mercredi 4 avril 2018

Un éclairage de la CFDT sur les conséquences de la politique économique américaine sur l'économie mondiale.

LES EFFETS DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE AMÉRICAINE SUR L'ÉCONOMIE MONDIALE

Publié le 04/04/2018


Extrait :" ........Dans ce contexte de survalorisation des actifs, le moindre incident risque de révéler les fragilités de l’endettement et créer un retournement des mentalités des acteurs sur les marchés financiers2 . C’est que l’on a entraperçu, début février, aux États-Unis, et dans une moindre mesure en Europe. Les acteurs des marchés financiers ont anticipé un retour durable de l’inflation. Selon eux, la croissance économique américaine et la diminution du chômage doivent se traduire automatiquement par des hausses de salaires et donc des prix. Pour éviter tout risque d’emballement de l’inflation, la Fed va, selon eux, devoir procéder à une remontée plus rapide de son taux directeur, impactant les taux d’intérêt à long terme (ceux auxquels empruntent les entreprises, les ménages et les États). Et ce d’autant plus que l’inflation américaine est déjà stimulée par un dollar bas (inflation importée). Pour l’heure, le lien inflation-chômage ne semble pas si automatique. Les salaires accélèrent peu, notamment aux États-Unis. La Fed devrait donc rester prudente quant à son rythme d’action. Et la BCE réduit mais ne supprime pas encore son stimuli monétaire en zone euro ; les anticipations d’inflation y demeurant encore en-deçà de la cible. Mais dans le cas d’un rythme accéléré de remontée des taux, plusieurs conséquences peuvent être envisagées. Du côté du marché des obligations, les investisseurs risquent de délaisser le marché secondaire obligataire (achat et vente d’obligations déjà créées) pour se reporter vers le marché primaire (nouvelles obligations émises). En effet, si le taux d’intérêt directeur augmente, alors la rémunération offerte aux investisseurs, qui achètent des obligations nouvellement émises, sera plus importante. Ce sera moins intéressant pour les investisseurs d’acheter une obligation qui a été émise sur la base de l’ancien taux, moins rémunérateur. La valeur d’échange des obligations déjà créées va donc diminuer et les investisseurs vont vouloir s’en débarrasser pour acheter des obligations nouvellement émises. Cela accentue d’autant plus la baisse de prix de ces anciennes obligations et rend d’autant plus rémunératrices les obligations au nouveau taux ; et ce surtout après une longue période de taux bas. Du côté du marché des actions d’entreprises, les investisseurs délaissent les actions pour se diriger vers les obligations nouvellement émises. En outre, la hausse des taux directeurs renchéri le coût du crédit et altère la rentabilité des projets d’investissement, ainsi que les perspectives de demande. Le cycle financier rentrerait alors dans une phase de dépression puisque la valeur des actifs baisse de manière généralisée. Le ratio d’endettement augmenterait (dette/prix de l‘actif) et pèserait sur le coût des dettes. Un tel choc pourrait accentuer les divergences socioéconomiques déjà marquées entre les États européens. La croissance repart en zone euro, mais modérément et plus tardivement qu’aux États-Unis. Et les fruits de cette croissance y sont toujours aussi mal partagés, dans le temps présent mais aussi entre générations. La coexistence d’États membres créanciers et d’autres débiteurs empêche l’émergence de politiques coopératives. « L’incomplétude des politiques de stabilisation en zone euro vis-à-vis des chocs asymétriques et l’absence d’un processus intégré de résolution des défaillances bancaires laissent subsister des vulnérabilités importantes »3 . La politique européenne doit dépasser les limites intergouvernementales et donner de l’importance au budget européen pour faire face aux enjeux de l’investissement et des transitions à accompagner. Enfin, ces risques d’instabilités financières pour l’économie mondiale sont à mettre en parallèle 2) À l’inverse du marché des biens et des services, sur les marchés financiers, si le prêteur de fonds a l’impression que les cours vont augmenter, il a intérêt à prêter au demandeur de fond. Tous deux ont intérêt à ce que l’évolution des cours soit perçue à la hausse. Ainsi, demandeurs et offreurs de financement ont la même perception optimiste, ou pessimiste, avec un effet de mimétisme sur l’ensemble des acteurs. Les banques prêteront elles aussi davantage. In fine, le cours des actifs continue d’augmenter, tout comme l’endettement. 3) Aglietta.M et Coudert.V (2018) L’équilibre fragile des économies avancées face aux incertitudes de la politique américaine, La lettre du Cepii, n°384, janvier, 4p. NOTE DE CONJONCTURE - FÉVRIER 2018 3 avec le projet américain de dérèglementation du secteur financier. En effet, en juin dernier, la Chambre des représentants a d’ores et déjà voté en faveur du « Financial Choice Act » qui vise à détricoter la loi Dodd-Frank. Cette loi avait été adoptée après la crise financière de 2008 pour notamment limiter le financement d’actifs risqués et réduire les liens entre les activités bancaires et le shadow banking4. Les activités y sont soumises à une réglementation moindre que les prêts bancaires classiques et plus irrégulière. Il y est plus complexe d’évaluer les risques, leur concentration et donc de se prémunir des crises systémiques. Or, les États-Unis occupent une place importante dans les activités de shadow banking. Une telle réforme pourrait influer sur l’ensemble des pratiques et entacher les efforts de coopération en matière de régulation financière internationale......"
                                                                      



                                                                                                                                                               Un éclairage de la CFDT sur les conséquences de la politique économique américaine sur l'économie mondiale.

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