Aix-Marseille Provence, la métropole n'est pas créée mais elle a au moins un nom. C'est la première annonce de la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu à l'issue de la première conférence métropolitaine à Marseille. Après avoir écouté les acteurs politiques et économiques du territoire toute la journée, elle est finalement montée sur scène en fin de journée dans un grand silence.
Jusque là, chacun avait joué sa partition : "C'est un théâtre, vous savez et ça vaut pour tout le monde. Il faut bien montrer les dents", expliquait une proche de Jean-Claude Gaudin en fin de matinée. Un maire de Marseille qui a donné dans le soutien aux maires et qui a largement critiqué la méthode du gouvernement quand d'autres, tels les écologistes vantaient les mérites de la démocratie directe.
Pas de surprise sur les compétences
Chacun avait des bribes de la décision finale. Gaudin évoquait 80 élus marseillais à la métropole quand Caselli, visiblement plutôt bien informé, énumérait les thématiques de sa métropole idéale : transports, économie, environnement, enseignement supérieur et recherche, grande rénovation urbaine. Mais chacun attendait la sentence finale de la Bretonne qui s'est qui plus est octroyé un long propos introductif pour vanter le processus en cours.
"Le contenu, c'est forcément aussi l'exercice mutualisé au niveau métropolitain de quelques grandes compétences stratégiques seulement, a-t-elle lancé, dont la stratégie économique et l'innovation, l'attractivité culturelle - sans doute qu'il faut y mettre cela aussi - l'environnement et la planification des transports". Pas de surprise, cela confirme les pistes évoquées ces dernières semaines sont là, sans cadeau bonus sous le sapin.
Mystérieux "conseils de territoire"
Mais, comme elle l'avait déjà fait en ouverture, le matin, il lui faut aussi rassurer les maires qui avaient préféré manifester devant le parc Chanot. "J'entends qu'il faut penser à la proximité mais il ne faut pas qu'il y ait trop d'échelons, trop de strates. L'essentiel des compétences non stratégiques s'exerceront au plus près du terrain en concertation avec les élus et en fonction des intérêts locaux", poursuit la ministre ouvrant la possibilité de construire en partie à la carte la métropole. À moins que "les conseils de territoires" formés sur le périmètre des actuelles intercommunalités évoqués par la ministre n'en récupèrent certaines.
La première mouture de la page Marseille de la future loi de décentralisation sera proposée début janvier en même temps que le lancement d'un outil de préfiguration de la métropole. Celle-ci devra "être opérationnelle dès la fin des municipales de 2014", a prévenu la ministre qui a déjà suffisamment de soucis comme ça avec 3000 manifestants sous ses fenêtres et des institutions déjà existantes qui ne se laisseront pas manger. "Il faudra qu'ils s'entendent avec le président de région. Je n'entends ni être un guichetier ni un caissier", ainsi prévenu Michel Vauzelle. En une journée, les anti-métropole, toujours aussi remontés, ont tout de même gagné quatre mois et l'assurance que l'élection directe des conseillers métropolitains attendra au minimum 2020 : "Le premier ministre ne veut pas changer la donne a moins d'un an des élections". Magnéto Esther :
Le discours de Marylise Lebranchu
(*)Et Gaudin change de pied, ça vous étonne?
"Il faut bien que je parle pour ceux qui ne sont pas là", lâche Jean-Claude Gaudin en quittant le parc Chanot ce midi. Le maire UMP de Marseille qui se fait le porte-parole des adversaires de la métropole qui ont boycotté la conférence organisée par la ministre de la réforme territoriale Marylise Lebranchu, le fait interpelle. Ce matin, il a manié le chaud et le froid à la tribune. "Il faut montrer les dents", sous-titre une élue de son entourage. Alors, Gaudin a mis le gouvernement face a ses responsabilités, d'abord la ministre puis le préfet délégué a la metropole. Le maire n'a pas goûté la méthode employée sur le "projet métropolitain", qui a mis de côté les élus pour leur préférer des experts.
"Avec ma longue expérience, je n'ai jamais vu un préfet imposer quelque chose aux élus". Laurent Thery aura sûrement apprécié. "On ne peut rien imposer aux maires", a rajouté celui de Marseille qui désormais a choisi son camp, rejoignant un autre sénateur marseillais UMP, Bruno Gilles qui disait "non du bout des lèvres à la métropole". Les charges de centralite qui font que Marseille paient pour les autres ? Oui, elles restent évoquées, mais en sourdine. Désormais, il en appelle a la "péréquation nationale". Comprenez, c'est à l'Etat de banquer. Et c'est peut être le meilleur moyen pour Jean-Claude Gaudin de récupérer du poids dans ce débat où 102 maires portent un projet alternatif.
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