lundi 16 juillet 2012

Eau et assainissement: " Vive le service public!" (pas à Marseille pour MPM semble-t-il...?)

L'eau fait débat, la régie publique (devrait)reprend(re) vigueur


L'eau potable est devenue un enjeu majeur. De quoi provoquer de grands écarts du prix.
Tandis que Saint-Malo et Brest-Métropole reviennent à une gestion publique, Guingamp y pense.


Zone de Texte: Prix moyen du m3 d'eauZone de Texte: z L o
o
Zone de Texte: Source : SMG35, Syndicat Départemental du Morbihan,
Observatoire de l'eau des Côtes-d'Armor, Conseil Général du Finistère.
Zone de Texte: Chiffre 2011 : Côtes-d'Armor et Morbihan Chiffre 2010 : Finistère et Ile et VilaineZone de Texte: René Couanau, maire de Saint-Malo : « Vive le service public ! »Enquête
'Une moyenne à la louche
En moyenne, les Français payent leur eau 357 €/an (en y incluant taxes diverses et assainissement). C'est 57 % de plus en quinze ans, à rai­son d'une hausse de 3,3 % par an. De quoi pousser plusieurs syndicats et associations à réclamer que soit, enfin, instaurée « une tarification so­ciale comme pour l'électricité, à l'intention des ménages les plus fra­giles. Mais ce n'est qu'une moyenne, masquant de sérieux grands écarts. Ainsi les Bretons payent parfois leur eau beaucoup plus cher qu'ailleurs : 2,89 €/m3 à Paris contre 7,50 € à Pont-l'Abbé...
15,7 % de taxes
La facture reste très globale, pré­servant ainsi le maquis embrous­saillé qui entoure le prix français de l'eau. Globalement, la façture se di- .vise entre 44,5 % pour la distribu­tion, 39,8 % pour l'assainissement et 15,7 % pour diverses taxes et re­devances. Avec, là aussi, de grands écarts. Souvent justifiés : l'eau peut être plus ou moins chère à capter, traiter, acheminer, de lourds inves­tissements (dont l'assainissement) peuvent être réalisés ou envisagés, etc. Quant aux recettes, « elles vont à 41 % aux collectivités, à 40 % aux opérateurs privés et à 19 % pour
Il avait déjà beaucoup fait parler de lui, voilà un an tout juste, lorsqu'il a quitté les bancs de l'UMP à l'Assem­blée nationale... Rebelote un an plus tard. Décidément très libre, René Couanau a décidé que sa ville se sé­parait de Véolia pour revenir, en avril, à une régie municipale de l'eau.
Je suis un homme très pragma­tique », explique-t-il. Deux éléments ont pesé dans sa décision. D'abord
l'incroyable enchevêtrement » des délégations de l'eau dans le nord de l'Ille-et-Vilaine. « Tout est emmêlé... J'ai voulu stopper ce processus de dominos qui nous empêchait de re­négocier. » Bien vu. Car, dès qu'il a annoncé son intention de changer de délégataire, « aussitôt, on m'a proposé une baisse des tarifs de 20 % ! >, CQFD.
Et puis, il y avait aussi sa « convie‑
. tion personnelle ». René Coua‑
nau assure « ne pas avoir d'idéo
logie ». Loin d'être devenu un gau‑
chiste même s'il a pris ses distances
avec l'UMP, il constate ainsi que les


l'Etat et les Agences de l'Eau », précise Pierre Morin, directeur de la communication de Véolia (source BIPE/FP2E mars 2010).
Observatoire dans les Côtes
Au fait, à part les syndicats et asso­ciations de consommateurs, qui sur­veille ces prix de l'eau ? Pas l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, à laquelle chaque foyer breton verse une rede­vance (qui assure à 85 % son bud­get). Ni le Commissariat général au développement durable: il ren­voie vers son ministère de l'Envi­ronnement... qui n'en sait pas plus.
transports « c'est très compliqué... Franchement, c'est mieux de faire appel au privé. » Pour l'eau, en re­vanche. « rien de mieux que le ser­vice public ! » Ajoutant qu'il n'aurait jamais dit ça « voilà 15 ou 20 ans. J'ai évolué avec l'expérience... »
D'une incroyable complication !
D'ailleurs, de l'expérience, il lui en a fallu pour passer du privé au public. Car si rentrer dans une délégation de service public « c'est simple comme bonjour », à l'inverse pour en sor­tir « c'est d'une incroyable compli­cation ! Je pourrais écrire un bou­quin là-dessus... » Les administra­tions (telles que la chambre régio­nale des comptes) sont, en effet, extrêmement efficaces « pour ai­der les communes à se prémunir contre le privé ». Mais, dans l'autre sens, « elles restent très démunies pour nous conseiller dans l'élabo­ration d'un service public. C'est quand même un comble ! » Alors,


Localement, c'est - heureusement - beaucoup mieux suivi. Le conseil gé­néral du Finistère a ainsi mis en place un schéma départemental. Celui des Côtes-d'Armor s'est carrément doté d'un Observatoire. Le Morbihan, lui, a mis en place, début 2012, un syndi­cat qui contrôle la production d'eau de 238 communes et la distribution pour 119 communes. Enfin, le SMG 35, pour l'Ille-et-Vilaine (48 collectivi­tés sur 51) ne diffuse pas de chiffres.
Déficit de transparence
Pourquoi un tel » manque chronique de transparence », comme l'accuse
René Couanau, maire de Saint-Malo
« Vive le service public!" 
René Couanau a dû longuement se bagarrer pour bâtir sa régie munici­pale. Notamment pour obtenir que l'ancien délégataire privé lui « trans­fère les données des abonnés ». Il a fallu reprendre tout le personnel, etc-. Le tout, assure-t-il, est « vraiment un exploit ».


Bruxelles ? Pourquoi un tel « déficit de concurrence », comme le pointe la Cour des comptes (rapport de janvier 2011) ? Daniel Bideau (Que Choisir), qui vient de démissionner avec fracas de l'Agence de l'eau Loire-Bretagne, a son explication :
Le prix de l'eau reste à un niveau élevé sans ajustement à la baisse. La Cour des comptes et les autori­tés européennes ont constaté des écarts injustifiés entre consomma­teurs, industriels et, surtout, agri­culteurs... »
Saint-Malo, Brest, Guingamp
Ce qui peut amener, ici ou là, cer­taines collectivités à revoir leurs contrats d'affermage avec les trois grands groupes privés qui contrô­lent 70 % du marché de l'eau potable (en Bretagne, Véolia et Saur s'adju­gent la quasi-totalité de ce marché, quand Suez-Lyonnaise des eaux n'en détient que 10 %). Voire à franchir le pas et retourner vers le service pu­blic. Comme à Brest, ou Eau du Po­nant, société publique locale, a re­pris, en avril, la gestion à Véolia. À Saint-Malo, le maire René Couanau a de même décidé, en avril, de quit­ter Véolia pour revenir à une gestion directe par sa Ville. Ou encore Guin­gamp, qui l'envisage à son tour. Le retour au service public va-t-il faire école

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