vendredi 4 juin 2010

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Paris à 750 euros d'amende pour propos racistes

PARIS (AP) — Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Paris à 750 euros d'amende pour des propos à caractères racistes prononcés lors de l'université d'été de l'UMP en septembre 2009 à Seignosse (Landes).
Le tribunal a requalifié le délit d'injures publiques à caractère racial visant M. Hortefeux en injures non publiques à caractère racial, une simple contravention de 4ème classe punie de 750 euros d'amende.
L'ancien ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale devra verser 2.000 euros de dommages et intérêts au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), partie civile, en raison de "l'effet délétère sur le lien social d'un tel propos quand il est tenu par un responsable de si haut niveau", a souligné la 17e chambre du tribunal.
L'un des avocats du ministre, Me Nicolas Bénoit, a annoncé son intention de faire "immédiatement appel" de cette décision qu'il a qualifiée de "juridiquement critiquable".
"Ce sont des propos inadmissibles qui ont été sanctionnés par le tribunal qui n'a pas ménagé ses mots et ses motivations pour stigmatiser la gravité de ces propos", s'est félicité de son côté l'avocat du MRAP, Me Pierre Mairat.
Des images de la chaîne Public Sénat avaient montré le ministre et le patron des députés UMP Jean-François Copé poser pour une photo en compagnie d'un militant d'origine maghrébine, Amine Brouch-Benalia. Alors que M. Copé taquine M. Hortefeux sur ses origines auvergnates, on entend discuter des personnes non visibles sur les images qui disent notamment: "c'est l'intégration", "lui, il parle arabe" ou encore "il mange du cochon, il boit de la bière".
"Il ne correspond pas du tout au prototype alors", remarque Brice Hortefeux, des propos pour lesquels il a été relaxé. Une femme déclare ensuite: "c'est notre petit Arabe". "Il en faut toujours un", poursuit le ministre. Et d'ajouter: "Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes".
Cette "affirmation, ainsi proférée, sous une forme lapidaire qui lui confère un caractère d'aphorisme, est incontestablement outrageante, sinon méprisante, pour les personnes concernées", note le tribunal qui relève qu'elles "sont présentées comme facteur de 'problèmes'".
Si le parquet avait reconnu le caractère raciste de l'un des propos, il s'était interrogé sur le caractère licite de la captation par une caméra des échanges entre responsables de l'UMP et des militants, estimant que M. Hortefeux n'avait pas souhaité que ses propos soient publics, ce qui ne pouvait caractériser le délit d'injure publique, mais simplement une contravention.
Le tribunal relève que l'attitude du ministre montre qu'il ne souhaitait "pas être entendu par d'autres que ce cercle de proches" puisque les propos font l'objet sur la vidéo d'une transcription, mais il estime cependant que cet échange "était exclusif de tout caractère confidentiel". Sa diffusion par une équipe journalistique "contribue à la légitime information du public" sur le dirigeant politique, a considéré le tribunal.
Les magistrats ont également condamné le ministre à publier le jugement dans un magazine.
Le coordinateur national du parti communiste français Pierre Laurent a salué "un rappel salutaire au respect de loi", espérant "que cette décision de justice fera date". "Le racisme est un délit qui doit être sévèrement puni. Ce jugement tombe fort à propos pour rappeler à chacun que nul ne peut y échapper fusse-t-il ministre de l'Intérieur", estime-t-il dans un communiqué. AP
pas/sb

2 commentaires:

CFDT Métropole d'Aix-Marseille-Provence a dit…

Il était temps de sanctionner!
Le coupable devrait présenter des excuse publiques!

Unknown a dit…

Les racistes, même quand il n'y en a qu'un, il y a problème !

Sarkozy peut-il le conserver dans son gouvernement ? C'est la question-débat vue sur Pnyx.com La vraie question n'est pas "Devrait-il démissionner ?" mais, "Le Président de la République, garant des Institutions, peut-il compromettre l'honneur de celles-ci en conservant en leur sein un Ministre condamné en correctionnelle pour injure raciale ?"