lundi 31 octobre 2011

A Marseille :réhabilitation de la rue Impériale (ex) et ses logements sociaux :l’îlot 13 a « tiré les leçons des difficultés de Belsunce avec un vrai bilan social, une identification précise des gens sur place«


On inaugure (aussi) des logements sociaux sur la rue de la République

Une « opération exemplaire ». C’était l’avis partagé vendredi par les représentants de toutes les collectivités locales (mairie, communauté urbaine, conseil général et conseil régional) à l’occasion de l’inauguration officielle de 122 logements sociaux rue de la République. Répartis dans l’îlot 13, juste après la place Sadi Carnot, ils ont été réhabilités par le Nouveau Logis Provençal. Budget total : près de 20 millons d’euros, dont 11,2 millions de travaux.
Démenti ou évolution ?
Pour Jean-Claude Gaudin, « cette nouvelle opération marque une étape importante dans la renaissance de la rue de la République. » Le maire UMP de Marseille qui en a profité pour tenter de redorer le blason de cette opération controversée, assurant qu’elle visait dès le début à aboutir à « une offre de logement diversifiée et de qualité respectant la règle de mixité dite des trois tiers (un tiers de logements sociaux, un tiers de logements intermédiaires et un tiers à loyers libres ».
Rappelons tout de même que cet objectif des trois tiers ne concernait que P2C immobilier (à qui ont succédé Marseille République, autrement dit le fond d’investissement américain Lone Star, et enfin Atemi, filiale de Lehman Brothers), propriétaire de 1350 des 5200 logements du secteur. Selon Guy Teissier, président de l’établissement public Euroméditerranée, si « une soixantaine » des 500 immeubles restent encore à réhabiliter 680 logements sociaux seraient d’ores et déjà livrés ou en passe de l’être. L’inauguration de ce jour, estime le maire, apporte donc un« démenti complet » aux mauvaises langues qui le soupçonnaient de vouloir mener une opération de recomposition sociale du quartier :
Une manière de répondre aux notes discordantes lancées auparavant par Patrick Mennucci (maire PS du 1/7 s’exprimant au nom de la région), qui a commencé par « saluer les associations qui ont mené le combat ici depuis de longues années » (la principale étant Un centre ville pour tous). « On nous annonçait une transformation rapide et prestigieuse de cette rue grâce à des investisseurs étrangers », mais l’opération a connu « des déboires » au gré des manœuvres financières « des opérateurs qui se sont succédés », dont une possible « titrisation de la rue en actions » (évoquée sans que l’on n’en aie la confirmation). « Quand on a vu la crise des subprimes (prêts immobiliers américains titrisés, c’est-à-dire répartis dans des produits financiers, ndlr), on a su à quoi on avait échappé », a-t-il conclu.
Quand l’Etat prend le logement en main
Et de se réjouir par contraste de la présence sur l’artère haussmannienne d’un organisme comme la Caisse des dépôts et consignations, propriétaire du Nouveau Logis Provençal via son « bras bailleur », le groupe SNI. Une vénérable « institution de la République datant de 1816″également louangée par Philippe San Marco (vice-président de Marseille Provence Métropole rallié à Gaudin en 2008 avant de prendre ses distances), déplorant au passage que « des pans entiers » de son activité lui aient été retirés « ces 25 dernières années ».
Car, s’il y une institution qui s’apparente aujourd’hui au grand fond d’investissement public dont certains, comme les Economistes Atterrés, réclament la constitution, c’est bien la CDC, qui gère notamment les placements du livret « Nous sommes gestionnaires, sous le contrôle spécial du Parlement, d’un bien public exceptionnel, 220 milliards d’euros de dépôts, un bien dont nous avions oublié la valeur jusqu’à la crise de 2008″, a lancé son directeur général Augustin de Romanet, présent à l’inauguration. Un bien pas à l’abri des « tentatives de prédation des établissements bancaires », la dernière en date ayant échoué en 2009.
Les leçons de Belsunce
Mais revenons à notre ancienne rue Impériale. Pour Philippe San Marco, très critique sur la réhabilitation du centre-ville, à laquelle il a participé un temps en tant que président de la société d’économie mixte Marseille Aménagement avant d’en claquer la porte, l’îlot 13 a « tiré les leçons des difficultés de Belsunce avec un vrai bilan social, une identification précise des gens sur place« . Une période où « c’était le Far West, les gens n’étaient pas protégés »,résume-t-il, expliquant que, du coup, « quand on a commencé à s’intéresser à ce périmètre (la rue de la République, ndlr), nous étions très échaudés ».
Dans l’îlot 13, où l’on comptait de nombreux « occupants de fraîche date expulsés de Marseille République (…) on n’a pas considéré les gens qui sont là comme la dernière variable d’ajustement mais au contraire la première », se félicite-t-il. Marseille République sur laquelle il ne s’est pas étendu à la tribune pour ne pas plomber l’ambiance, fait-il comprendre, histoire de rappeler qu’il y aurait beaucoup à dire n’en déplaise à Jean-Claude Gaudin. « A l’époque, ce n’était pas faux », répond-il au sujet des critiques évoquées par le maire. « Si nous sommes arrivés à un bon compromis, c’est parce qu’il y a eu des oppositions ».

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