lundi 5 décembre 2011

Crise des dettes en Europe, François Chérèque écrit au président de la République pour agir et pour ceux qui pensent que les salariés avec la CFDT n'ont pas de solution !


Répondant à l’appel de Bernadette Segol, la secrétaire général de la CES, qui demande aux dirigeants syndicaux nationaux de contacter leur gouvernement pour leur faire part des attentes du syndicalisme européen face à la crise, François Chérèque a écrit, avec Luc Bérille, le secrétaire général de l’Unsa, au président de la République.
Après avoir rappelé à Nicolas Sarkozy que «la grave crise que traversent l’Union européenne et, plus particulièrement, la zone euro, préoccupe les salariés et l’ensemble des organisations syndicales européennes, compte tenu de ses lourdes conséquences en matière économique et sociale », les deux responsables syndicaux se félicitent que « cette situation ait obligé l’Union européenne et ses Etats membres à franchir des pas importants dans le sens d’une gouvernance économique commune », mais regrettent qu' « au vu de l’ampleur de la crise et des risques qu’elle fait courir à l’Europe, ces mesures restent insuffisantes et leur mise en œuvre trop lente. »
C’est pourquoi, François Chérèque et Luc Bérille, concluent leur courrier en précisant, conformement aux positions de la CES : « nous sommes convaincus que nous ne sortirons pas de cette situation sans un nouveau pas décisif vers une plus grande solidarité européenne et une meilleure maîtrise du financement des dettes souveraines : le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devrait maintenant être transformé en prêteur en dernier ressort, avec l’appui de la Banque centrale européenne. Une telle décision devrait être prise rapidement pour arrêter la spéculation contre la dette des Etats de l’Eurozone et se prévenir du risque d’un effet domino dévastateur pour l’euro et pour l’Union, mais aussi pour la France. »

Crises des dettes publiques dans la zone euro : Argumentaire CFDT

Pourquoi parle-t-on d’une "crise de la dette"?
Pour faire face à la crise de 2008, les Etats ont aggravé leur endettement. Devenu explosif, il est source d’une récession généralisée.
Depuis 2008, la plupart des Etats ont massivement investi dans leurs économies respectives (plans de sauvetage des banques, plans de soutien à l’économie, etc.), aggravant ainsi la situation de leurs comptes publics. L’endettement s’est donc fortement dégradé, dépassant largement les critères de Maastricht (critères auxquels les pays doivent se soumettre pour entrer dans la zone euro) qui imposent un déficit limité à 3% du PIB et une dette ne dépassant pas 60% du PIB. De plus, la contraction de l’activité entraîne la réduction des recettes fiscales.
Dans un contexte de croissance en berne, cette situation d’endettement est le moteur d’une spirale infernale: dans une situation économique qui se dégrade (difficultés des entreprises, hausse du chômage...), les déficits publics se creusent encore davantage, provoquant la méfiance des investisseurs qui doutent de la capacité des Etats à s’en sortir, et entraînant du même coup une dégradation de la note de ces Etats (voir paragraphe sur les agences de notation). Il devient alors encore plus difficile et plus coûteux pour les gouvernements de se refinancer (on parle alors de « renchérissement du coût de la dette»), puisque plus un Etat est en difficulté, plus il doit emprunter à des taux élevés. Un exemple: l’Italie doit désormais emprunter (taux à 10 ans) à des taux frôlant les 7%, tandis que l’Allemagne, considérée comme vertueuse, emprunte à moins de 2%. Pour donner des gages aux investisseurs (« rassurer les marchés », comme on l’entend sans cesse), les Etats s’obligent à des plans de rigueur, promettant de réduire les déficits publics. Le gouvernement français vient d’ailleurs d’annoncer une deuxième vague de mesures. Ce qui n’a d’autre conséquence que d’étrangler encore la croissance, le tout menaçant d’une récession généralisée, sans possibilité de rembourser la dette.
On voit bien comment, dans ces conditions, il serait nécessaire de réduire le taux d’endettement tout en accompagnant la réduction des déficits publics par des mesures de relance de l’activité. Enfin, on comprend aussi que le « tempo» qu’exigent les marchés pour garantir la réduction des déficits oblige les Etats à prendre des mesures brutales, alors qu’il conviendrait de prendre davantage de temps pour réinstaller les bases de la croissance et d’un système productif solide. Au-delà de la menace économique qu’elle représente, cette crise est révélatrice de la grave crise politique que connaît l’Europe. Face au risque d’éclatement de la zone euro, les dirigeants de l’UE agissent a minima, sans se donner les moyens de se doter d’outils européens de pilotage.


Aucun commentaire: