Une plateforme participative
pour bâtir la CFDT de demain
Par A. S.
Jusqu'au 31 mars, tous les militants et
adhérents de la CFDT sont invités à débattre des pistes de solutions
identifiées pour améliorer le fonctionnement et la structuration de
l’organisation
« Chiche ! »,
avait lancé Laurent Berger en juin 2014 à la tribune du congrès de
Marseille. En jeu : les nombreuses interventions sur l’organisation
interne de la CFDT, ses lourdeurs, les redondances ou les insuffisances
dans l’accompagnement, les moyens, etc. « Collectivement,
réfléchissons, clarifions nos idées, échangeons, éventuellement
expérimentons, débattons pour en faire une évolution partagée et
positive pour tous », avait alors proposé le secrétaire général de
la CFDT. C’est l’objet du chantier « Améliorer notre fonctionnement et
notre structuration », qui a été lancé début 2015.
Un diagnostic, trois grandes thématiques
La plateforme est accessible à l’adresse participons.cfdt.fr.
Le diagnostic interne est téléchargeable sur l’espace logué du site www.cfdt.fr,
rubrique « Informations aux organisations », « Rapports et brochures »
puis « Améliorons ensemble notre organisation » et sera prochainement
mis en ligne sur la plateforme.
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La
première phase a consisté à établir un diagnostic interne détaillé,
élaboré sous la houlette d’un groupe du Bureau national et avec la
participation d’un groupe miroir de syndicats, à partir de plusieurs
éléments : une étude approfondie des missions des fédérations, unions
régionales interprofessionnelles et unions (Retraités, Cadres et
Fonctions publiques), des entretiens individuels avec 240 membres
d’exécutifs et une grande enquête auprès des équipes syndicales sur
leurs besoins et attentes, qui a recueilli 4 300 réponses. Ce
diagnostic, présenté au Conseil national confédéral de mai 2016, avait
fait ressortir trois grandes thématiques : « l’accompagnement des
militants, car certaines équipes sont insuffisamment préparées ou trop
isolées ; l’articulation entre les structures de l’organisation, qui
manque parfois de fluidité ; et, enfin, la nécessité d’adapter les
moyens à nos objectifs », expliquait le secrétaire national Thierry Cadart début novembre dans Syndicalisme Hebdo (no 3567). Et d’ajouter : « Si nous voulons être en capacité de relever les défis du syndicalisme du xxie siècle, nous devons répondre avec clairvoyance et courage aux défis que pointe ce diagnostic. »
C’est à cette fin que le Bureau national de décembre a validé des
pistes de solutions autour de six axes : faciliter la syndicalisation ;
mieux outiller et accompagner les équipes syndicales ; soutenir les
syndicats par une action des fédérations et des unions régionales ;
renforcer l’émancipation des militants et des adhérents ; développer la
coopération, la coordination et le travail en réseau ; s’engager
collectivement à faire de la formation un droit facile d’accès.
L’intelligence collective à la manœuvre
Pour
se mettre à la hauteur de l’enjeu, l’organisation a décidé d’innover en
proposant à tous les responsables, militants et adhérents de s’emparer
de ces sujets sur une plateforme collaborative. « Nous pensons que
c’est ensemble et avec tous les adhérents de la CFDT que nous trouverons
les solutions les plus pertinentes pour améliorer notre fonctionnement
et notre structuration », a écrit Laurent Berger aux secrétaires de
syndicat, qui ont eu la primeur, le 16 janvier, de l’accès à la
plateforme. Dès le 1er février et jusqu’au 31 mars, elle sera
également ouverte à tous les adhérents. Chacun pourra alors argumenter
et voter pour ou contre telle ou telle piste, mais aussi proposer ses
propres solutions. En suscitant le maximum d’interactions au sein de
l’organisation et « en faisant appel à l’intelligence collective, je
suis convaincu que nous nous donnons les moyens de faire remonter des
points de vue divergents, d’identifier de nouveaux besoins et de faire
émerger les meilleures idées », souligne Laurent Berger dans son
courrier aux syndicats. Les meilleurs contributeurs auront d’ailleurs
l’opportunité d’échanger avec le secrétaire général de la CFDT sur cette
évolution à venir de l’organisation.
Parallèlement
à la plateforme, une tournée des secrétaires nationaux est programmée
dans les fédérations et unions régionales. Si l’actualité revendicative
ne sera pas absente de ces temps d’échange, des ateliers relais
permettront d’approfondir telle ou telle piste envisagée, ou d’en faire
émerger de nouvelles. « Il s’agit de mobiliser l’ensemble de
l’organisation autour de cette démarche qui doit respecter trois
principes : reconnaître à chacun le droit d’avoir une opinion différente
et la respecter, favoriser la participation de toutes et tous aux
débats, n’exprimer aucun propos injurieux, discriminant ou contraire au
droit », insiste Luc Scappini, secrétaire confédéral responsable du
projet « Améliorer notre fonctionnement et notre structuration ». Pour
le reste, tout est permis, y compris décliner ces débats jusque dans les
syndicats et sections d’entreprise et d’administration. Un kit sera
d’ailleurs à disposition sur la plateforme.
Après le temps du débat, celui de la décision
À
l’issue de ce processus collectif de débat inédit, une synthèse des
débats sera publiée sur la plateforme fin avril 2017. Début mai, le
Bureau national apportera une réponse aux 50 propositions ayant obtenu
le plus de votes favorables. Car, rappelle Laurent Berger, « après le temps du débat viendra celui de la décision ». Au final, c’est bien le Bureau national de juin qui validera ensuite les propositions retenues et leur sort : « Certaines
seront inscrites dans le projet de résolution pour être soumises aux
délégués du congrès de Rennes, en 2018 ; d’autres seront immédiatement
mises en œuvre ; d’autres encore feront l’objet d’expérimentations », explique Luc Scappini. Dans tous les cas, elles serviront un triple objectif, celui d’« une CFDT plus proche, plus attractive et plus efficace ». À vos claviers !
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