jeudi 9 février 2012

Grève des inspecteurs du travail après le suicide de deux collègues

Par A. l'AFP
Publié le 08/02/2012


Des inspecteurs du travail étaient en grève mardi 7 février 2012 dans tout le pays, pour réclamer "la reconnaissance immédiate" du suicide de deux de leurs collègues en accident de travail, et l'arrêt des suppressions de postes, sources de souffrance au travail, selon les syndicats.
A Paris, plusieurs centaines d’agents – entre 200 et 300, selon les syndicats - se sont rassemblés devant le ministère du Travail à l’appel de 6 organisations syndicales, a constaté une journaliste de l’AFP.
Ils ont ensuite manifesté jusqu’aux locaux de la direction de l’Administration Générale et de la Modernisation des services (DAGEMO), où se déroulait un Comité d’hygiène et de sécurité ministériel (CHSM).
Ce CHSM était consacré au suicide de Romain L., inspecteur de 32 ans, qui s’est donné la mort le 18 janvier, ainsi qu’à l’enquête sur le suicide en mai dernier d’un autre inspecteur, Luc B.
Ce dernier, âgé de 52 ans et également secrétaire national du syndicat SNUTEFE-FSU, s’était donné la mort en se jetant dans la cage d’escalier de la DAGEMO.
Dans la capitale, les manifestants venus de différents départements, défilaient derrière une banderole noire sur laquelle on pouvait lire : « Suicides au ministère du Travail. Administration coupable ».
Accidents de service - « On est en colère, on est révoltés », a déclaré Pierre Joanny (SUD) aux agents rassemblés. « Nous réclamons que ces suicides soient reconnus comme accidents de service (équivalent d’un accident du travail pour les fonctionnaires, ndlr), et comme liés aux conditions de travail », ouvrant la voie à une indemnisation des familles, a-t-il précisé à l’AFP.
Plus généralement, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FP, SNUTEFE-FSU, SUD et Unsa) réclame :
  • l’arrêt des suppressions de postes dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP),
  • « l’abandon immédiat de tous les objectifs chiffrés », fixés annuellement aux agents
  • et « l’arrêt de la dévalorisation et la déstabilisation des agents comme mode de relations hiérarchiques ».
Pour M. Joanny, « il faudrait doubler le nombre des agents de contrôle ».
24,55 % de grévistes selon le ministère - Le ministère du Travail a estimé le taux de grévistes mardi à 24,55 %. Selon les dernières données disponibles, la France compte 2 190 agents de contrôle dont 767 inspecteurs, soit un agent pour 8 345 salariés.
Venu depuis Bordeaux, Julien Riboulet (CGT), inspecteur de 34 ans, a déploré lors du rassemblement parisien les « moyens dérisoires » alloués aux agents pour aider les salariés, évoquant un « effet miroir » auquel ils sont confrontés face au « désespoir des salariés ».
Sa collègue Annabelle Crochu (SUD), venue de Picardie, a dénoncé un « management qui occulte l’humain » et une politique du chiffre axée davantage sur le quantitatif que le qualitatif, avec quelques 200 interventions imposées par an.
A Marseille, ils étaient plusieurs dizaines de grévistes venus accompagner une délégation à la préfecture, certains arborant un brassard « en deuil ». « Nous sommes inquiets. De plus en plus de collègues ‘disparaissent de la circulation’, et l’on apprend que l’un est en dépression, qu’un autre s’est effondré en AG. Alors que nous-même sommes censés suivre et contrôler ce genre de problèmes ! », raconte Guy Garaix, contrôleur du travail.
Selon les syndicats, au moins deux autres inspecteurs se sont suicidés ces trois dernières années pour des faits liés au travail

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