dimanche 26 février 2012

"Marsactu chez les gones" : réflexions d'un " Lii Ô néé " et G ô ding... il aimeuh Mâârseille, mais là, il est fââtiguééé (con..!) »(*)

Gérard Collomb " Marseille est le seul port de Lyon"

A Lyon, là où on ne plaisante pas avec la bonne chère, nous sommes allés demander aux responsables de la ville de nous parler de Marseille et de faire le point sur la collaboration entre les deux grandes villes du sud-est. Bon appétit !


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Dès la mise en bouche, impossible d'éviter le port, le Rhône et l'envie d'en faire plus ensemble. On ne pouvait passer à côté de Guérini que Collomb avait soutenu en 2008 : embêté, il pense que c'est d'abord aux PS local de prendre ses responsabilités. Un soupçon de grèves de 2010, attendu mais de bonne guerre, arrosé de 2013 et de la déception du monde culturel lyonnais qui trépignait d'envie de se montrer au monde. Tout ça donne envie d'en savoir plus, on sent des pointes d'intérêt mêlées à de la déception face à une ville qui pourrait être une alliée, à condition qu'elle se bouge un peu plus.

Pour l'entrée, nous faisons le tour des ambitions lyonnaises en compagnie du maire-VRP de l'année : Gérard Collomb. Confluence, Part Dieu, Gerland... la ville regarde vers l'Europe et le monde, Barcelone, Milan, Manchester. Mais pas de Marseille dans les présentations qui enchaînent les classements, études de cas, collaborations et projets. Du côté de la chambre de commerce, Robert Natali (président de la commission aménagement du territoire) admet que Lyon avait depuis toujours fait passer son ouverture au monde par le Rhône et Marseille, ce qui était de moins en moins le cas avec l'essor de l'aéroport et du hub ferroviaire à la Part Dieu. L'ambition de Lyon n'est plus française, même si elle a besoin de s'appuyer sur les autres métropoles régionales pour peser face à Paris. D'ailleurs...

Marseille, Lille et Lyon, des « métropoles d'intérêt européen »

En plat de résistance, Gérard Collomb nous propose sa contribution à un Acte III de la décentralisation (remis à François Hollande) qui devrait séduire les responsables marseillais : un transferts de compétences massif vers les régions et mises en place de Métropoles d'Intérêt Européens à Marseille, Lyon et Lille, qui récupéreraient toutes les compétences du conseil général, plus certaines du conseil régional renforcé (innovation, université, recherche...)...

Parce que comme Marseille, Lyon a besoin de plus de ressources pour son développement, le maire prend l'exemple des transports :

« Quand le Sytral (RTM lyonnaise) investit 1 milliard d'euros, l'Etat met 25 millions... c'est ridicule ! »

En accompagnement, métropole ou pôle métropolitain Gérard ? Lyon s'est décidé, ce sera un pôle métropolitain, c'est d'ailleurs lui qui en est l'inventeur, un choix pragmatique pour rallier plus large : « Saint-Etienne n'aurait jamais intégré une métropole lyonnaise ! ». Et pourtant il fallait avancer rapidement sur des dossiers tels que les transports, la recherche ou le développement économique. Quant aux débats qui opposent CCI et ville de Marseille à MPM et Aix, lui sont-ils familiers ? « Ça vient d'être voté à l'unanimité moins deux abstentions, l'idée n'a pas fait débat ici ».

Selon Rue89, l'UMP a quand même qualifié le projet de « structure bâtarde »... avant de se rallier. Peut-être car opposition et majorité se sont entendus pour « avancer lentement mais sûrement » comme on adore dire ici. En effet, à tous les écouter, on ne peut pas s'empêcher d'imaginer que ce pôle n'est qu'une étape vers une métropole plus intégrée : le maximum acceptable pour faire entrer les autres dans le jeu collectif... en attendant la suite.

« Marseille est le seul port de Lyon »

La suite, pour l'instant, c'est le fromage, et là non plus, on ne plaisante pas : retour aux fondamentaux. Le port reste le premier axe de coopération entre les deux villes, et tous le répètent comme pour rassurer le GPMM : Marseille est et reste le seul port de Lyon... « S'il est en état de fonctionner » précise taquin Jean-Phlippe Hanff, délégué général au développement économique du Grand Lyon. Et même si Gênes et Barcelone sont des alternatives toujours plus accessibles, c'est vers Marseille et Fos que la CCI de Lyon suggère d'augmenter les capacités en priorité, notamment fluviales et ferrées.

Autour de cet axe portuaire, Gérard Collomb aimerait aller plus loin, à condition qu'il y ait une volonté des deux côtés. Ce que confirme Robert Natali pour la CCI lyonnaise : « d'abord parce que si l'on pense à l'échelle du monde, nous sommes dans la même région, et parce que nous partageons le besoin de peser plus face au pouvoir central ».

Robert Natali voit en outre des domaines dans lesquels Aix et Marseille présentent un intérêt évident pour eux : la pétro-chimie, la micro-électronique, l'aéronautique, le nucléaire... La chambre va jusqu'à présenter une métropole multipolaire organisée autour de Lyon, qui s'étendrait de Dijon à Marseille. Le grand delta du Rhône de Raymond Barre ? « Ridicule ! » pour Jean-Philippe Hanff :

« Marseille ne peut pas être la banlieue de Lyon ! »
La précédente collaboration : la charte Lyon – Marseille

Surprise pralinée pour le dessert : si on resservait cette charte signée dans les années 90 entre les deux villes pour justement obtenir plus de décentralisations d'institutions publiques et donner vie à ce Grand Delta ? « Ça n'a jamais fonctionné » tranche Gérard Collomb, qui y a mis fin peu après son arrivée.

Retour vers les années 90 avec Nicolas Maisetti, chercheur en sciences politiques : les responsables marseillais observent que sur une période donnée, Lyon obtient 80 décentralisations publiques là où eux n'en arrachent qu'une. Afin de devenir plus performants, ils aimeraient bien s'inspirer du savoir-faire lyonnais en la matière, incarné par le dynamisme de l'ADERLY. Ce qui tombe bien, puisque très intéressés par ce « Grand Delta du Rhône », les élites lyonnaises cherchent déjà à collaborer avec Marseille.

A écouter Nicolas Maisetti, on comprend que Lyon a de quoi être déçu de cette première collaboration. Les premières années se passent bien, on transfère du personnel, échange des compétences, et lorsqu'un établissement public est décentralisé, il va tantôt à Lyon, tantôt à Marseille. « Tout allait bien tant que Marseille ne demandait rien », mais le torchon va brûler lorsque les deux vont se battre pour accueillir Ubifrance et que Marseille va l'emporter. « Les lyonnais n'y ont pas vu un échange de bonnes pratiques, mais un transfert unilatéral de compétences », on comprend mieux leur enthousiasme mesuré.

A la fin du repas, même si ça ne fait pas, on a envie de demander la recette au Chef puisque Lyon est tellement souvent cité en exemple. Bien sûr il refuse, mais au détour d'une histoire, il nous livre quelques mignardises pour la route.

Jeune élu du très désindustrialisé 9e arrondissement en 1977, Gérard Collomb y applique une recette qu'il récite telle une maxime « les territoires ne peuvent revivre que si on y fait revenir de l'économie. Comme avec une huître, il faut trouver l'élément autour duquel la nacre peut prendre ». Chez lui, les éléments seront Infogrammes et Atari, futurs fleurons du jeu vidéo français. Au-delà du principe, cette phrase illustre bien le ressenti du travail à la lyonnaise : une impression permanente de logique, de travail par étapes et de bon sens. Et un proche de conclure en off

« A Marseille, il faudrait un maire qui fasse ce que Collomb a fait à Lyon, quelqu'un qui ait une vision, qui remette tout à plat. Et Gaudin... il aime Marseille, mais là, il est fatigué »

 (*) pas si sûr tout ça..!

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