vendredi 7 janvier 2011

Décharge du Mentaure:la petite fleur objet de toutes les attentions du CG13


Affaire Guérini : la petite fleur objet de toutes les attentions du CG13
Par Julien VINZENT le 7 janvier 2011


Une variété de liseron. Photo : JR Guillaumin.
C’est une parcelle d’un peu plus de quatre hectares à la longue histoire. Située sur le territoire de La Ciotat, elle était historiquement détenue par la famille Semaire, qui y avait installé une décharge « que l’on peut considérer comme sauvage », lançait en 2003 Alain Belviso, le président de la communauté d’agglomération Garlaban Huveaune Sainte-Baume (GHB, aujourd’hui agglo d’Aubagne). Une collectivité qui n’avait qu’un souhait : en finir avec cet héritage et surtout récupérer le terrain pour réaliser une extension de sa décharge voisine du Mentaure. Pour exploiter le futur site agrandi, elle avait même lancé en 2004 un appel d’offres, remporté par la SMA Environnement, société d’Alexandre Guérini.

A ce moment-là, la vente est quasi-bouclée, mais un différend apparaît avec une société immobilière qui a signé un contrat de location avec la famille Semaire. Un nouveau venu qui pour Alexandre Guérini est piloté par Bronzo, ancien exploitant du Mentaure. Toujours est-il que la procédure traîne en longueur, GHB peinant à finaliser la transaction. Ennuyeux, pour Alexandre Guérini, qui selon les éléments de l’enquête se serait démené auprès de la famille Semaire pour régler le conflit. Allant même jusqu’à assister à une réunion aux côtés de l’ex-directeur général des services de GHB Daniel Pinna, à qui il « donnait des ordres » a affirmé à La Provence, l’un des membres de la famille.

Préemption bien pratique

En 2006, alors que les négociations piétinent toujours, c’est le conseil général des Bouches-du-rhône qui débloque la situation en faisant jouer son droit de préemption au titre de la « préservation des espaces naturels sensibles et des paysages ». Si GHB s’en félicite, et s’empresse de racheter le terrain, que vient faire le CG13 dans ce dossier, se sont étonnés les enquêteurs ? Sur ce point au moins, Jean-Noël Guérini ne peut, comme il l’a fait lors de ses voeux à la presse, dénoncer des amalgames puisque sa collectivité est directement concernée.

Marsactu a donc profité de l’occasion pour l’interroger sur ce point. Le CG13 a agi « à la demande du préfet de Région » (Christian Frémont, actuel directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, ndlr), nous a-t-il assuré. Si la préfecture des Bouches-du-Rhône a bien publié une déclaration d’utilité publique autorisant le président de GHB à « procéder à l’acquisition, soit à l’amiable, soit à défaut, par voie d’expropriation » de la parcelle, on attend toujours un document – ou une déclaration de Christian Frémont – confirmant cette demande de préemption au conseil général.

Et, comme l’auraient suggérées les enquêteurs lors d’une audition d’Alexandre Guérini, le CG13 pouvait tout simplement laisser le soin à la commune de La Ciotat, où est située la décharge, de faire jouer son droit de préemption. Une remarque sur laquelle « Monsieur Frère » a séché. Peut-être parce que, si La Ciotat a finalement accepté l’extension, elle ne semblait pas à l’époque figurer parmi les plus chaudes partisanes d’une extension du Mentaure, comme en témoignent les débats au conseil de GHB. Et que la démarche du CG13 était donc bienvenue ?

Une jolie fleur dans une peau de vache

Mais au fait, que viennent faire les espaces naturels sensibles, motif invoqué par le CG13, là-dedans ? Si Jean-Noël Guérini ne s’est pas étendu sur ce sujet, Alexandre Guérini, a dû surprendre les enquêteurs lors de son audition, en leur révélant la présence sur le site du liseron duveteux, une plante protégée. Cela expliquerait tout, si seulement cette petite fleur, aussi connue sous le nom de liseron laineux ou pour les puristes convulvulus lanoginosus, avait besoin d’une décharge pour prospérer…

Même si, aux dernière nouvelles, le liseron est toujours présent autour du site puisqu’il fait partie des négociations autour du parc national des Calanques, il semble qu’il n’ait servi que de pretexte. Surtout que, comme le précise l’Atelier technique des espaces naturels, « les terrains acquis par le département doivent être aménagés pour être ouverts au public ». A part les ordures des Aubagnais et de six communes de l’Est de Marseille Provence Métropole, on n’est pas au courant de visites organisées au Mentaure. Malgré son nom rassurant, cette petite fleur, qui pour le coup fait furieusement écho à celle qui avait bloqué l’incinérateur de Fos-sur-Mer, pourrait bien donner des sueurs froides au CG13.

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