lundi 28 juin 2010

Depuis trois semaines: fuite de pétrole, d'un puits de forage offshore, dans le Golfe du mexique

Depuis 50 ans, de nombreux puits de forage, fuient dans le golfe de Guinée.

Le Président américain s'est ému, à juste titre, de la situation des riverains du golfe du Mexique, il ordonne à BP de nettoyer les dégats et de dédommager les populations sinistrées.

A côté de ça......A des milliers de kilomètres de la Louisiane, un autre golfe agonise ... LE GOLFE DE GUINEE

SEULE LA PRESSE POURRAIT LE SAUVER

« Plus rien de vivant ne bouge dans un monde noir et brun autrefois grouillant de crevettes et de crabes [ ... ]. Les pêcheurs maudissent leurs filets noirs de pétrole [ ... ]. De jeunes enfants nagent dans l'estuaire pollue [ ... ]. Le marais est désert et silencieux, sans même un chant d'oiseau. » Ce reportage, terrifiant, était
Ie 16 juin dernier en une du New York Times. Golfe du Mexique ? Non, golfe de Guinée. Delta du fleuve Niger, pas du Mississippi. Mangrove africaine qui a nourri les populations pendant des siecles grâce a l'abondance de ses poissons, de ses coquillages, de sa vie sauvage. Adam Nossiter, chef du bureau du NYT
en Afrique de l'Ouest, révèle des chiffres accablants : « Le delta
du Niger, ou la richesse du sous-sol est inversement proportionnelle a la pauvreté de la surface, a endure !'équivalent d'un Exxon Valdez [pollution de l'Alaska en 1989, NDLR] chaque année depuis cinquante ans. » Pollution tranquille, silencieuse, insidieuse.
Les puits fuient, les pipe-lines rouillent. Les compagnies
ne s'appellent pas BP mais Royal Dutch Shell ou Exxon Mobil. Peu importe. Elles ont les mêmes arguments: c'est la faute a pas de chance. Ou plus exactement « aux voleurs et aux saboteurs ». « Seulement 2 % des fuites » sont dues a des problèmes d'installation ou des erreurs humaines, prétend même la porte-parole de Shell a Lagos. Bien sur ... Le jour de la publication
de cet article du New York Times, Barack Obama obtenait, pour la mangrove américaine, les excuses de BP et la création
d'un compte séquestre dote de 20 milliards de dollars. La veille, Ie président américain, dénonçant une « philosophie » hostile a
toute régulation, avait annonce de « meilleures réglementations » et un « plan de restauration du golfe ». Et il engageait ses compatriotes a une « mission nationale » : Ie deve10ppement
de nouvelles énergies, qu'il comparait aux grands defis du passe, conquête de la Lune ou mobilisation pour la Seconde Guerre mondiale ... Quellien entre ces deux informations, la déréliction du golfe de Guinée et Ie défi d'Obama ? La réponse est dans l'article d'Adam Nossiter ; « Que Ie désastre du golfe du Mexique ait pétrifié un pays et un president qu'ils admirent tant est un sujet d'étonnement pour les gens ici », constate-t-il, avant de rapporter les propos d'un responsable local; « Obama se préoccupe de cette catastrophe-la, personne ne se préoccupe de la notre. Nous n'avons pas de medias internationaux pour parler de nous, alors tout
Ie monde s'enfiche.» Propos de bon sens. Que la vivacité
de la démocratie soit liée a la bonne sante de la presse est plus que jamais une évidence: les Américains ont beau avoir élu
Ie président Ie plus sensible aux questions sociales et environnementales qu'ils aient jamais eu, Barack Obama n'a trouve la force de résister aux lobbies pétroliers et de revenir
sur des concessions antérieures que sous la pression médiatique. Cette pression ne doit pas faiblir. Mais elle do it surtout devenir planétaire. Et pour cela, Internet est nécessaire mais n'a de sens qu'avec Ie maintien d'une grande presse quotidienne. Face a la rapacité des compagnies pétrolières occidentales, exploitant l'impéritie ou la faiblesse des Etats africains, notre responsabilité citoyenne est immense. VINCENT REMY

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