mardi 31 juillet 2012

Cour Européenne des Droits de l'Homme :La France a manqué à son devoir de vigilance afin de prévenir le suicide d’un prisonnier vulnérable



Par A. Ralaidovy
Publié le 30/07/2012
L’affaire concerne le suicide en prison par pendaison d’un détenu condamné pour faits de violences avec arme. En l’espèce, le lendemain de son incarcération, étant polytoxicomane depuis plusieurs années, il put consulter une psychiatre, qu’il consule plusieurs fois par semaine. Quelques mois avant son suicide, il a fait plusieurs tentatives de suicides en quartier disciplinaire. Des actes d’automutilation, ainsi que son comportement à l’origine de la sanction disciplinaire auraient dû alerter les autorités sur la vulnérabilité de sa santé mentale. Par ailleurs, la Cour a pointé une absence de communication et de coordination entre le personnel pénitentiaire et les différents services médicaux appelés à intervenir auprès des détenus au sein de la maison d’arrêt ce qui relèvent de la responsabilité des autorités internes. Ces dernières savaient, près de 5 mois avant le passage à l’acte, le détenu était regardé comme ayant fait deux tentatives de suicide par pendaison.
La Cour devait donc s’interroger sur le fait de savoir si, dans ces conditions, les autorités françaises ont fait tout ce que l’on pouvait raisonnablement attendre d’elles pour prévenir le risque de suicide.
A cet égard, les juges strasbourgeois ont considéré que le comportement du détenu aurait dû alerter les autorités pénitentiaires et le personnel médical sur son état critique. Elle ajoute que le placement en quartier disciplinaire n’avait fait qu’aggraver la situation du détenu. Ainsi, les autorités auraient dû anticiper le suicide et mettre en place des mesures spéciales, telles une surveillance appropriée ou une fouille régulière. La Cour conclut qu’en manquant à leur obligation positive de protéger le droit à la vie du détenu, les autorités ont violé l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’Homme.


Références

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