MPM lance la concertation sur son plan climat
C’est un engagement pris par les 27 pays européens, et traduit en France dans le Grenelle : les collectivités de plus de 50 000 habitants sont tenues de réaliser un plan climat énergie territorial avant fin 2012. «Il faut lutter contre les causes humaines du changement climatique. Notre collectivité a été la première (en 2009, ndlr) des trente-cinq de la région Paca (concernées, ndlr) à s’engager dans un plan climat. Il s’agit d’une priorité stratégique. Inscrire la question du climat au centre des directives politiques du territoire dans le domaine des transports, de l’habitat, de l’industrie…». a reconnu Eugène Caselli, président de Marseille Provence Métropole (MPM). Jeudi, il a donné le coup d’envoi de la concertation publique sur le plan climat, au palais du Pharo.
Diagnostic alarmant
Concrètement, MPM doit s’engager selon la règle des «3×20» rappelée par Pierre Semeriva, vice-président chargé du dossier : diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici à 2020 par rapport à 1990 et une division par 4 d’ici à 2050, diminution de 20% des consommations d’énergie et porter la part des énergies renouvelables à 23% dans la consommation finale en 2020.
Comme tout bon médecin qui ne prescrit pas d’ordonnance sans une auscultation, MPM, avant de faire des propositions pour atteindre ces objectifs, s’est attaché à effectuer un diagnostic précis de l’état de son territoire. Résultat : 9 millions de tonnes équivalent CO2 par an (dont 30% engendrés par les transports et 25% par les bâtiments), soit 8,2 tonnes équivalent CO2 par habitant. Un chiffre dans la moyenne de Lille Métropole (8,45 millions de tonnes équivalent CO2 par habitant) et du Grand Lyon (6 tonnes équivalent carbone par habitant).
Sauf que pour ces résultats les émissions de la zone industrielle de Fos-sur-Mer n’ont pas été prises en compte. Avec elles, le bilan carbone du territoire devrait être multiplié par deux. Autre constat alarmant : le territoire de MPM ne produit que 1% de l’énergie consommée. Une dépendance qui pose problème quand un épuisement des ressources fossiles d’accès facile est prévu.
Quant aux conséquences climatiques, elle ne sont pas prévues que sur la banquise : à moyen terme, comme l’explique Vincent Moron, géographe au Cerege, si les choses restent en l’état, on assistera localement à une hausse des températures estivales de 3 à 5 degrés d’ici à 2050, une augmentation du niveau de la mer jusqu’à 1 mètre d’ici 2100 et à des précipitations plus violentes et des sécheresses plus fréquentes.
Des partenaires bienvenus
Mais comme le disait Eugène Caselli en début de séance : «ce n’est pas MPM qui règlera seule la question du réchauffement climatique du Sud-Est de la France». Du côté de la ville de Marseille, qui pour l’instant en reste à son plan climat municipal adopté en 2008 sans réel cadre contraignant, le Monsieur climat Bernard Susini a convenu que «les problèmes auxquels nous serons confrontés dans les années à venir ne pourront être traités au niveau d’une commune ou d’une communauté urbaine. Les dérèglements climatiques ignorent les savants découpages administratifs. Nous devrons apporter des réponses collectives (…) il n’y aura pas un plan climat de la ville de Marseille« . Reste à traduire ces paroles en actes avec le lancement du plan climat de la mairie.
Et une coopération avec la communauté du pays d’Aix, à l’heure où la naissance d’un pôle métropolitain est annoncé ? « Bien évidemement que cela doit être le cas », répond dans la foulée Jean-Pierre Saez, leur homologue de l’agglo aixoise, qui a lui même lancé la deuxième phase de son plan récemment. En avertissant tout de même que le plan climat ne pourra obtenir de résultats probants sans l’engagement de toutes les communes de MPM : «Ce n’est pas le seul président Caselli qui pourra faire avancer le «schmilblick» comme on dit, il faut qu’il puisse compter sur les 18 maires de la communauté de Marseille».
Des ateliers pour proposer
Les élus semblent donc prêts à la jouer collectif. En tout cas d’un point de vue théorique. Car si des pistes pour remédier au réchauffement climatique ont été évoquées, d’un point de vue pratique cela reste encore flou. Et en même temps c’est aussi l’idée de la concertation publique. Pour le concret, il faudra attendre le début des ateliers qui se dérouleront de mai à juillet. Au total dix ateliers sont prévus : trois thématiques (se loger, se déplacer, travailler), trois géographiques (communes de l’Est, du Centre et de l’Ouest de MPM), un atelier EPCI (établissement public de coopération intercommunale, comme MPM, le pays d’Aix ou d’Aubagne) limitrophes, un atelier interne aux services de MPM (fonctionnement et compétences), un autre spécifique conseils de développement et le dernier dédié au projet Euroméditerranée II, labellisé Eco Cité par l’Etat.
Un projet qui fournit les premières pistes sur lesquelles s’appuyer, comme l’a expliqué Franck Geiling, directeur d’architecture et d’urbanisme à Euroméditerranée : proximité et équilibre entre logements/activités économiques/commerces et services/équipements publics afin de réduire au maximum les déplacements en voiture, logements économes, utilisation de la ventilation et isolation naturelles… Un Livre Blanc des actions prévu pour septembre-octobre 2011.
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