mardi 10 mai 2011

"Oui, les syndicalistes se soucient de la vie au travail"

"Oui, les syndicalistes se soucient de la vie
au travail"
CFDT le 10 mai 2011
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Dans une tribune publiée dans Le Figaro
du 9 mai 2011, François Chérèque revient
sur le drame que constitue le suicide d'un
 militant CFDT de France Télécom.
Récemment, Rémy, salarié de France Télécom 
s’est donné la mort devant les locaux de
son entreprise, à Mérignac. L’émotion provoquée est
 bien sûrimmense chez ses collègues de travail, mais
 aussi chez les militants CFDT de la région, du fait de
 son engagement dans notre syndicat.
Ce suicide est le plus récent d’une série qui dure 
depuis trois ans dans cette entreprise. J’ai pensé qu’il était de
 mon devoir de demander des comptes sur ces événements tragiques
 aux dirigeants de cette entreprise, mais aussi aux représentants
 des actionnaires, dont le plus important est l’Etat.
Yves de Kerdrel, éditorialiste au Figaro, ne supporte pas mon interpel-
-lation. 
Dans une chronique insultante, il accuse même les équipes de la CFDT 
de n’avoir pas apporté de réconfort à notre camarade afin d’empêcher
 son acte désespéré. Soyons clairs : oui, les militants CFDT qui ont
 côtoyé Rémy éprouvent un sentiment de culpabilité face à ce suicide.
 A leur place, n’importe qui ayant du cœur ressentirait la même chose. 
Pour autant, ils ne sont ni coupables, ni responsables du geste 
de leur camarade.
Ma réaction publique d’indignation est renforcée par la lettre que Rémy
 a écrite il y a deux ans et qui mettait déjà en cause le mode de
 réorganisation de France Télécom ainsi que l’inhumanité des méthodes
 employées. Il est de mon devoir de poser la question des responsabilités !
Ce n’est pas pour rien que la direction actuelle de l’entreprise a reconnu
 un des suicides comme accident du travail, qu’un rapport de
 l’Inspection du travail d’octobre 2010 met en cause l’ancienne
direction et qu’une instruction judiciaire est ouverte.
A raison, le président de la République, a accusé plusieurs fois 
le capitalisme financier et ses exigences déraisonnées d’être 
responsables de la crise économique, parce que cela a failli
 mener l’économie mondiale à sa perte, pour des motivations
 uniquement lucratives et court-termistes. De mon côté, quand
 des drames de ce type se déroulent dans une entreprise 
rentable à laquelle les actionnaires demandent un surcroît
 de rentabilité qui me semble excessif, j’ai aussi le droit
 de soulever la question des responsabilités, au-delà 
de la seule direction de l’entreprise.
Les dérives financières du capitalisme peuvent être 
responsables de désastres économiques et sociaux comme
 pour la crise, mais peuvent aussi être responsables de 
drames humains.
C’est pourquoi nous demandons des comptes aux actionnaires 
de France Télécom sur les décisions qu’ils prennent et sur leurs 
conséquences sur le management et la gestion des ressources humaines.
 Je le fais au nom des adhérents CFDT de France Télécom mais aussi
 en tant que citoyen, légitime pour demander des comptes aux repré-
-sentantsde l’Etat à chaque fois qu’ils agissent dans une entreprise
 en tant qu’actionnaires. Ce que la CFDT refuse dans n’importe
quelle entreprise,il n’y a pas de raison qu’elle le laisse faire sans rien dire
 à partir de l’instant où l’Etat est actionnaire.
La CFDT ne fait pas que dénoncer, elle souhaite aussi construire des
 alternatives.C’est pourquoi nous avons lancé, une campagne sur la vie
au travail.Une trentaine d’entreprises et d’équipes syndicales vont mener
 des expérimentations sur ce thème, afin que performance et bien-être
 au travail aillent de pair. Hasard malheureux du calendrier, nous avons
 rendu cette initiative publique le matin-même du suicide de Rémy…
La souffrance au travail n’existe pas qu’à France Télécom. Dans d’autres
 entreprises, les salariés sont victimes d’organisations du travail 
qui génèrent de la souffrance. Nous devons dénoncer ces situations
 inacceptables. Notre tort serait de nous taire.
François Chérèque


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