Après sa large victoire
au second tour de la primaire de la droite et du centre,
François Fillon va devoir préciser et affiner ses propositions pour le service
public, marqueur de son programme. Fonction publique, collectivités, éducation
: retour sur les principales idées de réformes concernant ces secteurs.
Quelles
réformes et surtout quel degré de réforme ? Au lendemain de la victoire
triomphale de François Fillon face à Alain Juppé à l'issue du second tour de la
primaire de la droite en vue de la présidentielle, intervenu le 27 novembre, de
nombreuses interrogations subsistent quant au projet de l'ex-Premier ministre,
qui a fait du service public l'un des axes forts de sa campagne. Alors que
beaucoup d'observateurs s'interrogent sur la faisabilité du programme et sur la
capacité à le faire accepter tel quel par toutes les composantes de sa famille
politique et surtout par les Français d'ici les cinq prochains mois, François
Fillon n'a pour l'instant donné aucun signe d'adoucissement ou d'inflexion.
Dans son
discours depuis son QG parisien, sur fond de “Fillon président
!", l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a déclaré avoir “le
devoir de vaincre l'immobilisme et la démagogie” et clamé que “la
gauche, c'est l'échec, l'extrême droite, c'est la faillite”. “La France ne
supporte pas son décrochage, la France veut des actes”, a-t-il dit en
fustigeant le “quinquennat pathétique” de François Hollande. Il
faut “repartir de l'avant comme nous ne l'avons jamais fait depuis
trente ans”, a proclamé l'ex-Premier ministre, promettant un “changement
complet de logiciel”. “Personne ne devra se sentir exclu d'une société que je
veux plus juste et solidaire (...). Rien n’arrête un peuple qui se dresse pour
son avenir.”
Le désormais
candidat de la droite et du centre à la prochaine élection présidentielle, qui
s'est engagé à n'accomplir qu'un seul mandat à l'Élysée, fait de la réduction
du nombre de fonctionnaires le marqueur de son projet. L'échéance courte de
2022 l'a incité à ne pas s'aventurer sur le terrain des institutions – qui ont
pourtant, estime-t-il, “plein de défauts” – pour se concentrer
sur ce qu'il juge essentiel. Peu de détails ont été donnés sur le fond et la
méthode, mais sur la forme, les objectifs sont affichés assez clairement.
Suppressions
de postes. Pour ramener
de 56 à 49 % le poids de la dépense publique dans le PIB, l’ancien Premier
ministre François Fillon entend ainsi réduire de 500 000 postes le
nombre d’emplois de fonctionnaires. Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy,
150 000 postes avaient été supprimés.
Temps de
travail des fonctionnaires. L’ex-Premier ministre propose d’augmenter le temps de travail des agents
publics à 39 heures hebdomadaires, contre 35 actuellement, “ce qui
représentera un gain de temps de travail d’environ 10 %”, affirme-t-il
dans son programme. Le député de Paris a aussi avancé l'idée de ne rémunérer
les 39 heures qu'au niveau de 37 heures, en évoquant des contreparties
sur les carrières et les conditions de travail.
Flexibilité
du statut et modernisation. François Fillon souhaite réformer “de façon à limiter les recrutements
de fonctionnaires sous statut aux missions dont la nature et la durée le
justifient”.
Jour de
carence. L'ancien
Premier ministre propose de revenir sur le sujet épineux du jour de carence
dans la fonction publique. Sur ce point, il souhaite réintroduire un jour de
carence en cas d’arrêt maladie. Pour rappel, l’abrogation du jour de carence, à
compter du 1er janvier 2014, avait fait repartir à la hausse le
nombre d’arrêts de courte durée, dans les collectivités locales notamment,
soulignait la Cour des comptes dans son rapport annuel sur les finances
publiques locales.
Harmonisation
des régimes de retraite. L’âge légal de départ à la retraite doit être porté à 65 ans. “Dans un
souci de justice et d’équité entre les Français”, l’ancien Premier ministre
de Nicolas Sarkozy entend inscrire dans la Constitution l’égalité des régimes
sociaux de retraite, et ce tout en appelant à un référendum.
Collectivités
territoriales. Entrée en
vigueur le 1er janvier 2016, la nouvelle carte régionale s’est faite
“sans concertation, sans réflexion prospective et sans véritable projet
territorial”, affirme François Fillon. Ce dernier souhaite en effet
s’interroger “sur l’opportunité d’abroger ces lois” de décentralisation
et poser la question de la fusion des départements et des régions par
référendum. L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy se prononce également
pour le retour du “conseiller territorial”, sorte de fusion entre le conseiller
régional et le conseiller départemental. Concernant les intercommunalités, dont
les nouveaux périmètres entreront en vigueur le 1er janvier
prochain, le candidat appelle également à la souplesse dans la constitution de
ces dernières. François Fillon souhaite aussi abroger le seuil minimal de
population nécessaire à la création des communautés de communes, fixé
aujourd’hui à 15 000 habitants, comme le prévoit la loi NOTRe.
Éducation. Le député Patrick Heztel, soutien de
François Fillon, l’assure : “Aucune répartition [des suppressions de
postes] n’a été effectuée. Il y aura des arbitrages le moment venu. Nous nous
réservons l’explication détaillée du programme pour la campagne
présidentielle.” Avec François Fillon, tous les enseignants du second degré
devront passer 4 heures de plus par semaine dans leur établissement, un temps
consacré “à de nouvelles formes de contact avec les parents, notamment dans
les secteurs défavorisés, pour expliquer la contribution qu’ils peuvent
apporter au succès scolaire de leur enfant”.
François Fillon veut laisser aux collèges et aux lycées la possibilité de gérer la totalité de leur dotation horaire globale pour mieux répondre aux besoins des élèves. Il a bien inscrit dans ses tablettes la “revalorisation des traitements”, mais elle se fera “en maîtrisant l’évolution de l’effectif, ce qui passe par un meilleur déploiement” des professeurs en poste dont les plus “méritants” se verraient offrir une “promotion accélérée”.
François Fillon veut laisser aux collèges et aux lycées la possibilité de gérer la totalité de leur dotation horaire globale pour mieux répondre aux besoins des élèves. Il a bien inscrit dans ses tablettes la “revalorisation des traitements”, mais elle se fera “en maîtrisant l’évolution de l’effectif, ce qui passe par un meilleur déploiement” des professeurs en poste dont les plus “méritants” se verraient offrir une “promotion accélérée”.
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