Comme si le jeu n’en valait plus la chandelle… C'est l'inquiétant enseignement de notre enquête sur le bien-être au travail dans les collectivités locales, en 2015. Bousculés par les réformes et réorganisations, désabusés par les discours, les quelque 5000 fonctionnaires territoriaux qui ont répondu à notre enquête en ligne ont perdu confiance. Et misent sur des valeurs plus individuelles pour s’en sortir !
La méthode de l’enquête
Réalisé par La Gazette, le questionnaire de cette enquête nationale
et annuelle sur le bien-être au travail dans la FPT a été proposé via
Internet. Sans prétendre à la représentativité d’un sondage, cette
enquête donne une photographie de l’opinion des 5000 agents qui ont
spontanément répondu, tous statuts, secteurs et collectivités confondus,
du 2 juillet au 31 août 2015. Afin de garantir la pertinence du
résultat au regard du poids respectif de chaque catégorie, un
redressement statistique a été opéré.
Comme chaque année depuis quatre ans, La Gazette a sondé le
moral des agents territoriaux. Et comme chaque année, nous aurions
souhaité pouvoir présenter les résultats de cette enquête dans un
équilibre rassurant. Las… La rupture, que les analyses des éditions
précédentes laissaient entrevoir, semble bel et bien consommée.
Certes, plus de huit interrogés sur dix affichent toujours leur
satisfaction à travailler dans la FPT et deux sur trois apprécient leur
collectivité. Mais cette cote d’amour accuse deux points de chute par
rapport à l’an passé, trois fois plus même pour les cadres de catégorie
A. Les réformes, les réflexions ministérielles, les observations de la
rue Cambon ainsi que les mesures annoncées dans le cadre de la baisse
des dotations de l’Etat laissent des bleus au cœur…du métier.
Repli sur soi
Flanqués donc d’un avenir professionnel qu’un tiers augure très
incertain (toutes catégorie et collectivités confondues), mécontents à
70 % (80 % pour les agents de catégorie C) d’une rémunération pour
laquelle l’attente demeure pourtant majeure, piètrement reconnus,
notamment des élus dont 60 % déplorent l’indifférence, les territoriaux
opèrent donc un « repli sur soi ». Et ne cherchent plus l’épanouissement
professionnel – aujourd’hui en berne pour plus d’un sur deux – dans le
seul accomplissement d’une mission de service public.
Les relations avec les collègues, et surtout, un bon équilibre entre
travail et vie privée grimpent désormais aussi au top 3 de leurs
souhaits, faisant de la qualité de vie au travail (QVT) la priorité des
priorités 2016 pour plus d’un tiers d’entre eux, loin devant la qualité
des services publics locaux, l’an dernier encore pourtant premier ex
æquo audit classement.
Ultime preuve enfin, si besoin était, de ce changement de paradigme :
plus de 6 agents sur 10 omettent dorénavant de citer la réduction des
dépenses de fonctionnement parmi les actions à mener rapidement quand
l’item recueillait un tiers de leurs suffrages en 2013.Quelles priorités pour votre collectivité en 2015-2016 ?
Quelles sont les actions que votre
collectivité ou établissement doit privilégier en 2015-2016 ? Dans la
liste des actions proposées, les agents placent très largement en tête,
"veiller à la qualité de vie au travail". En 2014, "la qualité des
services publics locaux" était premier ex aequo...
Classée 1
Classée 2
Classée 3
Classée 4
Non classé
Réduire les dépenses de fonctionnement
10
Non classé
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Qualité de vie au travail des agents
Maintien du pouvoir d'achat des agents
Qualité des services publics locaux
Réduire les dépenses de fonctionnement
Mutualiser des services entre collectivités
Se concentrer sur compétences obligatoires
Stabiliser les effectifs
1,62
Chercher d'autres modes de financement
2,58
4,66
9,02
82,11
Augmenter les ressources fiscales
Termes
exacts des actions proposées : Maintenir la qualité des services
publics locaux / Veiller à la qualité de vie au travail des agents /
Garantir le maintien du pouvoir d'achat des agents / Stabiliser les
effectifs à leur niveau actuel / Développer la mutualisation des
services entre collectivités / Se concentrer sur les compétences
obligatoires / Augmenter les ressources fiscales / Chercher d'autres
modes de financement / Réfléchir collectivement au sein de
l'administration aux moyens de réduire les dépenses de fonctionnement.
Préserver le climat social
Dans le contexte délicat qui est le leur, les collectivités doivent
donc impérativement capitaliser sur ces valeurs pour préserver le climat
social, et, surtout, la santé de leurs agents, dont 1/4 s’est déjà
arrêté pour raisons professionnelles au cours de l’année écoulée. Or,
s’ils sont moins nombreux que l’an passé en cela, 56 % des interrogés
trouvent encore que le bien-être au travail s’est dégradé.
En attendant un désormais assez hypothétique accord national sur le
sujet, les collectivités travaillent pourtant déjà à des politiques de
prévention complètes allant vers des mesures plus larges d’amélioration
de la QVT, Mais près d’un quart des répondants ignore s’il existe un tel
dispositif au sein de sa collectivité, et lorsque c’est le cas, la
moitié pense qu’il n’est pas adapté !
Comme chaque année, la balle est donc dans le camp des décideurs !Traitement des données du questionnaire : Nadia Patel
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