samedi 15 octobre 2011

Les libraires indépendants de Marseille font leur festival

 


C’est un peu le cercle des libraires pas encore disparus. 19 établissements indépendants regroupés en une association qui « organise toute l’année des rencontres littéraires dans et autour des librairie, pour les valoriser en tant qu’acteur culturel à part entière », indique Marie-Dominique Russis, directrice de Libraires à Marseille. Cette semaine, et en particulier ce week-end, « c’est le point d’orgue de l’année » avec le festival Les Littorales, avec une trentaine d’auteurs et d’artistes invités.
« Claironner notre existence »
Une manifestation qui « devient de plus en plus vitale pour des question de visibilité. On est tous dans notre petite « niche », c’est l’occasion d’être dans l’espace public, de claironner notre existence, notre savoir-faire », glisse Roland Alberto, gérant de l’Odeur du temps et président de l’association. Ainsi que leur « diversité », à découvrir au cours d’Estienne d’Orves, souligne Marie-Dominique Russis. « Chaque libraire a sa personnalité (architecture, essais, jeunesse, BD, arts et petite édition) ils peuvent inviter des auteurs sous leurs chapiteaux. Cette diversité à proximité du centre-ville est ainsi mise en valeur. »
Le festival en lui-même étant cependant pour plus de cohérence concocté par trois des libraires, qui suivent un thème, cette année Frontières en mouvement. « L’idée est de mettre en exergue la porosité des frontières entre disciplines, explique-t-elle. Nous avons par exemple eu mercredi une projection avec le FID (festival international du documentaire, ndlr) d’Eric Pellet, qui crée des images à partir de textes de Jean-Marie Gleize. Dimanche ce sera littérature et danse : comment travaille-t-on le rapport au corps au travers des mots… »
Plus que les centres commerciaux, la pression foncière inquiète

Avec encore une fois la patte des 19 : « La programmation n’est pas forcément dans l’actualité. C’est justement le fond du métier de libraire indépendant de continuer à conseiller des livres qui ne sont pas sous les feux des projecteurs, d’inviter à faire un pas de côté », justifie-t-elle. Une vision qui n’est pas menacée par les projets de centres commerciaux (extension du Centre Bourse, Terrasses du port, Vélodrome, Capelette) ? « Ce ne sont pas vraiment des concurrents, même pour Maupetit qui par sa taille est un peu différent des autres librairies indépendantes », tranche Roland Alberto.
« Leur manière de faire de la librairie n’est pas la notre : ce serait plutôt vendre 1000 fois le même livre, car c’est là qu’on peut faire de la marge, nous c’est vendre 1000 livres différents ». Dans ce « savoir-faire », cette différence que les Littorales visent à « claironner », il ajoute « la stabilité et la qualification du personnel, la qualité de notre conseil et le panel beaucoup plus large de notre offre ».
Toutefois, « on souffre depuis du mépris des équipes municipales depuis 15 ans, déplore-t-il. Son inquiétude ? « Il y a une pression foncière énorme mais aucune soutien municipal, contrairement à Bordeaux ou Paris qui s’intéressent au maintien des acteurs culturels à faible marge. La ville entière est à vendre et dans 20 ans plus aucune librairie ne pourra honorer ses loyers », pronostique-t-il. Contactée, la mairie de Marseille n’a pour l’instant pas donné suite à notre demande d’entretien.
Un lien Le programme complet des Littorales
Un lien La liste des membres des associations Libraires à Marseille et Libraires du Sud (structure régionale)

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