vendredi 11 juin 2010

Il n’y a pas de changement possible sans dialogue social »


Il n’y a pas de changement possible sans dialogue social »
François Chérèque a répondu aujourd’hui aux interventions des militants, revenant notamment sur les réponses à la crise et la réforme des retraites. Adopté à 86.8%. Les congressistes ont voté aujourd’hui à une large majorité le quitus sur le rapport d’activité. C’est le meilleur score obtenu par la CFDT en 35 ans.
Malmenés depuis deux ans par la crise, les militants n’ont pas hésité à renouveler leur confiance en leurs responsables nationaux. « Vos interventions ont témoigné avec force et émotion de la détermination avec laquelle les équipes CFDT font face aux difficultés auxquelles les salariés ont été confrontés », a affirmé François Chérèque dès le début de sa réponse aux nombreux congressistes qui se sont exprimés à la tribune durant les deux jours précédents. « Vous avez manifesté vos inquiétudes sur la situation politique, économique et sociale », a poursuivi le secrétaire général, soulignant que si les économistes, les décideurs politiques, les entreprises ont un positionnement flou face à la crise, « alors, il n’y a pas de faiblesse à reconnaître que le syndicalisme a lui aussi du mal à trouver les réponses ». Refusant néanmoins de noircir le tableau ou de verser dans les discours culpabilisants, François Chérèque a rappelé que les systèmes de protection sociale ont joué leur rôle et empêché le pire. « Nous avons réussi à avancer des solutions qui étaient attendues par les salariés ». Rappelant que dans cette crise mondiale, aucun pays ne peut espérer s’en sortir seul, le secrétaire général a insisté sur le fait que l’action devait se construire à l’échelle européenne. Et de signaler que la CFDT attend une forte mobilisation pour la journée d’action européenne du 29 septembre prochain, qui vise à obtenir une réponse collective à la crise. Face à la question de la maîtrise des dépenses publiques qui fragilise tous les pays européens, François Chérèque a rappelé que la position de la CFDT est claire : « en plus de la réforme fiscale que nous souhaitons, il y a 500 niches fiscales. Elles représentent aujourd’hui 75 milliards d’Euros par an de manque à gagner pour les recettes publiques. Toutes ces niches doivent être réexaminées. »
Sensible aux nombreux témoignages des militants sur le mal-être au travail, François Chérèque a déclaré que ces situations ne pouvaient être considérées comme une fatalité. « Le travail doit être facteur d’émancipation. Nous en sommes convaincus, redonner du sens à la valeur « travail », c’est redonner la possibilité aux salariés de pouvoir bien le faire ». Une question centrale dans les fonctions publiques. Revenant sur la réforme de l’Etat mise en œuvre par le gouvernement, il a affirmé, sous les applaudissements de la salle : « Soyons aux côtés des fonctionnaires. Il n’y a pas de changement possible sans dialogue social ». Et d’annoncer que la commission exécutive proposera au bureau national une mobilisation dans les fonctions publiques d’ici la fin de l’année, suivant une démarche identique à celle des « trois jours avec les salariés face à la crise » qui avait été mise en place l’année dernière.
À propos de la réforme des retraites, François Chérèque a fustigé l’avancement du calendrier décidé par le gouvernement en grande partie pour des raisons purement politiciennes, les élections présidentielles de 2012 étant déjà en marche. « Vous craignez qu’en s’engageant au cours de ce congrès, on puisse tomber dans un piège. Je vous le dis clairement, nous ne sommes pas dans une posture de négociation de contreparties à une réforme que nous combattons », a rassuré le secrétaire général. Approuvé par des applaudissements très fournis, il a ajouté : « ce que nous voulons décider aujourd’hui est un projet alternatif et non pas un complément ou une adaptation du projet du gouvernement ». Insistant sur le fait que tout le monde attend de la CFDT qu’elle fasse des propositions, « sans cela nous ne serions plus la CFDT », il a précisé : « plusieurs sujets font déjà consensus entre nous, d’autres sont à trancher. Dans le cadre de choix personnels possibles à 60 ans, le bureau national a retenu trois débats ». Trois débats parmi 22 amendements, pour lesquels les discussions ont débuté ce mercredi après-midi. Car si les échanges d’arguments sur les retraites sont très attendus demain, il faut rappeler que les militants devront aussi se prononcer sur de nombreux enjeux abordés dans le projet de résolution, concernant notamment les évolutions du travail et le syndicalisme de proximité.
Le développement durable en débat
Comme l’ont rappelé certains responsables syndicaux lors de leurs interventions sur le rapport d’activité, le développement durable n’a rien d’une mode pour la CFDT. Temps fort de cet éco-congrès, une table ronde a permis d’aborder ce sujet concrètement. Un premier débat a réuni des équipes CFDT qui ont fait part de leurs pratiques à l’Institut géographique national (IGN), au sein de l’établissement scolaire Notre-Dame à Ussel (Corrèze) et dans le groupe de chimie Solvay. « Il ne faut pas se tromper de problème. Ce n’est pas l’environnement qui fait peser un risque pour l’emploi, ce sont les modes de production », a souligné le délégué CFDT de cette entreprise. Qui dit changement de modèle, dit transition sociale, a mis en avant Christian Duchene, du cabinet d’études Syndex. « La problématique ne peut être abordée de manière simpliste », a souligné pour sa part Marcel Grignard, remettant en question l’expression « emplois verts ». Le secrétaire général adjoint de la CFDT est intervenu lors du deuxième débat de cette table ronde, au cours duquel il a discuté des perspectives ouvertes par le Grenelle de l’environnement, avec Chantal Jouanno, secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bruno Genty, président de France Nature Environnement, et Patrick Pélata, directeur général délégué de Renault. Et de préciser : « Le monde de demain, ce sont des emplois industriels et des emplois dans de nouveaux services, qui impliquent de forts développements technologiques et d’énormes besoins en matière de formation professionnelle ».

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