Mauvais traitements
Dans une note d’avril, l’Insee soulignait que les salaires nets moyens en euros constants dans les trois fonctions publiques avaient baissé entre 2011 et 2012 : de 0,8 % pour l’État, de 0,5 % dans la FPT et de 0,6 % dans l’hospitalière. Depuis 2000, toujours selon l’Insee, le pouvoir d’achat des fonctionnaires a perdu plus de 14 % compte tenu de l’inflation. La CGT estime que si l’on avait voulu suivre la hausse des prix, le point d’indice devrait être aujourd’hui à 5,29 au lieu de 4,63. Pour le dire autrement, les prix ont pris 27,72 % (hors tabac) depuis 2000 quand le point d’indice a augmenté de 9,05 %. Un gouffre.
Pris dans la glace
Le gel du point d’indice (au ministère, on parle de « stabilité »…), pris dans la glace depuis 2000 et aux dernières nouvelles jusqu’en 2017, est évidemment la principale cause de cette régression.
Certes, le déroulement de carrière augmente mécaniquement les revenus. Certes aussi, les calculs à partir du point d’indice ne prennent pas en compte les primes. Mais il n’y a pas là de quoi compenser le gel du point d’indice.
"Le salaire n’est pas que la contrepartie de la mise à disposition de sa force de travail par le salarié. C’est aussi la première source de reconnaissance de la valeur du travail"
Certes enfin, le gouvernement n’a pas traité tous les fonctionnaires de la même façon et au moins, les catégories B et C ont « bénéficié » d’un traitement particulier, avec diverses mesures de revalorisation de salaire non négligeables.
Quelle valeur pour le travail des agents publics ?
La Cour des comptes estimait récemment que le gel des salaires était « à court terme, le seul instrument de freinage de la masse salariale des administrations publiques ».
Cette vision, largement partagée par les élites, laisse la question entière : jusqu’où pourra-t-on faire peser sur les fonctionnaires, qui ont déjà subi la RGPP, le poids de la réduction des déficits ?
Car les dégâts de cette politique sont déjà visibles. Il est facile d’agiter le spectre du Front national, mais c’est aujourd’hui une évidence que les fonctionnaires sont bien présents dans le nombre de Français qui votent désormais pour l’extrême droite. Gageons que la perte de pouvoir d’achat qu’ils subissent n’y est pas pour rien.
Car, enfin, le salaire n’est pas que la contrepartie de la mise à disposition de sa force de travail par le salarié. C’est aussi la première source de reconnaissance de la valeur du travail. Comment voulez-vous que nous ne le payions pas par la baisse de la qualité du service public ?
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