Interviewé dans Challenges, le 27 octobre 2011, François Chérèque réaffirme que la CFDT plaide pour une remise en cause partielle du taux de TVA réduit octroyé à la restauration et aux travaux à domicile.
Le chômage est reparti à la hausse en septembre. Cela vous inquiète-t-il ?
Je ne suis pas surpris. C’est exactement ce que nous avions prévu et annoncé à François Fillon en août dernier lorsqu’il nous a reçus. Nous sentions le gel des embauches. Regardez ce qui se passe chez PSA, ce sont les intérimaires et les sous-traitants qui trinquent. Nous avions pourtant alerté l’exécutif sur un risque de récession. Nous lui demandions de prendre des mesures comme en 2008, qu’il s’agisse du chômage partiel ou de la formation. Nous n’avons pas été entendus. Une fois de plus.
Le gouvernement préfère un traitement social du chômage des plus simplistes – c’est- à-dire la multiplication des contrats aidés- à de vraies mesures structurelles. Nous ne sommes pas contre les contrats aidés mais nous regrettons toute absence de réflexion.
Xavier Bertrand assure pourtant ne pas vouloir se laisser prendre de vitesse par la conjoncture, et prévoit un changement de Cap pour Pôle Emploi…
Le ministre du Travail réagit surtout aux difficultés engendrées par une fusion mal maitrisée de Pole Emploi. Je ne peux que me réjouir de sa marche arrière. Qu’il change de logique ne m’étonne pas. Même si cela fait déjà quelques temps que nous signalons la nécessité de donner plus d’autonomie aux agents de Pôle Emploi, de déconcentrer le fonctionnement… Ce devrait être dans la nouvelle convention tripartite qui sera signée le mois prochain. Je trouve dommage qu’on ne nous écoute pas.
Le chef de l’Etat s’exprime ce soir à la télévision. Qu’attendez-vous de son intervention ?
J’attends qu’il donne des explications sur le plan de sauvetage de l’Europe. On nous dit qu’un accord financier et technique a été trouvé. Tant mieux, cela donne un peu d’air. Les résultats de la Bourse le montrent. Tant mieux si cet accord freine la spéculation sur la dette, mais que va-t-il se passer à plus long terme ? Au lieu de mutualiser la dette, avec des eurobonds, on s’est surtout mis encore un petit plus sous la dépendance des pays émergents. C’est un retournement de l’histoire spectaculaire ! Sans compter, que j’aimerais que le chef de l’Etat nous parle un peu plus de ce qui représente à mes yeux, un échec politique…
Angela Merkel demande que tous les pays adoptent "la règle d’or", cette règle qui celle qui vise à inscrire dans la Constitution des règles prévoyant un retour progressif à l’équilibre budgétaire. Qu’en pensez-vous ?
Cette règle n’a de sens que si on fédéralise une partie de la dette, que si on a une vraie démarche commune. Or, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Je crains la contrainte supplémentaire, inscrite à un niveau national quand un fonctionnement européen n’existe pas. Tout le monde était d’accord pour inscrire le non dépassement de 3 % de déficit annuel dans les traités européens. Personne ne l’a respecté. Y compris les allemands.
Le débat sur la création d’un taux intermédiaire de TVA refait surface. Etes- vous favorable à cette idée ?
Nous avions fait des propositions concrètes au premier ministre cet été dans ce sens. Fin août, nous lui avons suggéré de revenir partiellement sur la TVA octroyée à la restauration, mais aussi sur celle portant sur les travaux à domicile. Il n’a pas réagi. Aujourd’hui, si l’idée est de faire un taux intermédiaire pour tous les produits, c’est non. C’est injuste car cela pèse sur le plus grand nombre. Cela reviendra à faire payer la dette aux consommateurs ordinaires, sur les produits qu'ils achètent couramment.
Mots clefs associés à l´article: Chômage , Crise , Inégalités Politique économique
Sarkozy à la TV : la France plonge, c'est la faute des socialistes
28/10/2011 à 07h31 - mis à jour le 28/10/2011 à 11h46 | 7547 vues | 573 réactions
Nicolas Sarkozy sur TF1 et France 2, jeudi 28 octobre 2011 | L'Oeil du Post
Ce que je retiens de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy :
- D'abord, la crise, c'est la faute aux socialistes.
Eh oui, car il ne fallait pas, selon Nicolas Sarkozy, accepter la Grèce dans l'euro. Et il n'était pas en fonction (ni Angela Merkel) quand la chose a été faite. Eh non. C'était en 2001. Et qui gouvernait, en 2001 ? [Lionel Jospin : NDLR] Et toc.
De même, les erreurs socialistes ont conduit la France dans le gouffre : la retraite à 60 ans en 1983 et les 35 heures en 2002, eh bien voilà, c'est l'heure du bilan.
On sent qu'il était temps de commencer à tirer sur l'adversaire politique, qui a marqué un peu trop de points dernièrement. Son rôle : tenter de sortir la France de l'ornière où les socialistes l'ont mise il y a déjà très longtemps (puisqu'on remonte à 1983). Ce qui ne signifie nullement qu'il sera candidat, naturellement. Il dit juste ça comme ça.
- Pourtant, les socialistes n'ont pas que de mauvaises idées :
Nicolas Sarkozy nous ressert, à peine déguisée, une idée de Martine Aubry. Il s'agit du concept de "réciprocité" dans les échanges internationaux, qui sonne un peu comme le "juste échange" de Martine Aubry. On sent que son équipe a suivi les débats de la primaire socialiste avec attention. Heureusement que les socialistes sont là pour fournir le gouvernement (qui tire un peu la langue) en concepts.
- Bon, soyons honnêtes, la crise, même pour Nicolas Sarkozy, c'est aussi la faute aux banques et aux traders.
Mais leur sort est déjà réglé : on le sait, il l'a promis il y a 3 ans, les bonus et rémunérations des traders vont rentrer dans des proportions normales... d'ici à l'été 2012. À force de le répéter, on va finir par y croire. Comment va-t-on faire ? C'est pas la question. ça va rentrer dans l'ordre on vous dit.
"Nous avons demandé aux banques que la "quasi-totalité de leurs fonds propres servent à l'augmentation de leurs fonds propres plutôt qu'à la rémunération de leurs actionnaires", a-t-il dit. Là encore, on ne sait pas comment on va leur forcer la main, aux banques. À définir après 2012, sûrement.
- Comment résoudre la crise, maintenant qu'elle est là, et même de plus en plus là ?
Par la rigueur ? Non. Mais la gestion rigoureuse, oui. Et attention, ça n'est pas la même chose. Du reste, la France va moins mal que ses voisins : la preuve, il n'y a pas eu de manifestation d'indignés.
Concrètement, la gestion rigoureuse va consister à faire "6 à 8 milliards d'économies" supplémentaires en 2012 (en plus des 11 milliards d'économies décidées en août... vertige). Mais attention, Nicolas Sarkozy n'a “pas été élu pour augmenter les impôts”, un leitmotiv mensonger de son discours. Donc pas d'augmentation "généralisée" de la TVA qui "pèserait sur le pouvoir d'achat", ce qui laisse entrevoir une hausse ciblée. Là encore, on reste muet devant les affirmations sans vergogne du Président, comme si la pression fiscale n'était pas devenue plus lourde sous son quinquennat. On apprécie aussi beaucoup l'évitement soigneux de cet horrible mot de "rigueur", qui a plombé Mitterrand en 1983 et Chirac en 1995.
- Mais ce qui me sidère le plus, c'est le projet de "convergence" avec l'Allemagne.
Alors ça, c'est du nouveau, et pas qu'un peu. On n'en a pas entendu parler officiellement une seule fois, et pourtant tout d'un coup, Nicolas Sarkozy remarque : "Ça n'a pas de sens que nous n'ayons pas les mêmes taux d'imposition avec l'Allemagne." ça fait tout de même des années qu'on n'a pas les mêmes taux d'impositions que l'Allemagne et personne ne s'en émouvait plus que ça dans la majorité (ou alors dans les dîners en ville, mais nous n'étions pas invités). Et ça n'est pas le seul point de convergence : "L'impôt sur le bénéfice des sociétés, la TVA, la fiscalité du patrimoine".
Bref, à supposer que, sait-on jamais, Nicolas Sarkozy fasse ce qu'il dit, alors on devrait converger fiscalement avec l'Allemagne. Il nous annonce la première pierre de l'intégration économique européenne - ou de l'Europe allemande, comme ça, tout tranquillement. En attendant, on a tous compris que c'est Angela Merkel et le Bundestag qui vont gouverner la France
- D'abord, la crise, c'est la faute aux socialistes.
Eh oui, car il ne fallait pas, selon Nicolas Sarkozy, accepter la Grèce dans l'euro. Et il n'était pas en fonction (ni Angela Merkel) quand la chose a été faite. Eh non. C'était en 2001. Et qui gouvernait, en 2001 ? [Lionel Jospin : NDLR] Et toc.
De même, les erreurs socialistes ont conduit la France dans le gouffre : la retraite à 60 ans en 1983 et les 35 heures en 2002, eh bien voilà, c'est l'heure du bilan.
On sent qu'il était temps de commencer à tirer sur l'adversaire politique, qui a marqué un peu trop de points dernièrement. Son rôle : tenter de sortir la France de l'ornière où les socialistes l'ont mise il y a déjà très longtemps (puisqu'on remonte à 1983). Ce qui ne signifie nullement qu'il sera candidat, naturellement. Il dit juste ça comme ça.
- Pourtant, les socialistes n'ont pas que de mauvaises idées :
Nicolas Sarkozy nous ressert, à peine déguisée, une idée de Martine Aubry. Il s'agit du concept de "réciprocité" dans les échanges internationaux, qui sonne un peu comme le "juste échange" de Martine Aubry. On sent que son équipe a suivi les débats de la primaire socialiste avec attention. Heureusement que les socialistes sont là pour fournir le gouvernement (qui tire un peu la langue) en concepts.
- Bon, soyons honnêtes, la crise, même pour Nicolas Sarkozy, c'est aussi la faute aux banques et aux traders.
Mais leur sort est déjà réglé : on le sait, il l'a promis il y a 3 ans, les bonus et rémunérations des traders vont rentrer dans des proportions normales... d'ici à l'été 2012. À force de le répéter, on va finir par y croire. Comment va-t-on faire ? C'est pas la question. ça va rentrer dans l'ordre on vous dit.
"Nous avons demandé aux banques que la "quasi-totalité de leurs fonds propres servent à l'augmentation de leurs fonds propres plutôt qu'à la rémunération de leurs actionnaires", a-t-il dit. Là encore, on ne sait pas comment on va leur forcer la main, aux banques. À définir après 2012, sûrement.
- Comment résoudre la crise, maintenant qu'elle est là, et même de plus en plus là ?
Par la rigueur ? Non. Mais la gestion rigoureuse, oui. Et attention, ça n'est pas la même chose. Du reste, la France va moins mal que ses voisins : la preuve, il n'y a pas eu de manifestation d'indignés.
Concrètement, la gestion rigoureuse va consister à faire "6 à 8 milliards d'économies" supplémentaires en 2012 (en plus des 11 milliards d'économies décidées en août... vertige). Mais attention, Nicolas Sarkozy n'a “pas été élu pour augmenter les impôts”, un leitmotiv mensonger de son discours. Donc pas d'augmentation "généralisée" de la TVA qui "pèserait sur le pouvoir d'achat", ce qui laisse entrevoir une hausse ciblée. Là encore, on reste muet devant les affirmations sans vergogne du Président, comme si la pression fiscale n'était pas devenue plus lourde sous son quinquennat. On apprécie aussi beaucoup l'évitement soigneux de cet horrible mot de "rigueur", qui a plombé Mitterrand en 1983 et Chirac en 1995.
- Mais ce qui me sidère le plus, c'est le projet de "convergence" avec l'Allemagne.
Alors ça, c'est du nouveau, et pas qu'un peu. On n'en a pas entendu parler officiellement une seule fois, et pourtant tout d'un coup, Nicolas Sarkozy remarque : "Ça n'a pas de sens que nous n'ayons pas les mêmes taux d'imposition avec l'Allemagne." ça fait tout de même des années qu'on n'a pas les mêmes taux d'impositions que l'Allemagne et personne ne s'en émouvait plus que ça dans la majorité (ou alors dans les dîners en ville, mais nous n'étions pas invités). Et ça n'est pas le seul point de convergence : "L'impôt sur le bénéfice des sociétés, la TVA, la fiscalité du patrimoine".
Bref, à supposer que, sait-on jamais, Nicolas Sarkozy fasse ce qu'il dit, alors on devrait converger fiscalement avec l'Allemagne. Il nous annonce la première pierre de l'intégration économique européenne - ou de l'Europe allemande, comme ça, tout tranquillement. En attendant, on a tous compris que c'est Angela Merkel et le Bundestag qui vont gouverner la France
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