dimanche 12 décembre 2010

A LA BAGUETTE!

Daniel BARENBOIM, conducteur d'orchestre de très grand talent,
est aussi un Homme de convictions.

Il ne renie pas ses origines, comme vous et moi, mais sa voix est mieux
entendue que la nôtre. Il est tellement "plus haut" que nous.

Voila son discours au parlement d'Israël en 2009.
Il venait y recevoir un prix honorifique "WOLF".

Après cette lecture voyez et écoutez-le lors de la première de "Die Walküre"
7 décembre 2010 au Théatre "alla scala" de Milan, en présence du
Président italien Giorgio NAPOLITANO et surtout en l'absence du
premier ministre italien BERLUSCONI.

C’est quatre ans après la proclamation de l’indépendance d’Israël, en 1952, que je suis venu dans ce pays, avec mes parents, d’Argentine. J’avais dix ans, à l’époque. La déclaration d’indépendance d’Israël nous permettait de croire en des idéaux qui faisaient de nous, qui étions des juifs, des citoyens israéliens.

Ce document remarquable exprimait l’engagement suivant : «L’Etat d’Israël se consacrera au développement de ce pays pour le bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur les principes de l’égalité, de la justice et de la paix, guidé par les visions des prophètes d’Israël ; il assurera une totale égalité des droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans égard à leur croyance religieuse, à leur ethnie ou à leur sexe ; il garantira à tous la liberté de religion, de conscience, de langue, d’éducation et de culture. »

Les pères fondateurs de l’Etat d’Israël, qui signèrent cette déclaration, s’engagèrent également – et nous engagèrent, nous, par la même occasion – « à rechercher la paix et de bonnes relations avec tous les Etats et peuples avoisinants. »

Je demande, aujourd’hui, avec une immense peine : « Pouvons-nous, quelques soient nos réalisations, ignorer l’immense fossé entre ce que la déclaration d’indépendance promettait et ce qui a été accompli – ce fossé entre l’idéal et les réalité d’Israël ? » « Les conditions de l’occupation et de la domination sur un autre peuple sont-elles compatibles avec la déclaration d’indépendance ? L’indépendance de l’un tient-elle debout, si elle est au dépens des droits fondamentaux de l’autre ? Le peuple juif, dont l’histoire est un catalogue de souffrances continues et de persécutions incessantes, peut-il se permettre de rester indifférent aux violations des droits d’un peuple voisin et à ses souffrances ? L’Etat d’Israël peut-il s’offrir le rêve irréaliste d’une solution idéologique à ce conflit, au lieu de rechercher activement une fin pragmatique et humaniste, fondée sur la justice sociale ? »

Je suis persuadé qu’en dépit de toutes les difficultés objectives et subjectives, l’avenir d’Israël et sa place dans la famille des nations éclairées dépendent de sa capacité à réaliser les promesses de ses pères fondateurs, telles qu’ils les formulèrent dans la déclaration d’indépendance.

Je pense depuis toujours qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit judéo-arabe, ni d'un point de vue moral, ni d'un point de vue stratégique. Dès lors que c’est une solution d’une autre nature qui doit être trouvée, je pose la question : « Qu’attendons-nous ? »

C’est la raison pour laquelle nous avons fondé, mon regretté ami Edward Said et moi-même, un atelier de travail pour de jeunes musiciens, juifs et arabes, originaires de tous les pays du Moyen-Orient.

Bien que la musique soit un art qui ne supporte aucun compromis, dans ses principes, et bien que la politique, en revanche, soit l’art des compromis, lorsque la politique transcende les limites de l’existence présente et s’élève jusqu’aux sphères supérieures du possible, elle peut ê tre rejointe, là-haut, par la musique.

La musique, c’est par excellence l’art de l’imaginaire, c’est un art libéré de toutes les limitations imposées par les mots, c’est un art qui touche aux profondeurs de l’existence humaine, c’est un art des sons, qui ne connaît aucune frontière, les traversant toutes. En cela, la musique peut transporter les sentiments et l’imagination des Israéliens et des Palestiniens vers d’autres sphères non encore imaginées. C’est pourquoi j’ai décidé de consacrer l’allocation du Prix de la Fondation Wolf à des projets d’éducation musicale en Israël et à Ramallah."


En terme d'éducation musicale, ce sont tous les enfants parmi les meilleurs musiciens des peuples de Palestine (israéliens et palestiniens), qui se sont déplacés, ensemble, de par le monde, ont formé un Orchestre et ont joué une même musique, armés de leurs instruments (de musique).

Discours de Daniel BARENBOÏM le 7 décembre 2010

Je suis très heureux de diriger encore une fois à la Scala. Je suis honoré d’être une nouvelle fois déclaré maestro scaligero, et à ce titre et au nom de tous mes collègues qui jouent, dansent, travaillent dans tous les théâtres de ce pays , je dois exprimer notre profonde inquiétude pour le futur de la culture en Italie et en Europe.

Et lisant l’article 9 de la Constitution : la République italienne promeut le développement de la culture, de la recherche scientifique et technique. La République protège le paysage et le patrimoine historique et artistique de la nation.


Pour le couple présidentiel français, épris de musique et de chant, ne pas y être allé est impardonnable!



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