La Poste joue sur le facteur emploi
publié le 01/02/2016 à 14H01
par
Didier Blain
D’ici à 2020, l’activité courrier de La Poste aura fondu de
50 %. Aussi, le groupe expérimente-t-il de nouvelles organisations.
Près de Castres, des facteurs volontaires deviennent guichetiers pour
compléter leur journée de travail. À Toulouse, des colipostiers se
lancent dans la livraison en fin de journée (de 17 à 20 heures). La
CFDT, consciente de l’enjeu de ces évolutions en matière d’emploi, les
accompagne et les soutient.
Vivien et Delphine sont à la fois facteurs et guichetiers dans le Tarn. Ce double poste offre quelques avantages. |
Une opportunité pour évoluer
Vivien n’est pas un facteur comme les autres. Il n’exerce cette fonction qu’à mi-temps. L’autre moitié du temps, il est guichetier à La Poste de Vielmur-sur-Agout. Et guichetier, c’est un tout autre métier. Seul dans ce local, il vend des timbres, des colis, délivre des paquets qui n’ont pu être distribués, enregistre des recommandés, relève le courrier du jour dans la boîte du village, ouvre des livrets A, effectue retraits et virements à la demande des clients ; bref, il fait le travail pour le compte de La Banque Postale. Il fait tout mais ne remplace toutefois pas les conseillers financiers. Et bientôt, il proposera de la téléphonie mobile. C’est tout ? Eh bien non, après environ trois heures pendant lesquelles il a servi au moins une trentaine de clients – certains pour des retraits de trois euros –, il reprend sa voiture chargée de colis direction Sémalens (Tarn), où il récupère Delphine Bigant, qui exerce elle aussi les métiers de factrice et guichetière. Ensemble, ils retournent à la plateforme de Castres - Pays d’Autan, où ils remettent lettres et colis et rendent compte par informatique de leurs activités de la journée.
Vivien et Delphine ont en commun, outre leur adhésion à la CFDT, la volonté de participer aux nouveaux métiers de La Poste. Tous deux sont jeunes, respectivement 33 et 26 ans, mais ils ont déjà connu plusieurs réorganisations de leur service. Les perspectives de l’activité courrier, et donc pour les facteurs, sont mauvaises. La Poste doit s’adapter à une baisse de moitié de la distribution de courrier envisagée d’ici à 2020. Aussi, quand on leur a proposé cette nouvelle organisation, ils ont présenté leur candidature, qui a été retenue. Ce double poste offre à la fois une place à l’abri des intempéries, une fois au guichet, mais il permet surtout de prendre du galon. « Depuis dix ans, je suis au grade le plus bas, alors un grade en plus, ça compte », reconnaît Vivien.
« On va s'adapter »
Ludovic Bourin travaille aussi comme colipostier. |
Les clients non plus ne sont pas les mêmes que ceux du matin. « Ils sont plus détendus, moins pressés, ils ont aussi davantage de temps pour discuter, observe Ludovic. En revanche, la circulation est plus difficile ; les places de parking sont plus rares. Lorsqu’ils reconnaissent un véhicule jaune de La Poste en stationnement gênant, les automobilistes klaxonnent immédiatement. Rester en double file est impensable. Pour nous, c’est stressant et ça nous oblige à nous garer parfois à une centaine de mètres du point de livraison. »
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