lundi 15 novembre 2010

Prise illégale d'intérêt et détournement de fonds à Miramas en correctionnelle à Aix à méditer .(*)....


La culture que voulaient promouvoir à grands frais les anciens élus de Miramas, petite ville des Bouches-du-Rhône, n’a pas séduit la justice. Qui y a décelé détournements de fonds publics et prise illégale d’intérêts.

Dans le sud de la France, au pays des santons se cache une petite commune de 25000 habitants, où se sont produits les "plus grands jazzmen américains". Si si, promis ! Cela s’est passé à Miramas, en bordure de l’Etang de Berre, à en croire l’ancien maire du bled des Bouches-du-Rhône, Pierre Carlin. Renvoyé en correctionnelle pour prise illégale d’intérêts assorties de détournements de fonds publics et de recel, l’ex édile de 74 ans a fait cette grande révélation à la barre du tribunal d’Aix en Provence le 10 novembre dernier pour justifier l’étrange politique culturelle de la ville, de 2001 à 2004.


"Nous pensions que la seule solution pour nous était d’apporter à la population un peu de joie, en sachant que beaucoup de Miramasséens sont en grande difficulté financière ", dévoile Carlin. Qui, sitôt réélu à l’hôtel de Ville en 2001, s’emploie à rendre le sourire à ses administrés. Et à ses proches….

Retraité de la SNCF qui a fait dans l’animation de groupe foklorique et dans l’instruction de la musique provençale, Jean-Claude Hiacinthe est bombardé directeur des festivités de la mairie. Las, l’ancien responsable de l’association politique "Miramas d’avenir", qui a oeuvré à l’élection de Carlin, est un brin dépassé par ses nouvelles fonctions.

Une fois la pastorale créée, les bals organisés et une fête de la Saint-Jean annoncée, l’ancien cheminot arrive au bout de ses rails. Pour l’aider dans sa tâche ardue, un consultant en festivité est dégotté fin 2002, Jacques Vanhems, qui a fait ses armes « dans les milieux culturels comme chargé de mission dans…un comité d’entreprise". Ce charmant garçon partage avec son ami Carlin une lubbie, créer un musée du rail à Miramas, 3e gare de triage de France.

Espiègleries administratives
Afin d’éviter les foudres de la Cour des Comptes et de la Préfecture, qui ont mis Miramas sous surveillance budgétaire et interdit à son maire toute embauche, les joyeux drilles sont recrutés selon d’audacieuses procédures. Ils signent des contrats d’agents non contractuels, piges qui ne peuvent pas dépasser six mois, mais qui se prolongeront durant trois ans et demi. Et l’arrêté d’embauche du conseiller ès festivités mentionne qu’il remplacera…la cantinière municipale. Des espiègleries, dénoncées par les opposants au maire, qualifiés par une justice à l’oreille bien peu musicale de illégale d’intérêts.

« Je ne m’occupe pas de l’administratif, pour moi c’est de l’hébreu, se defend Carlin. Mon directeur des services s’est trompé ! » Réplique cinglante du procureur. « Se défausser sur le personnel, ce n’est pas courageux et pas joli ! » D’autant que d’autre erreurs administratives jalonnent la gestion de M. Le Maire.

Entre autres, la mise à disposition gracieuse d’une secrétaire de la mairie à son beau-père, Louis Francioli, alors conseiller général, durant trois ans. Un cadeau à 103 000 euros- sans compter la voiture également gracieusement prêtée- venu d’une commune pourtant sans le sou. Détournement de fonds publics ? « A mon âge, entendre parler de détournements de fonds publics ça m’offusque ! J’étais l’abbé Pierre de Miramas, j’aidais les gens ! Je n’aime pas gagner de l’argent je préfère en donner ! », s’indigne l’ancien élu cantonal, renvoyé à 83 balais devant la cour avec son gendre de maire. Qui se décompose à la barre. Et finit de s’avachir à l’évocation de son pot de départ de la SNCF.

Une surboum gratos
Pour sa célébrer sa retraite, le médecin Pierre Carlin organise une petite sauterie le 21 décembre 2001. 200 personnes invités au théâtre du coin, cocktails, petits four, traiteurs et personnel municipal réquisitionné. Le personnel des espaces verts assure la décoration, la police municipale, la sécurité. Et le service. "C’était ma femme et ma belle fille", proteste l’ancien maire…auquel aucune douloureuse ne parvient.

Les policiers ont tout juste retrouvé une facture de 22 893 euros, adressée à la mairie, pour les voeux de la nouvelle année 2002. Une cérémonie tenue 3 semaine après le cocktail du frais retraité organisée par le même traiteur et le même menu. Suffisant pour que les méfiants limiers soupçonnent une surfacturation.

Et le procureur de reprendre à son compte l’accusation. Avant de livrer son réquisitoire. Relaxe pour le conseiller culture, qui pianote sur son portable. 10 mois avec sursis pour Hiacinthe, le directeur des festivités. 2 ans de prison avec sursis pour l’ancien maire Carlin, un an pour son beau-père Louis Francioli. Les accusés encaissent difficilement la charge. Un "oh putain" est à peine étouffé. A l’énoncé des 164 000 euros de dommages et intérêts réclamés par la partie civile, la nouvelle mairie, Francioli pleure.

En chœur, les avocats réclament la relaxe pour leurs vieux clients. Verdict le 12 janvier. Date de grand frimas pour les anciens élus de Miramas.


(*) voir notre article du 20 janvier 2010 relatif au SANOP

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