mercredi 4 novembre 2015

Enquête bien-être au travail 2015 : dans les collectivités locales, rien ne va plus !


Comme si le jeu n’en valait plus la chandelle… C'est l'inquiétant enseignement de notre enquête sur le bien-être au travail dans les collectivités locales, en 2015. Bousculés par les réformes et réorganisations, désabusés par les discours, les quelque 5000 fonctionnaires territoriaux qui ont répondu à notre enquête en ligne ont perdu confiance. Et misent sur des valeurs plus individuelles pour s’en sortir !

La méthode de l’enquête
Réalisé par La Gazette, le questionnaire de cette enquête nationale et annuelle sur le bien-être au travail dans la FPT a été proposé via Internet. Sans prétendre à la représentativité d’un sondage, cette enquête donne une photographie de l’opinion des 5000 agents qui ont spontanément répondu, tous statuts, secteurs et collectivités confondus, du 2 juillet au 31 août 2015. Afin de garantir la pertinence du résultat au regard du poids respectif de chaque catégorie, un redressement statistique a été opéré.
Comme chaque année depuis quatre ans, La Gazette a sondé le moral des agents territoriaux. Et comme chaque année, nous aurions souhaité pouvoir présenter les résultats de cette enquête dans un équilibre rassurant. Las… La rupture, que les analyses des éditions précédentes laissaient entrevoir, semble bel et bien consommée.
Certes, plus de huit interrogés sur dix affichent toujours leur satisfaction à travailler dans la FPT et deux sur trois apprécient leur collectivité. Mais cette cote d’amour accuse deux points de chute par rapport à l’an passé, trois fois plus même pour les cadres de catégorie A. Les réformes, les réflexions ministérielles, les observations de la rue Cambon ainsi que les mesures annoncées dans le cadre de la baisse des dotations de l’Etat laissent des bleus au cœur…du métier.

Repli sur soi

Flanqués donc d’un avenir professionnel qu’un tiers augure très incertain (toutes catégorie et collectivités confondues), mécontents à 70 % (80 % pour les agents de catégorie C) d’une rémunération pour laquelle l’attente demeure pourtant majeure, piètrement reconnus, notamment des élus dont 60 % déplorent l’indifférence, les territoriaux opèrent donc un « repli sur soi ». Et ne cherchent plus l’épanouissement professionnel – aujourd’hui en berne pour plus d’un sur deux – dans le seul accomplissement d’une mission de service public.
Les relations avec les collègues, et surtout, un bon équilibre entre travail et vie privée grimpent désormais aussi au top 3 de leurs souhaits, faisant de la qualité de vie au travail (QVT) la priorité des priorités 2016 pour plus d’un tiers d’entre eux, loin devant la qualité des services publics locaux, l’an dernier encore pourtant premier ex æquo audit classement.
Ultime preuve enfin, si besoin était, de ce changement de paradigme : plus de 6 agents sur 10 omettent dorénavant de citer la réduction des dépenses de fonctionnement parmi les actions à mener rapidement quand l’item recueillait un tiers de leurs suffrages en 2013.


Réduire les dépenses de fonctionnement
10
Non classé
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Qualité de vie au travail des agents
Maintien du pouvoir d'achat des agents
Qualité des services publics locaux
Réduire les dépenses de fonctionnement
Mutualiser des services entre collectivités
Se concentrer sur compétences obligatoires
Stabiliser les effectifs
1,62
Chercher d'autres modes de financement
2,58
4,66
9,02
82,11
Augmenter les ressources fiscales
Termes exacts des actions proposées : Maintenir la qualité des services publics locaux / Veiller à la qualité de vie au travail des agents / Garantir le maintien du pouvoir d'achat des agents / Stabiliser les effectifs à leur niveau actuel / Développer la mutualisation des services entre collectivités / Se concentrer sur les compétences obligatoires / Augmenter les ressources fiscales / Chercher d'autres modes de financement / Réfléchir collectivement au sein de l'administration aux moyens de réduire les dépenses de fonctionnement.

Préserver le climat social

Dans le contexte délicat qui est le leur, les collectivités doivent donc impérativement capitaliser sur ces valeurs pour préserver le climat social, et, surtout, la santé de leurs agents, dont 1/4 s’est déjà arrêté pour raisons professionnelles au cours de l’année écoulée. Or, s’ils sont moins nombreux que l’an passé en cela, 56 % des interrogés trouvent encore que le bien-être au travail s’est dégradé.
En attendant un désormais assez hypothétique accord national sur le sujet, les collectivités travaillent pourtant déjà à des politiques de prévention complètes allant vers des mesures plus larges d’amélioration de la QVT, Mais près d’un quart des répondants ignore s’il existe un tel dispositif au sein de sa collectivité, et lorsque c’est le cas, la moitié pense qu’il n’est pas adapté !
Comme chaque année, la balle est donc dans le camp des décideurs !
Traitement des données du questionnaire : Nadia Patel

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