Eau : Muselier déroule le tapis rouge à Caselli
Ouuuh la Parisienne
Visiblement tendu durant la réunion, Eugène Caselli se lève finalement et entame : « Je n’ai pas encore eu l’occasion de prendre la parole ce soir… Je vais donc me permettre d’être un peu plus long. » Les trois à cinq minutes par prise de parole qu’avait jusque là tenté de faire respecter Yves Blisson, le maître de cérémonie, volent en éclat.
Celui que Alexandre Guerini surnommait « Brushing » se lance dans un argumentaire digne d’un VRP de la Société des eaux de Marseille. Caselli assène quitte à tacler la régie de Paris créée par des socialistes et dont le PS13 a demandé le mois dernier à sa présidente Anne Le Strat de venir à Marseille afin de les éclairer sur son expérience (sans que le principal concerné y vienne, le choix était déjà fait ?) : « A Marseille, le prix de l’eau c’est 3, 15 € Et vous ? – Un euro, répond la Parisienne Anne Le Strat. Ouuuuuuuh dit la salle. 3 euros tout compris, reprend-t-elle. Aaaaaaaaah ! » Et Caselli de reprendre son monologue. Trop tard, le vrai débat aura duré une minute. Car, chose habile, il est prévu que celui-ci se termine à 20 h 30 et il serait heureux que le public ait le temps de poser des questions !
L’historien, le sociologue et la consommatrice lambda
Eh oui ! Pas de grand film sans happy end. Renaud Muselier le sait, lui qui entend bien faire de son Agora un des classiques de la vie politique du grand Marseille. Alors, tout a été calculé pour maintenir le suspense. D’abord, une succession de bonnes intentions au format « Talk show » (comprenez chacun son tour avec Yves Blisson dans le rôle du passe-plat) sur l’eau « bien rare et essentiel ». Dans les rôles titres et dans le désordre : Jean-Claude Gaudin (par vidéo interposée), historien en chef de l’eau dans la ville, Loïc Fauchon, patron du Conseil mondial de l’eau en poignant humanitaire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jacques Oudin, ancien et volubile président du Comité national de l’eau.
Puis tout s’enchaîne comme dans les meilleurs scénarios. Le scientifique, Denis Muzet de Médiascopie qui nous parle de l’importance de l’eau puis la journaliste conso soucieuse du meilleur rapport « qualité-prix », Marie-Jeanne Husset et Monique Cordier, présidente de la confédération des CIQ, en consommatrice « lambda » qui « même si elle n’a pas l’habitude de s’intéresser qu’à ce qui se passe devant chez elle » ne parle que de ça.
Verts cueillis à froid
Trois quarts d’heure et le débat n’a pas décollé quand Yves Blisson lance Laurence Vichnievsky, élue Europe Ecologie au conseil régional. Celle qui n’est pas une Verte historique a subi un entraînement intensif pour ce débat. « Heureusement, elle apprend vite », nous avait glissé mardi Michèle Poncet-Ramade, patronne des écologistes au conseil municipal. En plus, elle a eu quarante-cinq minutes de rab’ pour potasser ses fiches ! Et pourtant, la représentante écolo s’y colle à froid, et ça se sent. Brouillonne, elle tente une comparaison des plus hasardeuses avec le nucléaire. « Peut-être qu’il faut là-aussi une sortie progressive », lâche-t-elle quand ses camarades militent depuis des mois pour un retour immédiat au tout public. Une idée, nous apprend Michèle Poncet-Ramade, née d’une discussion avec Anne Le Strat.
Peu de temps plus tard justement, la présidente d’Eau de Paris sera la deuxième à porter le flambeau du public en revenant sur la création de cette régie. Mais quand le locataire du palais du Pharo dit sa préférence pour la délégation de service public tout contradicteur potentiel a déjà épuisé son temps de parole. Et c’est Martine Vassal, spécialiste UMP du sujet qui embraye, se permettant même de tacler le PS sur les affaires (Guérini, pas DSK, hein !) sous les vivas de la foule. Et confirme tout le bien qu’elle pense de la décision de Caselli.
Clap de fin
Deux questions de la salle plus tard et Renaud Muselier, qui savait qu’Eugène Caselli annoncerait sa décision « sans penser qu’il irait aussi loin », revenait, triomphant, pour se réjouir de la qualité de ce débat et le clore. Bruno Gilles pouvait s’esquiver tout sourire et une jeune responsable UMP remercier ses sympathisants d’être venus « faire la salle ». Loïc Fauchon, que l’on avait obstinément oublié de présenter comme le patron de la SEM, se dirigeait serein vers le cocktail et se refusait à tout commentaire.
Quant à Eugène Caselli, il rencontrait sa seule vraie contradiction alors qu’il quittait le débat. Interpellé sur le sort des provisions sur charges versées à la SEM (pour réaliser des investissements mais qu’elle n’a pas encore totalement dépensées) il glissait à l’oreille de son interlocuteur : « s’ils ont des principes, ils rembourseront » avant de partir souriant. Hier soir, rien ne pouvait contrarier le happy end.
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