vendredi 1 juillet 2011

La mairie de Marseille fait sa liste de « paquets cadeaux » pour 2013




« On sera prêt ». Face à la presse, invitée à l’issue d’un « séminaire » de la majorité municipale sur Marseille Provence 2013, Renaud Muselier, délégué spécial chargé du dossier, l’a répété à l’envi, se félicitant d’avoir« cassé le scepticisme »Comme en décembre à l’occasion d’un précédent séminaire, et dans le film projeté aux journalistes : « et vous savez quoi ? On sera prêts, on va le réussir ce grand rendez-vous international », assure la voix off, qui distingue « les professionnels confiants, détendus et organisés autour d’un calendrier précis ».
Un exercice au bon son de méthode Coué, s’il n’était pas accompagné par un tour d’horizon des chantiers terminés ou en cours présenté dans le film : la Buzine a été inaugurée, la délégation de service public du Silo a été attribuée et Georges Michael est attendu à l’automne, Borely est fini à l’extérieur et l’intérieur avance, tout comme pour le Pharo ou Longchamp etc.
Festival de poésie politique 2013
Voilà pour « l’écrin », métaphore choisie par Muso pour désigner les équipements destinés à accueillir le « diamant » de la programmation de la capitale européenne de la culture, elle aux mains de l’association MP2013. Ce qui a donné lieu a une scène dont on ne savait pas s’il fallait en rire ou en pleurer. Notant que l’adjoint à la Culture Daniel Hermann préfère – tout comme le maire Jean-Claude Gaudin – celle du vase et du bouquet, il s’est interrogé sur l’équivalent de la table du triptyque gaudinien (censée représenter « le contexte ») : un « paquet cadeau », un« ruban rouge » ?
C’est en tout cas sur ce dernier point que nos poètes de la mairie voulaient mettre l’accent aujourd’hui, « tout ce qui fera que les 10 millions de visiteurs se régalent », explique le patron de la majorité Yves Moraine, qui y range « l’accueil, la propreté, la sécurité, les taxis, la signalétique… » Après avoir reconnu (ouf) « que l’on n’est pas encore exemplaires et qu’il y a du boulot à faire », il a annoncé « 110 propositions (en fait 120, ndlr) allant de la semi-piétonnisation aux toilettes publiques, dont il faudra que nous vérifions une par une qu’elle sont mises en œuvre et réussies ». Autant de chantiers que se répartissent trois commissions (Organisation et Gestion de lʼEspace Public – Animation culturelle et participation citoyenne – Accueil, promotion, rayonnement touristique, International et Communication) où planchent les adjoints les plus concernés.
Le grand bond en avant
Agitant le document – que la mairie a malheureusement dû oublier de photocopier, rendant impossible sa distribution aux journalistes qui auraient voulu les commenter en direct – Renaud Muselier a pour sa part assuré « que si nous en réalisons 80% nous aurons déjà fait un bond en avant phénoménal », tout en précisant que certains aspects, en particulier le transport et la propreté, ne dépendaient pas de la Ville mais de la communauté urbaine, envoyant au passage une petite pique à la gestion socialiste de celle-ci.
C’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite : en finir avec certains des plus important boulets qui minent Marseille (mauvaises pratiques des taxis, voiture dominatrice au détriment des piétons et du vélo avec tous les effets que cela comporte, vie nocturne et des places publiques pas à la hauteur…) en un peu plus de 500 jours.
On est toutefois un peu refroidi quand on découvre dans l’après-midi la teneur des « fiches actions », plus que floues. La mairie assure qu’elle sont appelées à être détaillées par la suite, et on devine que du concret découlera du n°65 (accès Wifi municipal), de « piloter la mise en Lumière 2013″ ou des programmes comme les fresques dans les écoles. Mais les chiffres, si ce n’est au moins des objectifs qualitatifs, manquent pour l’instant cruellement pour qui voudrait évaluer cette feuille de route. On est heureux que l’on compte « piloter la thématique Toilettes publiques » ou « stationnement des deux roues », mais comme pour le n°8 (gestion durable des déplacements lors des grands événements), 18 (restructuration du service public dans les musées) ou 57 (gestion sécurisée de l’espace public), ces points n’engagent pas à grand chose.
« Pas la réponse »
Pendant le point presse, la difficulté à mettre en application transparaissait d’ailleurs déjà. Interrogé sur la Marseille la nuit, Muso confesse d’abord qu’il est « beaucoup sorti » par le passé et qu’à la lumière de ses voyages récents à Barcelone, Istanbul ou Venise « on ne passera pas à côté d’une discussion et de décisions sur ce thème ». Mais à ce « problème majeur qu’il faudra arbitrer », en sachant « qu’il y a la réserve essentielle que tout le monde habite partout », il n’a pour l’instant « pas la réponse ».
Plus difficile à « ficher », il faudra aussi peut-être remettre en cause certains des fondements de longue date de la gestion de la ville comme la co-gestion avec la nébuleuse Lolo Gilardenghipour les taxis et avec le « syndicat majoritaire » et son fini-parti (ce qui concerne ici plutôt Eugène Caselli) pour la propreté. Ou encore pour la remise à flot des services culturel, où le poids de FO n’est là aussi peut-être pas étranger, notamment à l’Alcazar… Un « ruban » autrement plus difficile à tisser, ou plutôt à couper, que celui des inaugurations appelées à se succéder les prochains mois.
Ainsi fondent les fonds…
En bonus, la mairie a aussi dû s’expliquer sur les fonds de dotation qu’elle a créé pour draguer les mécènes. Muso, qui a un temps présidé les structures, fait semblant de ne pas être au courant et renvoie la patate chaude à Daniel Hermann, qui nous sort une belle explication vaseuse à l’eau de rose. Pardon, où il aurait pu filer la métaphore du vase et du bouquet :
Reprenons donc nous même la comparaison : ce que Daniel Hermann semble oublier, c’est que le mécénat privé étant loin d’être extensible et vu la méthode racontée par Marsactu, les fonds du bouquet risquent fort d’être siphonnés en partie par le vase. Quant au soi-disant exemple de Lille 2004, on voit mal comment nos amis du Nord auraient pu utiliser un outil créé par une loi de 2008. A moins qu’il ne s’agisse de mécénat plus classique, comme celui que la mairie a conclu avec la Société des Eaux de Marseille au sujet du musée d’Histoire ?

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