PUBLIÉ LE 21/03/2013 À 17H01par Nadège Figarol
Il est possible de consommer mieux et moins d’énergie, avec une qualité de vie améliorée. Pour la CFDT, tel est un des grands enjeux du débat national sur la transition énergétique, auquel tous les citoyens sont invités à participer.
Alors que les besoins d’énergie ne cessent de croître, que la demande mondiale est couverte à plus de 80% par des ressources fossiles dont les gisements s’épuisent et que la consommation d’énergie contribue majoritairement au réchauffement climatique par ses émissions de CO2, un consensus social pour un autre modèle de développement est en train d’émerger. Mais après un XXe siècle prodigue, au cours duquel la consommation d’énergie a été quasiment multipliée par dix, faut-il se préparer à une ère d’ascétisme ? « On peut produire et consommer autrement, en dépensant moins et mieux l’énergie, tout en ayant une qualité de vie identique, voire améliorée », souligne Patrick Pierron, secrétaire national chargé du développement durable et des politiques industrielles.
"ON PEUT PRODUIRE ET CONSOMMER AUTREMENT, EN DÉPENSANT MOINS ET MIEUX L’ÉNERGIE, TOUT EN AYANT UNE QUALITÉ DE VIE IDENTIQUE, VOIRE AMÉLIORÉE", PATRICK PIERRON
Si, pour la CFDT, la sobriété et l’efficacité énergétique doivent effectivement constituer la première des priorités, ce n’est pas pour dessiner un avenir morose, mais bien pour « inscrire la France dans une nouvelle société de croissance économique et d’emploi qui concilie environnement, économie et social », met en avant Patrick Pierron. Les dépenses d’énergie représentant la majeure partie du déficit commercial de la France, les économies réalisées renforceraient la compétitivité des entreprises et pourraient être investies dans la recherche et l’innovation, le développement de nouvelles activités et la création d’emplois. Le débat sur la transition énergétique est donc avant un tout un débat sur des choix de vie et d’investissements.
Débats décentralisés, journées portes ouvertes et panels de citoyens
Ce grand débat public, que la CFDT demandait depuis plus de dix ans, est enfin lancé. Actuellement, des réunions publiques sont mises en place dans chaque région. Les 29, 30 et 31 mars, des portes ouvertes auront lieu dans les entreprises et les collectivités sous la forme de « journées de l’énergie ». Le 25 mai, une journée citoyenne, basée sur le principe des conférences de citoyens existant au Danemark, réunira un panel de 100 citoyens dans chaque région pour proposer des réponses aux principaux enjeux, qui seront intégrées dans les recommandations finales. La concertation devrait ainsi durer jusqu’au mois de juin. Une synthèse des avis et recommandations sera produite début juillet pour permettre l’élaboration d’un projet de loi qui sera présenté au Parlement cet automne.
LA CFDT DÉFEND LE PRINCIPE D’UN MIX ÉNERGÉTIQUE ÉQUILIBRÉ AVEC UN DÉVELOPPEMENT MASSIF DES ÉNERGIES RENOUVELABLES ORGANISÉES EN FILIÈRES INDUSTRIELLES.
Un enjeu démocratique
Membre du Conseil national du débat sur la transition énergétique (CNDTE) qui réunit patronat, syndicats, ONG et collectivités territoriales, la CFDT estime que toutes les structures CFDT doivent pouvoir participer car ce débat représente un enjeu démocratique pour décider collectivement d’un cap, et d’une trajectoire pour l’atteindre d’ici 2050. La France s’est déjà engagée sur certains objectifs. Conformément au paquet énergie-climat européen, elle devra d’ici 2020 réduire de 20% ses émissions de CO2 par rapport à 1990, augmenter de 20% l’efficacité énergétique et accroître également de 20% la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Le gouvernement a aussi fixé 2025 comme horizon pour passer à 50% d’électricité d’origine nucléaire. La France s’étant également engagée à diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050, la CFDT estime cependant qu’un objectif plus ambitieux de - 30% devrait être fixé pour 2020. Comment redéfinir le bouquet de sources énergétiques qui réponde à ces objectifs, à un coût acceptable pour tous ? Comment ne pas pénaliser l’accès des plus modestes à l’énergie alors que son prix va augmenter ? La précarité énergétique touche plus de 9 millions de Français, qui ont des difficultés non seulement pour se chauffer mais aussi pour se déplacer en raison de la hausse du prix des carburants.
Les positions de la CFDT
La CFDT défend le principe d’un mix énergétique équilibré avec un développement massif des énergies renouvelables organisées en filières industrielles. Elle refuse l’exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique mais estime qu’il faut en évaluer les ressources. Une politique d’orientation financière et de recherche ambitieuse s’avère nécessaire pour améliorer l’efficacité énergétique, diminuer la part du nucléaire, développer les énergies renouvelables et les réseaux intelligents, mettre en place un système de transport intermodal. Pour la CFDT, la fiscalité écologique, par la redistribution de la ressource, peut fournir une aide à l’isolation des logements ou à l’acquisition de produits à faible consommation. Elle estime aussi que la contribution au service public de l’énergie (CSPE), qui permet aux plus démunis de payer leurs factures d’électricité, devrait être élargie à tous les opérateurs de l’énergie.
Préparer les transitions professionnelles
L’enjeu est aussi de construire une véritable politique énergétique communautaire en Europe s’appuyant sur des réseaux mutualisés. La transition énergétique suppose également un accompagnement des transitions professionnelles. Cela implique d’identifier les besoins de formation initiale et continue, les nouvelles compétences et qualifications, pour mobiliser les moyens nécessaires. Des outils d’anticipation, comme la gestion prévisionnelles des emplois et des compétences, doivent être mis en œuvre, non seulement sur les sites et dans les filières, mais aussi à l’échelle des territoires. L’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 sur la sécurisation de l’emploi fournit des instruments aux salariés et à leurs élus pour mieux anticiper et négocier les parcours professionnels, leur permettant de recourir à l’expertise et de discuter des choix stratégiques des entreprises. Prochaine étape à venir, la loi sur la reprise des sites rentables prévue pour le mois de juillet constituera pour la CFDT l’opportunité de défendre le principe de CV de site et de territoire afin de valoriser les compétences et les savoir-faire des salariés pour réussir la transition professionnelle.
Photo : © Frederic Maigrot/Réa
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