dimanche 17 juillet 2011

Jean-Yves Petit, vice-président aux Transports du conseil régional(*), qui supervise les TER, a pris le train à Saint-Charles à 10h44 pour Saint-Antoine. Histoire tout d’abord de faire la preuve par l’exemple qu’on pouvait relier les deux points en 16 minutes

(*) un ancien de la CFDT SNCF passé à la CGT SNCF en 2003 , puis avec M Vauzelle

 


Petites gares : les invisibles des transports marseillais

Jeu-concours pour l’été : combien de gares et haltes y a-t-il à Marseille et pouvez-vous citer leurs noms ? Hormis St Charles et peut-être la Blancarde, vous séchez ? Réponse : 11. Avec, outre les deux plus connues, Picon-Busserine – Ste Marthe – St Joseph Le Castellas – Saint Antoine (sur la ligne Aix-Marseille), St Louis Les Aygalades – Séon St-Henry – L’Estaque (le train de la côte Bleue) ainsi que La Pomme et St Marcel (en allant vers Toulon).
« Le métro des quartiers Nord »
Ce lundi, Jean-Yves Petit, vice-président aux Transports du conseil régional, qui supervise les TER, a pris le train à Saint-Charles à 10h44 pour Saint-Antoine. Histoire tout d’abord de faire la preuve par l’exemple qu’on pouvait relier les deux points en 16 minutes. « Le métro ne sera pas là demain, et tant qu’il n’y a pas de tramway, cet axe-là peut être le métro des quartiers Nord », affirme le patron de la RTM et conseiller de la communanuté urbaine Karim Zeribi, arrivé sur le quai quelques minutes plus tard.
Un quai qui « devrait être bondé », s’exclame-t-il. Le discours des deux élus Europe Ecologie-Les Verts – qui en ont profité pour revenir sur les réductions tarifaires récemment votées par leurs collectivités respectives (conseil régional et Marseille Provence Métropole) – s’est concentré sur les haltes de la ligne Aix-Marseille, rouverte fin 2008 après des travaux de modernisation. Pour eux, celle-ci constitue un outil encore à utiliser à son plein potentiel, avec ses 97 trains quotidiens : situées dans les 14e et 15e arrondissements, qui totalisent près de 150 000 habitants, les quatre haltes marseillaises de la ligne n’ont vu passer en 2010 que 61 453 voyageurs (montée ou descente). Des chiffres certes en forte augmentation (entre +32 et +46%) mais à comparer aux 54311 de Simiane (6000 habitants) ou 207 160 de Gardanne (20 000 habitants)…
Humanisation
La faute peut-être à un manque d’informations : les haltes sont peu indiquées par les plans ou les panneaux, aucune campagne de communication n’a été mise en place sur ce sujet et peu de gens savent certainement qu’un abonné RTM peut circuler gratuitement entre elles dans Marseille. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle des trains passent toute la journée régulièrement devant des quais déserts. « Le plus gros c’est-à-dire la ligne – est fait. Mais il y a maintenant un enjeu d’humanisation, avec l’accueil, l’information, la sécurité, l’entretien », estime Karim Zeribi.
« Les gares n’ont pas été « terminées », elles sont enclavées, il n’y a pas de présence humaine, le matériel est vandalisé« , déplore Jean-Yves Petit. De quoi donner lieu une nouvelle fois samedi à un tableau effrayant dans La Provence, entre trafic de shit, ascenseurs murés et attaque de trains (sur une autre ligne marseillaise). A nous de vous faire préférer la voiture (pour ceux qui peuvent). Ou le bus (comme le n°26, première ligne RTM en terme de voyageurs, qui ne permet en 16 minutes – les bons jours – que d’aller jusqu’à Bougainville) .
Une situation connue et reconnue à la SNCF, qui met en avant le Contrat local de sécurité (CLS), dont la clôture de la phase de diagnostic a fait l’objet d’une réunion (avec notamment la préfecture et la Région) le 28 juin et qu’elle pilote. Un cas unique en France, insiste Nathalie Dorier, directrice des affaires territoriales à la SNCF Paca. « Certaines haltes sont en mauvais état et il est très difficile actuellement de maintenir les installations en état de fonctionnement« , concède-t-elle.
Acteurs multiples
Mais en précisant que « les partenaires (du CLS) s’accordent à dire que la « délinquance » constatée sur les haltes et à bord des trains est une prolongation des problèmes qui se posent dans les quartiers ». Même analyse chez Jean-Yves Petit, pour qui « la gare est à l’image de l’état de dégradation sociale de l’environnement dans lequel elle se trouve ». D’où cette question ? « Où est le maire de Marseille ? Et où est l’Etat ? La Région fait ce qu’elle peut mais ce n’est pas elle qui est chargée de la politique de la Ville ».
En tout cas, comme la SNCF « ne peut pas être seule sur la ligne » l’idée du CLS est de« mettre tout le monde autour de la table », livre Nathalie Dorier, qui cite le cas des souterrains de Saint Antoine, dont c’est MPM qui est propriétaire, comme exemple de cette nécessité. « L’objectif est d’arriver assez rapidement à des actions concrètes comme le nettoyage des haltes, des souterrains, des escaliers – cela paraît tout simple mais contribue énormément au sentiment d’insécurité – ou encore la vidéo-protection sur les installations (composteurs, afficheurs, ascenseurs…). »
La « multiplicité des acteurs », c’est l’une des clés identifiées par Jean-Vyes Petit : « déjà sur le ferroviaire on a Réseau Ferré de France, le conseil régional, la SNCF elle même divisée en services (gares et connexions, fret, TER), puis il y a les collectivités qui gèrent les transports (Marseille Provence Métropole pour la RTM, ndlr)… » Et les deux projets évoqués de part et d’autre sont une bonne illustration du travail à réaliser : à Picon-Busserine un « point d’info multi-services avec l’idée à la fois d’apporter des services dans des quartiers où ils sont parfois peup présents et de ramener de la présence humaine, de mettre plus de convivialité dans ces haltes », explique Jean-Yves Petit et « l’une des pistes étudiée dans le cadre pourrait être la création d’un pôle d’intermodalité avec bus, parking relais, etc. », détaille Nathalie Dorier.
Au delà de Marseille
Le grand rêve de Jean-Yves Petit : à partir de ce réseau « mettre en place sur l’aire métropolitaine marseillaise une sorte de RER marseillais avec une carte, un plan des gares, des services cadencés ». Et de citer des travaux en cours ou à venir comme « la 3e voie Marseille-Aubagne, une nouvelle gare à Arenc ou l’augmentation des trains sur la ligne portuaire ». Mais« il y a encore beaucoup à faire », et on se heurte « au problème de fond du financement ».
Une occasion de plus pour Karim Zeribi d’appeler à mettre la vitesse supérieure sur le syndicat mixte des transports, créé en 2009 sous l’égide du CG13 qui « n’a aujourd’hui pas de pouvoir de décision ni de force de frappe en matière d’investissements ». Par exemple via la constitution d’un « pôle métropolitain de transports ». Rappelons-le : après Septèmes le TER va au pays d’Aix et après Saint-Marcel la ligne Marseille-Toulon va vers la Penne-sur-Huveaune et Aubagne…
En attendant, pour la ligne Aix-Marseille, les projets « seront repris dans le cadre du CLS », dont les groupes de travail doivent commencer à plancher à l’automne, indique Nathalie Dorier. De notre côté, on vous livre la carte des gares marseillaises, avec en lien la fiche SNCF avec les services disponibles (guichet…) et les horaires des lignes ainsi que la fiche Le Pilote pour savoir comment y accéder ou en partir.

Afficher Les gares et haltes ferroviaires marseillaises sur une carte plus grande

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