Interviewé dans Le Progrès du 8 novembre, lors d'un déplacement en Rhône-Alpes, François Chérèque a réitérer les critiques de la CFDT face au nouveau plan d'austérité.
Le gouvernement a annoncé un plan d’austérité. Il le fallait ?
Les déficits sont préoccupants et la dette est devenue excessive. Il est inévitable de la réduire pour éviter de la transmettre aux générations futures
Vous risquez de choquer les personnes qui ont du mal à boucler leurs fins de mois…
Attention ! Je n’ai pas dit que l’austérité était nécessaire ! Je conteste la manière employée. Les mesures que le gouvernement prend sont injustes parce qu’elles touchent les plus modestes. Et elles sont inefficaces pour une grande partie d’entre elles.
Que demandez-vous ?
Il faut revenir totalement sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Dans une période avec un taux de chômage record, il n’est pas normal de favoriser les heures supplémentaires. C’est aussi donner du pouvoir d’achat à ceux qui en ont peu…
C’est saupoudrer 4 milliards d’euros et donner très peu individuellement à chacun. Il est nécessaire de créer, en plus, une tranche d’impôt supplémentaire à 50 % sur les hauts revenus. Trop de cadeaux fiscaux ont été faits sur les grandes fortunes depuis une dizaine d’années.
La TVA sur la restauration sera relevée à 7 %. C’était une proposition de la CFDT. N’est-ce pas risqué pour les embauches et les prix ?
Soyons sérieux. Ne faisons pas comme si on augmentait une TVA qui était avant à 19,6 % ! Les hôtels-cafés-restaurants n’ont ni embauché (hors contrats d’apprentissage), ni baissé leurs prix, quand cette TVA est passée à 5,5 %. Ce serait « fort de café » qu’ils augmentent leurs prix maintenant. Des contrôles doivent être menés.
Le départ en retraite à 62 ans sera appliqué en 2017, au lieu de 2018…
C’est la mesure la plus injuste. Elle durcit la réforme, en particulier pour ceux qui ont travaillé avant 18 ans et doivent attendre encore pour partir. Le risque est d’engorger un peu plus le marché du travail.
Qu’est ce qui manque pour avoir de l’emploi en France ?
Il manque dans ce plan d’austérité ce que nous avons proposé fin août : un système de soutien à l’emploi des jeunes, à la formation et au chômage partiel. Sans soutien à l’activité, nous allons aggraver la récession.
Les 35 heures sont-elles la cause des difficultés, comme l’a répété Nicolas Sarkozy ?
Les salariés français ne travaillent pas moins que les autres. Augmenter le temps de travail, c’est inévitablement augmenter le chômage dans la situation actuelle. Ce discours ressassé sur les 35 heures montre que certains politiques n’ont vraiment plus rien à proposer pour améliorer la situation.
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