SARKO PROGLIO 2 GRANDS AMIS
Piège en eaux troubles pour Véolia en 2011 à Marseille ?
Par Pierre BOUCAUD le 4 janvier 2011
Antoine Frérot PDG de Véolia
Le vice-roi de Marseille,
Bien moins connu que son prédécesseur, Henri Proglio, parti chez EDF, Antoine Frérot, polytechnicien de 52 ans a été nommé le 16 décembre dernier PDG de la multinationale Véolia ( ex Compagnie Générale des Eaux, ex Vivendi Environnement), après y avoir passé l’essentiel de sa carrière. Ce géant mondial de plus de 300 000 salariés et de 35 milliards d’euros, spécialisé dans les services aux collectivités locales dans les domaines des déchets, de l’eau, de l’énergie et des transports est très, très présent à Marseille, à Véoliand, comme disent quelques méchantes langues ( les Verts, les concurrents…). Si Antoine Frérot, à l’image du groupe qu’il dirige aime plus que tout la discrétion, il risque néanmoins d’être sous le feu des projecteurs phocéens en 2011. Revue de détail.
Que d’eau, que d’eau, que d’eau…
Le grand rendez-vous 2011 le lancement de l’appel d’offre géant pour la gestion de l’eau à Marseille qui concerne sa filiale la SEM ( Société des Eaux de Marseille), actuelle détentrice du contrat, présidée par le très influent Loic Fauchon, et contrôlée à 100% par Véolia depuis l’an dernier.
La SEM ( 1500 salariés, 365 millions d’euros de chiffre d’affaires) était jusqu’à présent détenue à 50/50 par Véolia et Suez. Mais Bruxelles avait tapé du poing sur la table, il y a quelques années, afin d’empêcher ce genre d’entente bien franco-française ( d’autres accords de ce type existaient à Paris par exemple) entre les 2 grandes multinationales du secteur, considérant que cela empêchait la concurrence et que c’était donc préjudiciable in fine au prix payé par les consommateurs. Après avoir fait les morts pendant de très longs mois, les 2 frères ennemis de l’environnement ont finit par devoir signer en France une sorte de Yalta où, à Marseille, Véolia a racheté les parts de Suez dans la SEM, en lui laissant au passage 100% dans La Seram ( la gestion des égoûts de la ville).
Du coup, redevenus concurrents, il y aura vraisemblablement un beau combat entre Suez et la SEM/Véolia et sans doute quelques autres grosses pointures en 2011, et 2012, date à laquelle le nouveau contrat sera définitivement attribué. A moins que d’ici là, au milieu de 2011, car après il sera trop tard, Marseille Provence Métropole ( MPM), la collectivité qui doit décider du choix du concessionaire, et son Président le socialiste Eugène Caselli, ne municipalise la gestion de l’eau, en la passant en régie publique, comme Delanoé l’a fait à Paris.
Cette belle utopie des verts marseillais et de quelques rares socialistes, dont Patrick Mennucci, le Maire du 1/7 arrondissement, faisait doucement sourire jusqu’à présent à Marseille . Pas de quoi stresser Fauchon, qui a pour lui soutien indéfectible de Gaudin et de la très grande majorité du PS local, dont il a été longtemps membre en tant que chef de cabinet de Gaston Defferre puis Maire de Trets. Pourtant les X et les énarques de l’avenue Kléber, siège parisien de Véolia Environemment, sont aujourd’hui un peu moins sereins.Car ils savent bien que, contrairement à l’optimisme de facade affiché par le Président de leur filiale marseillaise, la partie à plus de 350 millions d’euros annuels va se jouer très serrée et dans une ambiance médiatico-judiciaire particulièrement délètére pour la SEM/Véolia.
Guérini, Véolia, les liaisons dangereuses ?
Véolia, la SEM et Bronzo, leur filiale spécialisée dans les dêchets, se retrouvent en effet citées dans la quasi-totalité des marchés qui valent à Alexandre Guérini et à quelques autres d’avoir dû passer les fêtes de fin d’année à la prison de Luynes. Décharge du Mentaure, Marseille Provence Métropole . Bronzo, Bronzo. La Vautubiere, ex marché de Véolia. Même si dans aucun de ces dossiers la justice ne reproche quoi que ce soit à cette société, elle se serait sans doute bien passée de cette bien encombrante publicité. Si on ajoute les écoutes téléphoniques entre Henri Proglio et Alexandre Guérini publiées dans le Journal du Dimanche en fin d’année dernière, où le prédecesseur de Frérot, se payait ouvertement la tête ( et on est gentil) de Michel Vauzelle, le Président de la Région PACA, on a connu mieux comme stratégie de communication avant un appel d’offre public. Un Michel Vauzelle qui est d’ailleurs sorti de son flegme tout britannique ce matin lors de ses voeux à la presse , et ça ne lui arrive pas souvent, pour dire combien il avait été outré par les propos tenus par « ce patron d’une des plus grandes entreprises de France » à son encontre, et qui a « de drôles de relations ». Et surtout trés surpris que « personne ni à gauche ni à droite » n’ait réagit non plus. Et l’arlésien de plus en plus sec d’ajouter » sans parler des médias qui a par le Canard Enchaîné et un autre journal n’ont pas repris les révélations du JDD » la petite centaine de journalistes présents préférant à ce moment regarder le beau parquet de la salle de presse du Conseil Régional. » sans doute parce que Proglio est un des hommes les plus puissants de France ». Sans doute, oui.
Henri Proglio c’est l’ami de 20 ans d’Alex. On le serait à moins , il lui doit son immense fortune . D’abord en lui ayant vendu en 1989 une première société, Rodillat, spécialisée dans le nettoyage et l’assainissement, pour 7 millions 300 000 francs. Même si à l’époque Véolia s’appelait encore la Générale des Eaux, et qu’on on comptait en francs, ça reste une très, très belle affaire pour Alex. Mais bien modeste par rapport à celle de 2001, où Véolia va acheter, cette fois en euros, 25 millions la SMA, » Sud Marseille Assainissement » la deuxième société crée par Alex, et dont il avait 80% du capital. Il recevra donc 20 millions d’euros de cette vente , qu’il ira précieusement déposer en espèce, dans une banque au Luxembourg. Forcément. Un scénario qu’il aurait eu beaucoup de mal à faire avaler aux enquêteurs, qui s’étonnaient de ce paiement off shore, comme on dit chez Goldman Saks. Invoquant notamment une clause de non-concurrence qui l’empêchait d’apparaitre et aurait justifié cet encaissement luxembourgeois . Là non plus, Véolia n’y est pour rien directement, Alexandre Guérini pouvait bien faire ce qu’il voulait de sa petite fortune. Mais ça fait quand même mauvais genre aujourd’hui. Surtout qu’on se souvient aussi qu’à peu près à la même époque de la vente de Rodillat, ( entre 1990 et 1993) son frère Jean-Noël Guérini a été embauché de son côté comme « attaché de direction » à Sarp Industries, une filiale spécialisée dans les dêchets toxiques de … Véolia, Générale des Eaux à l’époque.
Suez contre Véolia la guerre de l’eau ?
Tout ça fait donc pas bien net à l’approche du renouvellement de cet immense contrat d’eau . Et puis pour ajouter à la confusion générale, le Forum Mondial de l’Eau, dont le Président n’est autre que Loic Fauchon, et qui sera largement subventionné par les collectivités locales marseillaises, se tiendra en 2012, à Marseille. Un bien curieux mélange des genres, qui commence à faire pas mal tousser, et pas que dans les rangs des élus d’Europe Ecologie/Les Verts.
La partie marseillaise est donc loin d’être gagnée pour Véolia et Frérot. A tel point que quelques uns, proches des Guérini, mais pas seulement, se demandent si toutes ces biens mauvaises nouvelles ne pourraient pas avoir été savamment distillées par le groupe Suez, qui serait assez fumeux de passer depuis des années pour le gabian de la farce des appels d’offre bucco-rodhaniens. Lors de sa garde à vue, selon Bakchich, Jeannie Perreti, la compagne d’Alexandre Guérini aurait même désignée, à côté de Renaud Muselier, Patrick Ouart, ex conseiller justice à l’Elysée, et administrateur du Groupe Suez, comme pouvant être le fameux » allié au sommet de l’état » de Muselier dans ce qu’elle considère être un complot politique, visant à empêcher son beau-frère Jean-Noël de devenir un jour maire de Marseille. Comme en parlait, mais sans le citer, son compagnon en juin dans le Nouvel Obs « celui qui a participé au montage de la lettre me présentant comme un gangster et qui a organisé et planifié l’action judiciaire, policière et médiatique dont je suis la victime ». Des accusations formellement démenties par l’intéressé, interrogé par Bakchich, et par Renaud Muselier » je ne connais pas vraiment Ouart, il n’a rien à voir avec tout ça, je ne l’ai rencontré que deux fois par hasard à l’Elysée », nous a t’il déclaré. Don’t acte, mais en tout cas à Marseille, la guerre de l’eau aura bien lieu en 2011.
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