jeudi 19 juillet 2012

Heures sup' : une fin d'exonération douloureuse


H

Elle affecte le pouvoir d'achat de 9 millions de salariés du privé et de la fonction publique. Particulièrement ceux des entreprises du bâtiment et des transports, guère en situation de compléter le salaire.
Au siège des transports Guisnel Distribution (800 salariés), à Dol-de-Bretagne, la première réunion des négociations salariales annuelles avait lieu lundi. Juste le jour où les députés examinaient la fin de l'exonération des charges sociales et fiscales sur les heures supplémentaires. Béatrice Montey, la directrice générale, a jeté un froid en estimant que, de ce fait,« les conducteurs vont perdre 50 € à 100 € par mois, une comptable 35 € et un technicien de quai 27 € ». Les entreprises de transport dérogent en effet aux 35 heures, les techniciens de quai font 37 heures par semaine, les conducteurs jusqu'à 230 heures par mois.
De leur côté, les délégués du personnel ont calculé le supplément d'impôt que les conducteurs devront payer compte tenu de la fin de la défiscalisation : « Au total, on va perdre l'équivalent d'un treizième mois », s'alarme Éric Delahaye (CFDT). Il espère obtenir « une petite compensation » de l'entreprise. Qui objecte qu'elle « perd de l'argent sur l'activité meubles car il y a beaucoup de dépôts de bilan chez les fabricants ». Sur le fond, Éric Delahaye pense« qu'on a vécu au-dessus de nos moyens du fait du dispositif heures sup', mais il aurait fallu trouver un moyen terme plutôt que l'annulation complète. Là, on attaque le pouvoir d'achat de l'assiette. 27 € pour un technicien de quai, c'est énorme ! »
« Normal de partager »
À l'agence Pôle Emploi de Rennes-Centre, Mickaël, 44 ans, manutentionnaire en recherche d'emploi, a goûté lui aussi aux heures sup'survitaminées, pendant des missions d'intérim. « C'était intéressant pour le patron et pour le salarié, se souvient-il. Ceci dit, je suis tout à fait d'accord pour qu'on oblige les employeurs à embaucher s'il y a du travail. Il n'y en a pas pour tout le monde, c'est normal de partager. »
Dans l'entreprise de BTP Legendre, dont le siège est à Rennes, la mesure va toucher 1 050 des 1 150 salariés. « Tous ceux qui ont un rythme hebdomadaire, explique le patron Jean-Paul Legendre. Nos ouvriers font des murs. Il faut décoffrer, recoffrer, ferrailler, couler le béton... En sept heures, on n'y arrive pas. » Ils travaillent donc 39 heures. La 39e heure donne droit à des RTT, les trois autres sont payées en heures sup'. « Pour un compagnon qui gagne 2 070 € brut, cela fait 38,50 € de perdu, 424 € par an, détaille le PDG. S'il est imposable à 10 %, il va devoir payer 220 € d'impôts en plus. »
Jean-Paul Legendre n'imagine pas pour autant changer l'organisation de l'entreprise. Pas d'embauches supplémentaires donc, « mais une perte de pouvoir d'achat pour les salariés »,qui sera difficile à compenser : « Il faudrait augmenter le salaire brut de 2,10 %, ce qui nous coûterait 820 000 €. »
Françoise Régnier, déléguée du personnel CFDT à BCM Cosmétiques (Vitré), fait toutefois observer que les heures supplémentaires sont prises en compte dans le calcul de la Prime pour l'emploi, « les heures sup' faisaient perdre aux petits salaires proches du Smic au moins la moitié de cette prime. »
Even VALLERIE. (source :/http://www.vannes.maville.com/)

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