mercredi 16 juin 2010

PREMIERES IMPRESSIONS PROJET REFORME JUIN 2010 RETRAITES


"Le projet du gouvernement ne répond à aucun des grands enjeux posés par la question des retraites"

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Le projet du gouvernement ne répond à aucun des grands enjeux posés par la question des retraites
Jean-Louis Malys, secrétaire national en charge des retraites, livre ses premières impressions sur le projet gouvernemental de réformes des retraires.

Comment analyses-tu le projet de réforme présenté par le gouvernement ce matin (mercredi 16 juin) ?

C’est un projet en trompe l’œil particulièrement injuste qui ne répond à aucun des grands enjeux posés par la question des retraites. Les mesures annoncées visent en effet à un retour à l’équilibre du système en 2018 sans proposer de réponse pour l’après 2018. Si ce projet n’est pas modifié, les moyens du fonds de réserve des retraites qui devaient permettre de faire face au déséquilibre démographique à partir de 2020 seront entièrement consommés d’ici là. Le gouvernement sauve les apparences au détriment d’une réforme de fond.

N’y a-t-il pas des dispositions dont la CFDT peut se réjouir ?

Le maintien des "carrières longues" ne doit pas faire illusion. Les quelques mesures "sociales" ne sont pas à la hauteur des enjeux. Ce projet est particulièrement injuste. Il est ainsi injuste aussi bien pour les seniors qui s’apprêtaient à partir à la retraite et qui vont devoir travailler plus longtemps que pour les seniors qui ne sont déjà plus en activité et qui voit le moment où ils vont pouvoir prendre leur retraite repoussé. Et il est inquiétant pour les jeunes générations car le financement de leur retraite n’est toujours assuré. Les exigences de la CFDT qui figurent dans le projet de réforme alternatif voté lors de notre dernier congrès sont totalement absentes. Il n’y a rien pour améliorer le niveau de retraite des femmes, rien sur les polypensionnés et les mesures annoncées sur la pénibilité ne correspondent absolument pas à notre vision de ce dossier. Le gouvernement médicalise cette question, sans prendre en compte les inégalités en matière d’espérance de vie.

L’analyse est sévère. Quelle va être l’attitude de la CFDT ?

Nous allons peser pour faire bouger ce texte afin que la loi qui doit être votée à la rentrée réponde réellement aux enjeux. Dans le projet actuel par exemple, 85 % des efforts sont demandés aux salariés. Le gouvernement ne fait appel à la fiscalité que pour 15 % alors que le COR (Conseil d’orientation des retraites) a bien montré que la crise économique est responsable de la moitié des déficits prévus. D’autres arbitrages sont donc nécessaires. La bataille ne fait que commencer. C’est pourquoi la mobilisation du 24 juin doit être massive.

Propos recueillis par Jérôme Citron

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