Publié le
11/12/2015 • Mis à jour le 14/12/2015 • Par Shahinez Benabed, Arnaud Garrigues • dans : A la une,
Actu ingénierie publique, Actualité club Technique, France
© Unfccc
La
Conférence de Paris de 2015 sur le changement climatique (Cop21) est terminée.
Retour sur les principales informations et les enjeux de cette deuxième semaine
riche en évènements.
Cet article
est paru dans
Le Club Technique
Le Club Technique
Donner le temps
La signature
de l’accord final qui clôture la Cop21 a donc été décalée d’un jour au 12
décembre. La raison ? « Nous préférons nous donner le temps de consulter
les délégations tout au long de la journée de vendredi », a indiqué la
présidence française, citée par le quotidien Le Monde le 10 décembre dernier.
Et pour cause, en ce vendredi 11 décembre, tout n’est pas encore finalisé. Une
version du texte, présentée le 10 décembre, est encore loin de trouver les
réponses à certains points nécessaires à l’obtention d’un accord historique.
« Bien
en dessous des 2 degrés » - Ainsi, parmi les zones d’ombres, figure notamment le
nombre de degrés de réchauffement à ne pas dépasser d’ici à 2100. Si l’idée de
ne pas aller au-delà des 2 degrés était mis en avant jusque-là, les pays du
Sud, ainsi que les acteurs non étatiques, demandent pour leur part
que le plafond se situe à 1,5°C. Pour le moment, c’est l’option d’aller
« bien en dessous de 2°C », toujours selon le Monde, qui semble la
plus probable.
Deuxième
point important, la question de savoir si la responsabilité commune
différenciée (c’est-à-dire qu’il est demandé un engagement plus important des
pays dits développés) doit encore être éclaircie, ainsi, par exemple, que la
question du financement. En effet, si 100 milliards de dollars par an des pays
les plus riches, aux pays les plus pauvres, ont été promis, reste maintenant à
en connaitre la répartition, le nombre de pays qui devront s’en acquitter, etc.
Autre
exemple parmi les incertitudes, celui du mécanisme de révision, qui doit encore
être défini. Rappelons que les promesses des pays faites jusque-là, font tendre
vers un scénario à 3°C. Il sera donc nécessaire de réviser les engagements au
fur et à mesure. Reste à savoir quelles en seront les modalités.
Prix du
carbone - Enfin, il
aura beaucoup été question de la question du prix et du marché du carbone lors des négociations
interétatiques dans le cadre de la COP21, car sans un signal prix, comment
sortir des énergies fossiles. Bien évidement, les pays du Golfe s’y sont
opposés, eux dont l’économie et la richesse sont fortement basées sur le
pétrole et le gaz. De nombreux industriels sont prêts à jouer le jeu, mais au final, il
semblerait que l’accord de paris n’y fasse pas allusion.
A juste
titre, le Comité 21, organisateur de Solutions COP21, a estimé que le texte
actuel de l’accord, s’il restait inchangé, pourrait comportait « une
grande hypocrisie, à savoir : afficher l’objectif ambitieux de
limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré au cours du XXIème siècle alors
qu’aujourd’hui, les moyens sur la table nous rapprochent des 3 degrés. Il ne
constituerait qu’un texte d’étape par rapport à la COP 22 accueillie par le Maroc
(Marrakech) ».
Les collectivités locales à nouveau
sur le devant de la scène
Du côté des territoires, le rôle crucial des collectivités locales a
également été rappelé lors de cette deuxième et dernière semaine de Cop21 avec
une séquence de l’Agenda des Solutions dédiée à ces dernières le 8 décembre.
Egalement appelé le Plan d’action Lima-Paris (LPPA, dans son abréviation
anglaise), cet agenda est une démarche qui cherche à mobiliser les acteurs non
étatiques (villes, régions, entreprises, investisseurs et la société civile) et
qui constitue le 4e pilier de l’Accord de Paris (1). Il
regroupe plus de 70 grandes initiatives coopératives impliquant 10 000 acteurs
et 7 000 engagements individuels, plusieurs centaines de milliards de dollars
réorientés sur le climat et 2000 entreprises engagées.
A l’occasion
de cet événement, Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, a rappelé que « les
collectivités sont régulièrement à l’avant-garde de la lutte contre le
dérèglement climatique et nourrissent les initiatives prises à l’échelle
nationale ou internationale ».
Stratégie
bas carbone - Pour
favoriser ce volontarisme, la ministre a aussi annoncé que « la France se
mobilisera pour permettre aux collectivités (rurales, urbaines, agricoles) de
tous les continents d’élaborer un plan climat et une stratégie bas carbone au plus
près des habitants afin de mettre en œuvre les objectifs fixés dans l’accord de
la COP21 ». Malheureusement, un peu plus tard au Sénat, les parlementaires ont
supprimé l’article 11 ter du projet de loi de finance rectificatif qui fixait
la trajectoire carbone jusqu’en 2019. Une décision incompréhensible à l’heure
de la tenue de cette conférence internationale et après le vote de la loi de
transition énergétique…
Résilience - Ségolène Royal a par ailleurs fait
part de sa volonté « renforcer la résilience dans le plus grand nombre de
villes et de régions possibles, avec une attention particulière accordée aux
populations les plus vulnérables », précise un communiqué du ministère.
Au cours de
cette même séquence, la ministre a enfin rappelé les nombreux engagements pris
par les acteurs non étatiques en faveur du climat qui s’élèvent à près de 11
000 et sont répertoriés sur la plateforme
NAZCA. Il a également été rappelé que plus de « 7000 collectivités
ont pris des engagements opérationnels et ambitieux pour réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre ».
TEPCV et
BEI- Le
ministère de l’Ecologie a profité de la tenue de la COP21 pour mettre à
l’honneur les territoires à énergie positive pour la croissance verte. A
cette occasion, a été annoncé le déblocage d’un milliard d’euros de la BEI pour
le financement de plusieurs projets de grande envergure dans les domaines du
logement, de l’efficacité énergétique des bâtiments, du soutien aux PME et ETI,
ou encore de la biomasse. « L’action en faveur du climat est une priorité pour
la BEI : cela devrait représenter près de 40% de notre activité en France en
2015 », a souligné le Vice-Président de la BEI Ambroise Fayolle. D’autres financements spécifiques ont également
été annoncés.
Projet de
loi biodiversité - Enfin,
Ségolène Royal a annoncé que le projet de loi pour la reconquête de la
biodiversité, de la nature et des paysages serait examiné par le Sénat à la
mi-janvier pour une adoption définitive avant l’été. Elle a également remis au
Bourget le label aux 12 lauréats de 2015 de la Stratégie nationale biodiversité
qui sera étendue à partir de l’année prochaine avec comme objectif d’atteindre
2 000 partenaires avec des collectivités en 2020 contre 440 aujourd’hui. Cette
mission sera confiée à l’Agence pour la biodiversité.
Convention
des maires - Markku
Markkula, président du Comité européen des régions, et Maroš Šefčovič,
vice-président de la Commission européenne, ont invité les collectivités
locales et régionales du monde entier à rejoindre la Convention des maires,
dont les signataires s’engagent à réduire le niveau de leurs émissions de
carbone de 1990 d’au moins 40 % d’ici 2030. A travers elle, depuis 2008, plus
de 6 500 villes et régions, représentant plus de 200 millions de citoyens, ont
convenu de diminuer de plus de 20 % leurs émissions de carbone d’ici 2020.
Transports : l’aérien et le maritime laissés sur le bas-côté ?
Côté
transports, la grande info de la semaine a concerné les domaines aérien et
maritime. En effet, alors que ces derniers devraient tout de même représenter
la bagatelle d’un tiers des émissions de GES dans le monde d’ici 2050, un paragraphe du
projet d’accord final les concernant qui, comme l’a indiqué 20 minutes le 10
décembre, « nommait ces secteurs pour les inciter à réduire leurs
émissions de carbone », a purement et simplement été supprimé.
Et pour cause, « de nombreux pays dépendent trop du transport de
marchandises et de l’aviation pour tolérer la mention de ces deux secteurs, les
Etats-Unis et la Chine en premier lieu », et ajouté le quotidien.
Route du futur - En parallèle de négociations, plusieurs événements ont concerné le secteur au cours de la semaine. Parmi elles, figure notamment une conférence de les Autoroutes et tunnel du Mont Blanc (ATMB) portant sur la route du futur, organisée le 10 décembre dernier au Grand Palais à Paris. Au cours de cette rencontre, la question de savoir quelles transformations doivent subir les infrastructures pour tendre vers une plus grande durabilité a été abordée, avec les conclusions suivantes : celles de la nécessité de favoriser la route plus sûre et plus verte. (Retrouvez dès le 14 décembre notre compte rendu complet sur les sites de la Gazette.fr et du Club Technique.fr)
Route du futur - En parallèle de négociations, plusieurs événements ont concerné le secteur au cours de la semaine. Parmi elles, figure notamment une conférence de les Autoroutes et tunnel du Mont Blanc (ATMB) portant sur la route du futur, organisée le 10 décembre dernier au Grand Palais à Paris. Au cours de cette rencontre, la question de savoir quelles transformations doivent subir les infrastructures pour tendre vers une plus grande durabilité a été abordée, avec les conclusions suivantes : celles de la nécessité de favoriser la route plus sûre et plus verte. (Retrouvez dès le 14 décembre notre compte rendu complet sur les sites de la Gazette.fr et du Club Technique.fr)
Ferroviaire
– De son côté,
Fer de France organisait, une série de conférences sur la mobilité et sur le
rôle du mode ferroviaire dans la ville durable. La matinale du 8 décembre par
exemple, tentait de répondre à la question : « une croissance urbaine sociale
et durable est-elle possible sans public transport ? ». Non, selon Jean-Marc
Janaillac, pdg de Transdev, qui faisait partie des invités de la rencontre, et
qui a mis en avant le rôle social, économique, et climatique que peuvent jouer
les transports publics dans la ville de demain.
Consulter la
vidéo (en anglais)
Et aussi…
Solutions
COP21 -
L’exposition Solutions COP21 qui regroupait les acteurs non étatiques au Grand
Palais à Paris, s’est terminée le 10 décembre avec un bilan de 42 000 visiteurs
reçus entre le 4 et le 10 décembre. Premier point positif : 74 % des visiteurs
ont déclaré qu’ils s’engageaient à modifier leurs habitudes et leurs
comportements pour limiter leur impact sur le climat (sondage Ifop). Certes, ce
chiffre est dérisoire par rapport aux enjeux mondiaux du climat, et des
négociations en cours au Bourget.
Démocratie
énergétique - Le rôle
fondamental des citoyens dans la transition énergétique en Europe a été rappelé
lors d’une conférence du réseau européen des coopératives énergétiques
(REScoop) le 10 décembre. « Les pays ne peuvent faire évoluer leur modèle
énergétique que si les citoyens s’en emparent », a rappelé Ségolène Royal en
clôture, en saluant par ailleurs le projet de fonds européen citoyen et
participatif destiné à accélérer les projets de transition énergétique. Lors de
cette conférence, a également été signé un « important protocole de coopération
franco-japonais dans le domaine des villes durables et du transport propre »,
indique le ministère.
2015, année
des records climatiques - Copernicus, le
service phare de l’Union européenne pour l’analyse du climat et de
l’atmosphère, a dévoilé son analyse des épisodes climatiques exceptionnels de
2015 et a souligné que les douze derniers mois avaient constitué la période
annuelle la plus chaude jamais enregistrée. « Le trou dans la couche
d’ozone de l’Antarctique est non seulement l’un des plus grands jamais
observés, mais également beaucoup plus profond que d’habitude », rapporte
un communiqué de Copernicus. Une bien mauvaise nouvelle…
Assurances
et catastrophes naturelles - CCR a organisé une conférence sur l’impact de
l’évolution du climat sur les catastrophes naturelles du point de vue régime
d’assurance. Une étude menée avec Méteo France et intitulée « Modélisation de l’impact du changement climatique sur
les dommages assurés dans le cadre du régime Catastrophes
Naturelles » y a été présentée.
« L’originalité de cette étude est qu’elle permet d’obtenir des résultats
à une échelle fine au niveau spatial (25 mètres) et temporel (utilisation de
données horaires) », précise le CCR. On y apprend notamment que la
sinistralité Cat Nat causée chaque année par des événements climatiques en
métropole devrait doubler d’ici 2050. Et que le changement climatique
entrainerait une hausse de 20% de la sinistralité à horizon 2050. Par type de
risques, les évolutions seraient les suivantes :
- Inondations par débordement et ruissellement : hausse de 20% principalement liée à l’augmentation des phénomènes cévenols ;
- Submersions marines : hausse de plus de 60%, essentiellement liée à l’élévation du niveau de la mer (+20 cm à horizon 2050, selon le scénario du GIEC retenu) ;
- Sécheresse : les dommages resteraient constants au niveau national mais de fortes disparités régionales sont mises en évidence par l’étude à fine échelle.
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