Un journaliste américain signe une enquête détaillée sur "ce qui est vraiment arrivé à DSK" le 14 mai à New York. Ces "allégations", qui pourraient nourrir la théorie d'un complot, ont été démenties par l'UMP et Accor, dont l'attitude est mise en cause. Le groupe hôtelier a mené une enquête interne dont LEXPRESS.fr vous livre des éléments.
Alors que le nom de DSK est lié à une autre affaire judiciaire en France, celle du Carlton, c'est aux Etats-Unis que surgissent de nouveaux éléments dans le cadre de l'affaire du Sofitel. Un article du magazine New York Review of Books pose plusieurs questions intrigantes . Le journaliste américain Edward Epstein revient, quasiment minute par minute, sur la journée du 14 mai, pour en dégager des éléments qui pourraient faire ressurgir la thèse du complot. La version originale est disponible sur le site internet de la revue, en voici les détails les plus troublants.
Celui que l'on considère alors comme le favori socialiste pour l'élection présidentielle de 2012 a-t-il été placé sous surveillance électronique? Il informe Anne Sinclair à 10h07 et lui demande d'alerter Stéphane Fouks, d'Euro RSCG, pour faire examiner l'appareil à son retour à Paris.
Le dernier appel recensé par le journaliste date de 12h13: DSK informe sa fille Camille qu'il aura du retard pour leur déjeuner. Après ce rendez-vous, alors qu'il se dirige vers l'aéroport, DSK se rend compte qu'il a égaré son "BlackBerry FMI". Il appelle sa fille à 14h16 avec un autre appareil pour lui demander de chercher son téléphone: il n'est pas au restaurant. Depuis, le portable en question n'aurait jamais été retrouvé.
Edward Epstein ajoute un fait troublant: dès 12h51 en fait, quelques minutes avant que DSK ne retrouve sa fille, le BlackBerry est mystérieusement désactivé. Son système GPS, qui permet de localiser l'appareil, est lui aussi désactivé, ce qui, à moins d'un accident, suppose l'intervention d'une personne très au fait de la technique, souligne le journaliste. Toujours d'après lui, les dernières données transmises par le GPS de l'appareil suggère que l'appareil n'a jamais quitté le Sofitel.
Pendant que DSK part déjeuner avec sa fille, que fait la femme de chambre qui l'accuse de viol? Treize minutes après cette "rencontre", elle entre dans la chambre 2820 selon les traces laissées par la clé électronique. Cette suite VIP est située sur le même étage que la chambre de DSK. "Or elle y était déjà entrée à de multiples reprises dans la matinée", souligne le journaliste américain, "alors que son occupant n'avait pas encore quitté les lieux". Une information que le groupe Accor dément (lire la réponse détaillée du groupe à la fin de l'article).
Nafissatou Diallo avait dans un premier temps caché aux enquêteurs sa présence dans cette deuxième chambre: ce périmètre, hors de la "scène du crime" du coup, "n'a pas été passé au peigne fin par les enquêteurs", semble regretter l'auteur. "D'autres personnes que Diallo se trouvaient-elles dans la chambre 2820 pendant et après sa rencontre avec DSK?", s'interroge Edward Epstein: "Si c'est le cas, qui étaient ces personnes et qu'y faisaient-elles? Et pourquoi Diallo a-t-elle démenti être entrée dans cette chambre?".
"Rien n'explique pourquoi le staff de sécurité a attendu pour prévenir la police de New York de faits qui pourraient mener à un scandale impliquant un homme qui aurait pu devenir président de la France. Ce qui est clair, c'est que le coup de fil a été passé trois minutes après avoir reçu un message de John Sheehan [directeur de la sûreté et de la sécurité chez Accor]", écrit Edward Epstein. Ce dernier a été alerté à 13h03.
Entre cette heure et l'alerte donnée au 911, qu'a-t-il fait? Selon le journaliste américain, il aurait passé un autre appel. Seul indice sur son interlocuteur: il a un "fort accent français". Edward Epstein émet alors deux hypothèses. S'agit-il de Xavier Graff, officier de permanence du groupe Accor à Paris? Son nom avait été évoqué à propos d'un mail étrange où il évoquait l'affaire DSK.
Ou s'agit-il de René-Georges Querry, le directeur de la sécurité d'Accor? Le journaliste rappelle longuement que ce dernier connaît bien Ange Mancini, coordinateur national du renseignement auprès de l'Elysée. D'ailleurs, René-Georges Querry avait confié par la suite avoir bien contacté Ange Mancini pour l'informer de l'affaire, mais bien après l'arrestation de DSK.
Les réponses, en revanche, attendront. Les poursuites pesant contre DSK, dont le Blackberry reste introuvable, ont été abandonnées au pénal dans cette affaire, mais il reste poursuivi au civil par son accusatrice. Les avocats de DSK se sont déjà emparés de ces nouveaux éléments pour rebondir et évoquer la thèse du complot "visant à l'abattre politiquement". Ceux de Nafissatou Diallo jugent "grotesque et irresponsable de dire qu'elle a pris part à un complot d'Etat pour piéger DSK".
Enfin, la direction a vérifié qui occupait la chambre 2820, où est entrée Nafissatou Diallo après les événements de la suite 2806 - ce qu'elle n'a reconnu que plusieurs semaines après le 14 mai. D'après cette même source, le "profil" du client ne correspond en rien à celui d'un hôte de passage, qui aurait pu être impliqué dans un éventuel "complot"; par ailleurs, ce client est parti à 11h15, comme l'atteste son check out: la chambre étant vide, Nafissatou Diallo était fondée à y pénétrer.
Le BlackBerry piraté et disparu de DSK
L'ex-patron du Fonds monétaire international "savait qu'il y avait un grave problème avec son Blackberry FMI, comme il l'appelait", écrit l'auteur de cette enquête minutieuse. Dans la matinée du 14 mai, il reçoit un texto d'une amie qui travaille temporairement au siège de l'UMP, selon des sources concordantes qu'Edward Epstein ne nomme pas. Ce message alerte DSK: un des emails envoyés à sa femme depuis son téléphone "a été consulté dans les bureaux parisiens de l'UMP". L'UMP nie toute implication (lire l'encadré). L'UMP "dément ces allégations"
L'UMP "dément formellement l'article et les allégations" contenues dans le New York Review of Books, selon Les Inrocks. D'après le magazine, le parti "a chargé ses avocats de voir s'il y avait des suites judiciaires à donner, notamment pour diffusion de fausses nouvelles". Jean-François Copé qualifie ces informations de simples "rumeurs" et ajoute que "la ficelle est très, très grosse".
Le dernier appel recensé par le journaliste date de 12h13: DSK informe sa fille Camille qu'il aura du retard pour leur déjeuner. Après ce rendez-vous, alors qu'il se dirige vers l'aéroport, DSK se rend compte qu'il a égaré son "BlackBerry FMI". Il appelle sa fille à 14h16 avec un autre appareil pour lui demander de chercher son téléphone: il n'est pas au restaurant. Depuis, le portable en question n'aurait jamais été retrouvé.
Edward Epstein ajoute un fait troublant: dès 12h51 en fait, quelques minutes avant que DSK ne retrouve sa fille, le BlackBerry est mystérieusement désactivé. Son système GPS, qui permet de localiser l'appareil, est lui aussi désactivé, ce qui, à moins d'un accident, suppose l'intervention d'une personne très au fait de la technique, souligne le journaliste. Toujours d'après lui, les dernières données transmises par le GPS de l'appareil suggère que l'appareil n'a jamais quitté le Sofitel.
Qui résidait dans la chambre 2820?
"Retour au Sofitel." Le journaliste revient peu sur les "six ou sept minutes" pendant lesquelles DSK et Nafissatou Diallo se trouvent dans la suite 2806. Edward Epstein glisse juste que DSK et Nafissatou Diallo ne s'accordent pas sur le lieu exact où ils se sont "rencontrés" dans la chambre qu'il occupait. D'après DSK, les bagages qu'il venait de faire "étaient visibles dans l'entrée de la suite". Le tout accompagné d'un plan détaillé. Pendant que DSK part déjeuner avec sa fille, que fait la femme de chambre qui l'accuse de viol? Treize minutes après cette "rencontre", elle entre dans la chambre 2820 selon les traces laissées par la clé électronique. Cette suite VIP est située sur le même étage que la chambre de DSK. "Or elle y était déjà entrée à de multiples reprises dans la matinée", souligne le journaliste américain, "alors que son occupant n'avait pas encore quitté les lieux". Une information que le groupe Accor dément (lire la réponse détaillée du groupe à la fin de l'article).
Nafissatou Diallo avait dans un premier temps caché aux enquêteurs sa présence dans cette deuxième chambre: ce périmètre, hors de la "scène du crime" du coup, "n'a pas été passé au peigne fin par les enquêteurs", semble regretter l'auteur. "D'autres personnes que Diallo se trouvaient-elles dans la chambre 2820 pendant et après sa rencontre avec DSK?", s'interroge Edward Epstein: "Si c'est le cas, qui étaient ces personnes et qu'y faisaient-elles? Et pourquoi Diallo a-t-elle démenti être entrée dans cette chambre?".
Une étrange célébration au Sofitel new-yorkais
Les vidéos de surveillance du Sofitel new-yorkais ont aussi été décortiquées par le journaliste d'investigation. Une étrange scène a suscité sa curiosité: une danse de célébration qu'exécutent deux employés de sécurité en uniforme. Selon Edward Epstein, on les voit se taper dans les mains comme s'ils se félicitaient de quelque chose. Il est 13h33, deux minutes seulement après que la police a été alertée... et bien avant qu'elle n'arrive sur les lieux pour prendre en main cette affaire explosive. Que célèbrent-ils ainsi? Le Sofitel de New York.
REUTERS/Chip East
Pourquoi la police n'a pas été prévenue immédiatement?
La police a été contactée tardivement et Edward Epstein s'interroge sur les raisons de ce délai. D'abord, "Nafissatou Diallo n'a pas immédiatement fait part de ses griefs" à l'égard de DSK, rappelle le journaliste. Ce n'est qu'à 12h52 qu'on la voit arriver au bureau de la sécurité au rez-de-chaussée du Sofitel, accompagné d'un collègue à qui elle s'est confiée. A 13h31, le chef de la sécurité du Sofitel, Adrian Branch, alerte la police new-yorkaise. Soit une heure à peu près après le premier récit de Nafissatou Diallo. Le poids de la presse
Newsweek
Ce n'est pas la première fois que la presse joue un véritable rôle dans l'affaire du Sofitel. Au printemps, le New York Post décline ses Unes sur le "Perv", comme il surnomme DSK. Le New York Times publie des éléments troublants sur la vie de Nafissatou Diallo, avant que la justice décide d'abandonner les charges contre DSK au pénal, compte tenu du "manque de crédibilité" de l'accusatrice. Et c'est dans Newsweek que Nafissatou Diallo donnait sa version des faits en juillet. Cette fois, c'est la thèse du complot contre DSK que les nouveaux éléments publiés semblent servir.
Entre cette heure et l'alerte donnée au 911, qu'a-t-il fait? Selon le journaliste américain, il aurait passé un autre appel. Seul indice sur son interlocuteur: il a un "fort accent français". Edward Epstein émet alors deux hypothèses. S'agit-il de Xavier Graff, officier de permanence du groupe Accor à Paris? Son nom avait été évoqué à propos d'un mail étrange où il évoquait l'affaire DSK.
Ou s'agit-il de René-Georges Querry, le directeur de la sécurité d'Accor? Le journaliste rappelle longuement que ce dernier connaît bien Ange Mancini, coordinateur national du renseignement auprès de l'Elysée. D'ailleurs, René-Georges Querry avait confié par la suite avoir bien contacté Ange Mancini pour l'informer de l'affaire, mais bien après l'arrestation de DSK.
Des questions... mais pas de réponses
Le récit d'Edward Epstein coule sur trois pages du magazine à paraître lundi. Minute par minute, "qu'est-il vraiment arrivé à DSK" le 14 mai à New York? Le titre de son article pose une question, mais son développement semble les multiplier à l'infini. Les mystères, le journaliste en a d'ailleurs fait sa spécialité: il a écrit des livres sur l'assassinat du président Kennedy, sur une tentative d'asssinat de Fidel Castro par la CIA ou sur le trafic de diamants. Les réponses, en revanche, attendront. Les poursuites pesant contre DSK, dont le Blackberry reste introuvable, ont été abandonnées au pénal dans cette affaire, mais il reste poursuivi au civil par son accusatrice. Les avocats de DSK se sont déjà emparés de ces nouveaux éléments pour rebondir et évoquer la thèse du complot "visant à l'abattre politiquement". Ceux de Nafissatou Diallo jugent "grotesque et irresponsable de dire qu'elle a pris part à un complot d'Etat pour piéger DSK".
La réponse du groupe Accor
A la suite de ces nouvelles révélations, le groupe Accor, propriétaire du Sofitel, a mené une rapide enquête interne. D'après une source proche de la direction du groupe, les vidéos des caméras de surveillance ne montrent aucun employé de l'hôtel ni membre des équipes de sécurité se "réjouissant" en frappant des mains ou en esquissant des pas de danse, comme le dit l'article. D'autres images, issues d'autres caméras surveillant d'autres endroits de l'hôtel, ont également fait l'objet d'un visionnage, pour voir s'il y a eu confusion de la part du journal. Enfin, la direction a vérifié qui occupait la chambre 2820, où est entrée Nafissatou Diallo après les événements de la suite 2806 - ce qu'elle n'a reconnu que plusieurs semaines après le 14 mai. D'après cette même source, le "profil" du client ne correspond en rien à celui d'un hôte de passage, qui aurait pu être impliqué dans un éventuel "complot"; par ailleurs, ce client est parti à 11h15, comme l'atteste son check out: la chambre étant vide, Nafissatou Diallo était fondée à y pénétrer.
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