jeudi 19 mai 2011



Emploi, protection sociale






17/05/11A Athènes, la CES change de visage Votre commentaire





Ce n'est pas un hasard si la Confédération européenne des Syndicats (CES) a choisi Athènes pour tenir son 12ème congrès qui s'est ouvert ce lundi. En cure de rigueur ininterrompue depuis des mois, la Grèce symbolise tout ce que combat l'organisation, qui veut faire passer l'Europe de "l'austérité à la prospérité". L'occasion aussi pour John Monks de passer le flambeau, après deux mandats comme secrétaire de la CES. Il est remplacé par la française Bernadette Ségol, familière des arcanes bruxelloises.



Secrétaire générale de la Fédération européenne des services "UNI-Europa", Bernadette Ségol n’a jamais milité dans un syndicat français. L'accueil aura été mouvementée pour la Française, puisque le congrès a débuté sous les huées du syndicat grec PAME dont les tracts affichaient le mot d'ordre "ETUC-CES bureaucrats go home". La branche syndicale du Parti communiste grec accuse l'organisation européenne d'être "un instrument du capital", au lieu de défendre les intérêts des travailleurs.

Un incident qui n'a pas tempéré les ardeurs du sortant John Monks, qui a fustigé dans son discours les politiques d'austérité qui se répandent dans toute l'Union : "ce que nous voulons, c'est donner une chance à la croissance. Les gouvernements européens doivent maintenir leurs dépenses et […] éviter de paniquer face aux marchés". Un contexte délicat donc pour la prise de fonction de la syndicaliste, active au niveau européen depuis plusieurs dizaines d'années.

En 2005, Bernadette Ségol appelait à voter oui lors du referendum sur le traité constitutionnel. C'est donc le choix de la continuité qu'a fait la CES, puisque la direction sortante avait également soutenu le TCE, et John Monks n'a pas manqué de rappeler hier qu'une "intégration européenne plus poussée pourrait permettre de sortir de la crise".

Comme les syndicats nationaux, la CES devra faire face au défi du renouvellement générationnel. Les travailleurs jeunes ne sont pas légion à être syndiqués, un fait qui s'explique par une précarisation plus grande leurs ainés, explique Bernadette Ségol. Un paradoxe alors même qu'en Grèce où se tient le congrès, c'est la jeunesse qui est en première ligne du mouvement social.



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Au troisième jour du congrès, la solidarité d’action autour du développement équitable et l’avenir des industries européennes en matière d’emplois durables ont monopolise les débats. Cette journée a également vu l’élection au poste de secrétaire générale de Bernadette Segol.



Approuvé à l’unanimité, l’orientation traitant de la solidarité d’action pour un modèle de productivité et pour un développement équitable et durable a néanmoins fait l’objet de nombreuses discussions. Pour la CES, la réflexion sur les perspectives industrielles et sociales ne peut se faire sans prendre en compte la dimension énergétique. « L’enjeu technologique ne se gagnera pas par ce que l’économie sera devenue plus verte. En revanche, une alliance syndicale pour un développement plus serein et respectueux de l’intérêt général est indispensable pour relancer une politique industrielle, une politique de l’emploi et une politique d’innovation », souligne John Monks.

Pour certains pays cependant, le sujet est épineux. Le syndicat polonais des mines (OPZZ) soulignait la nécessite de rendre compte de l’hétérogéniste d’une telle question en Europe. « Dans certaines régions, le passage à une économie plus verte risque d’être une question de survie économique dont on ne peut négliger les répercussions sociales ». Se félicitant du bon compromis trouvé par le syndicalisme européen, il rappelle que l’engagement de la CES à soutenir cette transformation des modèles de productivité doit se faire dans la durée, par le biais du dialogue social. « Face aux couts d’une telle transformation, financiers mais aussi en terme de reconversion, nos affilies ne nous pardonneraient pas de les laisser tomber, surtout a l’heure ou la concurrence internationale, et notamment celle de la Chine, est un véritable danger ».

Comme une réponse aux inquiétudes polonaises, la FGTB (Belgique) a évoqué dans une table ronde consacrée a l’avenir des industries européennes en matière d’emplois durables la transformation qu’a connue son pays, contraint il y a quelques années de fermer nombre de ses industries minières. « Le choix d’une telle transformation, qu’il soit national ou européen, ne peut se faire sans respecter conjointement l’environnement et les droits des travailleurs. Il est indispensable de prévoir des mécanismes de reconversion pour pas que cette transition vers une économie plus verte ne se traduise par une destruction massive d’emplois. Mais rappelons nous ces chiffres : si l’on passait de 20 a 30% de réduction de nos émissions énergétiques à l’horizon 2020, cela se traduirait par une augmentation de 5% de la croissance et la création de 6 millions d’emplois supplémentaires au niveau européen ».

Une femme à la tête de la CES

Cette journée a également vu l’élection au poste de secrétaire générale de Bernadette Segol, jusqu’alors a la tête d’Unieuropa (Fédération européenne des Services). Première femme à accéder à ce poste (avec 92,8% des voix), cette française tient sa détermination « de la vision claire que nous vivons un moment critique, voire dramatique, mais aussi un moment charnière de l’histoire européenne. Nous devrons nous opposer, sans compromis aux pratiques antisociales qui attaquent au cœur le syndicalisme, puisque ces pratiques s’en prennent aux salaires et aux systèmes de négociations. Il nous faudra avancer pas a pas – mais si possible, quand même, a pas rapide ! – vers l’objectif de faire du projet européen un projet social et d’assurer que la CES en soit entièrement partie prenante » a-t-elle déclaré.


Anne-Sophie Balle (à Athènes)




Le congrès en direct et en vidéo sur le site dédécié de la CES.


Photo : CES




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