Louis Schweitzer : «On veut fragiliser la Halde»
Mots clés : FRANCE, Louis Schweitzer, Halde
Par Cécilia Gabizon
06/09/2010 | Mise à jour : 19:30 Réactions (118)
«La Halde n'a pas que des amis. Elle a suscité l'hostilité de certains politiques, en prenant position sur des dispositions de la loi Hortefeux sur l'immigration», souligne Louis Schweitzer. Crédits photo : Le Figaro
INTERVIEW - Répondant aux critiques de la Cour des comptes sur l'institution, son ancien président défend son bilan.
«Opacité des comptes», «marchés à la limite de la légalité»… Un rapport intermédiaire de la Cour des comptes qui a fuité dans la presse ce week-end met durement en cause la gestion de Louis Schweitzer à la tête de la Halde de 2005 à 2010. L'ancien président, dénonçant des «accusations infondées», s'explique dans Le Figaro.
LE FIGARO. - La Cour des comptes épingle un budget de communication de 6,2 millions. Que lui répondez-vous?
Louis SCHWEITZER. - Je suis choqué que ces éléments intermédiaires paraissent dans la presse. Ils mettent en cause l'institution et ses agents. Le procédé est d'autant plus malhonnête que les réponses apportées par la Halde, elles, ne sont pas publiées. Ces accusations sont infondées. Nous avons volontairement consacré un très important budget à la communication en 2006 pour faire connaître la Halde, tout juste créée, aux victimes de discriminations. Nous avons dépensé presque 3 millions (29% du budget). En 2007, nous y avons consacré 1,8 million (15% du budget), puis 1,2 million en 2008 et enfin 826.000 euros en 2009. Les dépenses annuelles de communication ont donc été divisées par trois, une fois la notoriété acquise.
La Cour juge cette communication peu efficace.
Tous les indicateurs prouvent le contraire. En 2006, 16% des Français nous connaissaient, contre 54% en 2009. Nous sommes passés de 1400 réclamations à 10.500 sur la période. Par ailleurs, tous les contrats ont fait l'objet d'appels d'offres absolument transparents.
Comment expliquer alors les sévères critiques de la Cour des comptes?
Je regrette un manque de neutralité dans les termes. Mais il faut attendre de voir le rapport final. Quant aux fuites, elles servent ceux qui veulent fragiliser la Halde, alors que les députés doivent se prononcer prochainement sur une fusion avec le Défenseur des droits. La Halde n'a pas que des amis. Elle a suscité l'hostilité de certains politiques, en prenant position sur des dispositions de la loi Hortefeux sur l'immigration, dont les tests ADN. C'était pourtant notre mission. La Halde doit normalement être consultée sur tous les textes ayant trait à la discrimination au sens large. Enfin, nous avons également organisé un testing sur la discrimination à l'embauche dans les entreprises du CAC 40 qui nous vaut des rancœurs tenaces.
Ce testing a été mené par la société d'un des membres du comité consultatif de la Halde.
Nous avions fait deux appels d'offres infructueux. Arirs était la seule société qualifiée qui s'est présentée. Il n'y avait pas de conflit d'intérêts. Ce comité n'a aucun pouvoir de décision et n'intervient pas dans la gestion. Les entreprises, prévenues, ont amélioré leur processus de recrutement. Depuis, 27 entreprises s'auto-testent chaque année, preuve que l'instrument est utile.
Les magistrats dénoncent des locaux surdimensionnés et un loyer exorbitant.
Le bail a été signé en janvier 2005, par la ministre Nelly Olin, deux mois avant ma nomination. Un bail de neuf ans ferme, non négociable. Depuis nous avons essayé de réduire le loyer. France Domaine, le négociateur de l'État, s'y est attaché, tout comme Éric Woerth qui a écrit personnellement au propriétaire, Unibail, lorsqu'il était ministre du Budget. Sans succès. Le loyer est élevé mais la surface n'est pas disproportionnée. Nous disposons de 11,60 mètres carrés de surface utile par personne, contre 18 en moyenne dans l'administration!
La Cour juge également les salaires trop élevés.
Les gens qui travaillent méritent d'être payés. Je n'ai moi-même pas voulu être bénévole, car mon activité à la Halde n'était pas une bonne œuvre mais un véritable travail. J'ai renoncé à un salaire mais je percevais une indemnité annuelle de 75.000 euros
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