La notion de croissance implique qu'un corps peut croître indéfiniment, comme un ballon qui poursuit son expansion jusqu'à l'infini, alors que notre Terre est limitée en taille, et en ressources. Nous le constatons depuis une cinquantaine d'années, elle ne peut plus supporter nos impacts dévastateurs. Comme la grenouille de la fable, qui voulait se faire plus grosse que le boeuf, elle risque bien d'exploser de notre inconscience !
« Notre planète finie ne peut pas soutenir un système économique basé sur la croissance infinie. Pourtant, le principe de la mondialisation est qu'il faudrait encourager encore plus de monde à adhérer à ce système destructeur. » (Nicholas Georgescu-Roegen)
Selon la bio économie la Croissance - avec un grand C -, que les politiciens nous vendent à longueur d'antennes pour justifier leurs prise de décisions anti-Vie, est un mythe d'une extrême dangerosité.
« Depuis 1946, nous [occidentaux] avons connu un taux annuel de croissance moyen de 4,5 %, ce qui est sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Les experts économiques prétendent que pour éviter une augmentation du chômage, un taux de croissance minimum de 3 % est nécessaire. Si ce taux était maintenu, notre consommation serait multipliée par 19 durant un siècle, multipliée par 370 durant 2 siècles et multipliée par 7100 durant 3 siècles. Inutile d'aller plus loin, l'absurdité de ces chiffres nous fait comprendre que, non seulement notre développement n'est pas durable, mais que notre modèle actuel n'est même pas exportable à l'ensemble des pays de la planète. » (Patric Kruissel « Imaginer une autre société »)
Si, par le passé, quand il y avait plusieurs corps sociaux sur la Terre, la croissance était possible, désirable, envisageable, aujourd'hui il n'y a plus qu'un seul corps social planétaire. Aucun humain ne peut plus vivre sans être connecté à l'ensemble de l'humanité.
La taille et le développement matériel du groupe social planétaire sont nécessairement liés à la taille de la planète, des ressources de cette dernière et de ses capacités à s'autoréguler.
Tout être vivant, est d'abord enfant, puis grandit, passe par l'adolescence, jusqu'à arriver à sa taille adulte. Le mythe de la croissance matérielle implique que nous pourrions ainsi croître démesurément. Or, toutes les études le prouvent, si nous vivions tous comme les Etasuniens, il nous faudrait plusieurs planètes pour combler nos besoins. Ces planètes, nous ne les avons évidemment pas. Nous avons donc deux solutions : diminuer notre impact environnemental par une décroissance soutenable, une simplicité volontaire ou, comme l'exprime Pierre Rabhi par une « sobriété heureuse » et réduire drastiquement notre natalité, par la mise à disposition gratuite de tous les moyens contraceptifs et de vigoureuses campagnes d'information.
Car, si le système monétaire dément régnant au XXIème siècle est la cause de bien des problèmes, la seconde source est bien la démographie galopante de l'espèce humaine. Parce qu'un jour, un chef de tribu a transmis à ses contemporains « Croissez et multipliez », quand ceci était utile pour la survie de sa petite société, toutes les civilisations continuent de marcher dans cette injonction impérative sans voir qu'elle est devenue obsolète et extrêmement dangereuse. Comme l'a rappelé Albert Jacquard dans « Cinq Milliards d'Hommes dans un vaisseau », lorsque les religieux de toutes confessions brandissent cette phrase inscrite dans la Bible pour s'opposer à la contraception ou l'avortement, ils en oublient la seconde moitié. En effet, l'injonction entière faite aux Hommes est exactement celle-ci: « Croissez, multipliez, et EMPLISSEZ LA TERRE ». Il est évident que la Terre est remplie : nous pouvons donc arrêter de procréer sans retenue. Nous avons accompli notre mission... A cause de notre surnombre, nous détruisons tout notre environnement, nous vivons mal, nous élaborons des systèmes pervers. Notre surnombre porte en lui le germe de notre propre apocalypse : qu'aurions-nous besoin de tant d'armées, de bombes nucléaires, de virus mortels, si nous étions mille fois moins sur terre ? Avant qu'il ne soit trop tard, il est important de régler notre problème de démographie.
L'apprentissage de la maîtrise de la fécondité est une priorité.
Tous les moyens contraceptifs et les connaissances s'y rapportant doivent être mis gratuitement à la disposition des populations.
De plus, ce n'est pas uniquement en termes de ressources que nous devons parler du monde mais en termes de proportion.
La proportion d'individus dans une espèce donnée est déterminée depuis la nuit des temps par la pyramide des espèces. C'est elle qui permet le maintien de la biodiversité et la continuation de la Vie. Chaque fois que la pyramide des espèces a été rompue localement, la richesse du milieu a été perturbée gravement, voire totalement détruite. Que l'on pense, par exemple, à l'introduction des lapins en Australie, aux crapauds buffles en Europe, aux ragondins, aux tortues californiennes....
La pyramide des espèces détermine le nombre proportionnel viable d'espèces en fonction de leur mode nutritionnel : c'est-à-dire le nombre de prédateurs et le nombre de proies, soit le nombre de carnivores, d'herbivores, de végétaux, etc...
Normalement, comme son nom l'indique, la pyramide est une pyramide ! La base, large et stable, accueille les micro-organismes, puis les végétaux, puis les insectes, puis les herbivores, puis les premiers prédateurs. Au fur et à mesure que l'on monte vers le sommet on trouve, normalement, les grands prédateurs, en nombre de plus en plus réduit.
À l'origine, nous étions plutôt proies que prédateurs. Mais notre intelligence technique, notre faculté d'adaptation nous a fait passer au statut de prédateurs. Et non seulement de prédateurs, mais de superprédateurs : plus rien n'est à l'abri de nos fourchettes insatiables, de nos tronçonneuses, de nos abattoirs, de nos bulldozers. Nous mangeons les mammifères, les volailles et les poissons [1], nous exterminons des arbres vénérables. Les insectes sont encore bien représentés, mais, déjà, nous mettons en route l'élevage des insectes comestibles à grande échelle, nous réduisons en cendres les espaces sauvages, nous détruisons des milliards d'animaux vivant dans le sol « grâce » à nos motoculteurs, nos engrais et nos cultures intensives. En déboisant massivement, nous stérilisons la couche arable, nous réduisons les forêts anciennes qui abritent des millions d'espèces [2] de toutes natures. Notre action sur le changement climatique achève ce que nos couteaux ou notre industrie ne font pas. Bref, nous sommes en présence non plus d'une pyramide équilibrée, mais d'un champignon maléfique, de bien sinistre mémoire.
De deux choses l'une : ou nous réduisons efficacement notre nombre, par une éducation poussée au contrôle de notre propre fertilité, pour revenir à un chiffre compatible avec une pyramide saine des espèces, ou nous changeons radicalement notre rapport au monde, en particulier dans notre mode alimentaire. Ce n'est même pas par conscience ou par compassion que nous devons le faire, d'une certaine manière, mais par pure logique de survie de notre propre espèce : quand nous aurons tout détruit, tout dévoré, que nous restera-t-il avant de redevenir cannibales et d'enfin nous autoréguler ? Allons-nous laisser la Terre entière aussi vide qu'un rocher dévasté ?
Pour la bioéconomie il est fondamental de respecter la pyramide des espèces, c'est une question de survie pour notre propre espèce, au-delà de l'amour que nous pourrions avoir pour l'ensemble des êtres vivants. |
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