville de Berre, élu depuis 2008 à la mairie et à la communauté d’agglomération, l’homme à la moustache a été mis en examen pour « favoritisme », « corruption passive », « blanchiment » et placé en détention provisoire à la prison des Baumettes le 9 septembre dernier. Lui est reproché d’avoir favorisé la société de construction ABT à plusieurs reprises dans des marchés de construction de la ville de Berre. Simple petit coup de pouce à une entreprise en difficulté ?
Pas vraiment, pas seulement. ABT est soupçonnée d’avoir servi de sociétés taxis pour détourner les sommes d’une myriade d’appels d’offres de collectivités locales…et d’être tenue par des hommes proches du grand banditisme. Des conversations téléphoniques entre Damien Amoretti, Patrick Boudemaghe, les gérants successifs d’ABT et Bernard Barresi, légende du milieu marseillais, arrêté en juin 2010 après 20 ans de cavale ont notamment été interceptées par la justice.
Raymond Bartolini avait déjà été entendu au printemps dernier par le juge à propos des marchés de photocopieurs présumés frauduleux. Les enquêteurs l’avaient photographié en compagnie d’Alexandre Guerini et Sylvain Benarouche (surnommé « la photocopieuse » dans les écoutes) sur le parking du Sofitel de l’aéroport de Marignane. Ici, il n’est plus question de l’entremise d’Alex, seulement d’une proximité troublante de l’élu de Berre avec l’équipe du petit chemin d’Aix à Gardanne, l’une des planques de Bernard Barresi en cavale…et siège social de la société ABT.
Le marché fantôme
Plus spécialiste de l’évasion que de la construction, l’entreprise ABT a en effet obtenu plusieurs marchés avec cette commune de l’ouest des Bouches-du Rhône. Le dernier en date, d’un montant de 5 millions d’euros, est celui qui intéresse au plus près les enquêteurs. Il concerne la construction d’un centre administratif à deux pas de la mairie.
Il y a quelques mois, Bakchich avait suivi la piste de cet étrange chantier débuté en 2008, toujours inachevé…et fantômatique ! Introuvable dans les archives numériques du BOAMP (Bulletin officiel des annonces de marchés publics) inaccessible à la sous-préfecture de Salon de Provence, l’appel d’offres du marché avait finalement été présenté à Bakchich par… Raymond Bartolini soi-même.
Et le désormais locataire des Baumettes de sortir, dans un souci de transparence, une pile de documents. Malgré ses justifications, « ABT avait de très bonnes références. Elle avait pignon sur rue et un chiffre d’affaire de six millions d’euros par an. Son dossier technique était énorme avec des gens compétents… ». Du bel et bon ouvrage, qu’un compte rendu de chantiers que Bakchich a pu se procurer vient écorner.
La bande de Gardanne
Y apparait par exemple le nom d’un sous-traitant (agréé par la mairie) inconnu dans le milieu de la construction, OBR. Cette mystérieuse entreprise créée après la clôture de l’appel d’offre, sans référence ni bilan, appartenait en fait à Bernard Barresi, légende du milieu marseillais arrêté en juin 2010.
Gérée par Carole Serrano, sa compagne, OBR a tous les atours d’une coquille vide représentée sur le chantier par un mystérieux J-M B. connu pour être proche du bandit marseillais. La carte professionnelle de Raymond Bartolini avait été saisie sur le yacht qu’occupait Barresi le jour de son arrestation.
En outre, l’architecte et maitre d’oeuvre de ce chantier, Bruno Miranda, apparaît lui aussi dans plusieurs marchés aux côtés d’ABT, marchés étudiés de près par la justice. Lorsqu’on évoque avec l’architecte la présence mystérieuse d’OBR, il est catégorique : « ils se présentaient accompagnés d’un artisan avec lequel on travaille régulièrement. Nous étions en confiance, même si on avait des doutes sur la société : on avait bien vu qu’elle était domiciliée à la même adresse qu’ABT ». L’artisan en question, lui, nous donne une version contraire. « C’est le maître d’oeuvre (l’atelier Miranda) qui m’a appelé pour venir en soutien technique à cette entreprise. On rendait service, c’était un geste commercial. »
Un compte au Luxembourg à l’insu de son plein gré
D’un geste commercial l’autre. Raymond Bartolini, homme discret et affable, possèderait un compte au Luxembourg. Selon son avocat, « il a été ouvert à l’initiative de Patrick Boudemaghe et devait servir à un investissement immobilier aux Antilles ». Précisément à Saint Martin où l’élu rend fréquemment visite à sa fille (ancienne avocate du Conseil Général !). C’est la découverte de ce compte qui lui vaut d’être mis en examen pour « blanchiment en bande organisée ». Coup dur pour Bartolini qui pensait éviter les ennuis après avoir viré ABT du chantier à grand renfort d’huissiers en 2009, alors que les enquêteurs s’intéressaient déjà à Boudemaghe. Trop tard probablement…
« Il n’y a rien de précis dans le dossier permettant de dire qu’il a reçu des fonds pour favoriser la candidature d’ABT, conteste son avocat Guy Alias. Ce qu’on lui reproche, c’est de connaître Patrick Boudemaghe », ledit gérant de ABT…
Aujourd’hui, Raymond Bartolini, qui affirmait il y a quelques mois ne pas connaître personnellement Patrick Boudemaghe, est obligé de reconnaître qu’ils étaient liés par des projets communs. « Il préparait sa retraite, il voulait créer une SCI », affirme son avocat. Une confrontation entre les deux hommes a été organisée le 27 septembre dans le bureau du juge.
Où la chaleur, au moins, a du lui rappeler Saint Martin
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