dimanche 5 novembre 2017

C’est le moment de lancer des travaux ambitieux grâce aux certificats d’économies d’énergie.A quelques jours de son départ, Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, a signé un décret le prolongeant sur la période 2018-2020… Avec un objectif ambitieux qui ne peut que réjouir les collectivités, pour qui les CEE sont une source de financement essentielle pour moderniser un éclairage public, isoler des bâtiments ou valoriser de la chaleur fatale (dérivée d’un site de production) dans un réseau de chauffage.

Un article lu dans la Gazette des Communes 

C’est le moment de lancer des travaux ambitieux grâce aux certificats d’économies d’énergie

Publié le 02/11/2017 • Par Olivier Descamps • dans : actus experts technique, France, Innovations et Territoires
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Avec un objectif doublé pour la période 2018-2020, le dispositif des certificats d’économies d’énergie offre de la visibilité́ pour financer des opérations de rénovation. Les collectivités peuvent s’appuyer sur cet outil pour réaliser leurs propres travaux, mais aussi pour aider leurs habitants à accélérer la transition énergétique du territoire. Outre quelques opérations spécifiques quasi autofinancées, les certificats dégagent des marges essentielles pour monter en gamme dans les choix d’investissement.
« La quatrième période des certificats d’économies d’énergie (CEE) est celle de tous les dangers. Ce programme devient très coûteux et personne n’a réussi à prouver son efficacité », lançait le directeur général délégué de Direct énergie, Fabien Choné, lors d’un débat organisé par Enerpresse fin septembre. Dix ans après sa création, le dispositif qui met à contribution les énergéticiens pour financer la réduction des consommations fait toujours autant jaser. Mais l’heure n’est plus aux discussions.
A quelques jours de son départ, Ségolène Royal, alors ministre de l’Ecologie, a signé un décret le prolongeant sur la période 2018-2020… Avec un objectif ambitieux qui ne peut que réjouir les collectivités, pour qui les CEE sont une source de financement essentielle pour moderniser un éclairage public, isoler des bâtiments ou valoriser de la chaleur fatale (dérivée d’un site de production) dans un réseau de chauffage. Ces démarches leur permettent d’obtenir des certificats pouvant être vendus au plus offrant. Les acteurs dits « obligés » sont tenus d’en acheter en proportion de l’énergie qu’ils mettent sur le marché.
La publication de nouveaux objectifs a sauvé certains acteurs spécialisés qui ont connu des tourments ces dernières années. Elle a surtout revigoré des prix qui s’effondraient dangereusement. Fin 2015, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies souhaitait organiser une vente groupée de CEE pour ses adhérents. Elle leur a finalement demandé de temporiser tant ils étaient bas. D’autres ont tout simplement arrêté de faire des travaux ou de les valoriser, considérant que le jeu n’en valait plus la chandelle.

Grâce aux certificats d’économies d’énergie, autofinancement du calorifugeage

« Depuis deux ans, on fait d’abord ce qui est facile, concède Benoît Ferres, dirigeant de Cameo energy. Mais des actions qui n’étaient plus intéressantes le redeviennent. » Exemple avec l’autofinancement grâce aux certificats du calorifugeage empêchant la déperdition de chaleur des réseaux de chauffage ou d’eau chaude sanitaire. Ekidom, l’office public de l’habitat de Grand Poitiers (40 communes, 192 000 hab.), s’est ainsi attaqué aux déperditions de 80 de ses immeubles. « Il est souvent difficile de justifier les dépenses par des économies d’énergie à venir. Là, c’est du clés en main », insiste Benoît Ferres. Et comme sur cet investissement spécifique des audits sont obligatoires pour valider que les choses sont faites dans les règles de l’art, le propriétaire a la certitude que les performances seront au rendez-vous.
Si l’on excepte le cas très particulier des territoires à énergie positive pour la croissance verte, la nouvelle période de trois ans offre le temps nécessaire pour lancer des projets plus complexes de réhabilitations telles que l’isolation de plancher, de toitures- terrasses et de façades… Ce qui était moins évident quand la pérennité du dispositif n’était pas acquise, car les CEE ne sont délivrés qu’une fois les travaux achevés. Sans justifier à eux seuls le fait de se lancer dans la rénovation, ils génèrent un cercle vertueux, puisqu’ils incitent à faire des choix ambitieux pour en bénéficier.

Distribution d’ampoules leds, isolation de combles à l’euro, primes par m² de mur isolé…

Les collectivités ont aussi un rôle à jouer pour accompagner leurs habitants. « Un sondage montre que 41% seulement de ceux qui font des travaux ont bénéficié d’aides », regrette Audrey Zermati, directrice stratégie de l’entreprise de conseil en efficacité énergétique Effy. Conclusion: bon nombre de personnes ignorent leurs droits à valoriser financièrement leurs travaux. Modèle du genre, la métropole du Grand Nancy (20 communes, 254 100 hab.) le fait à leur place et leur propose des primes fixes: 8 à 12,50 euros par mètre carré de mur isolé suivant le mode de chauffage, jusqu’à 550 euros pour une pompe à chaleur…
Faute de posséder les capacités d’ingénierie technique et financière que demande ce type d’opération, d’autres s’efforcent de relayer les offres de sociétés privées qui proposent des services pour un euro symbolique en se finançant avec des CEE. Du moins pour les ménages précaires dont les certificats sont vendus plus cher aux acteurs obligés. Dans l’Orne, Argentan intercom (52 communes, 34 300 hab.) s’est ainsi associée à l’entreprise Objectif écoénergie pour la distribution d’ampoules leds (ce qui ne sera plus possible à la fin de l’année) et pour l’isolation de combles à l’euro (toujours d’actualité).
Outre les offres qu’ils proposent aux habitants, plusieurs opérateurs sont capables de développer un site web spécifique pour le territoire, ce qui assoit la crédibilité de la proposition et permet de doper localement les opérations d’économie d’énergie. « On apporte notre crédibilité institutionnelle », souligne Josselin Sourisseau, directeur du pôle « aménagement et cadre de vie » d’Argentan intercom, reconnaissant qu’il est plus facile de pousser la distribution d’ampoules que des projets de rénovation complète, ne serait-ce que parce qu’elles obligent le propriétaire à mettre la main au porte-monnaie s’il y a une isolation antérieure à retirer. Les CEE sont donc bien pratiques, mais pas une solution miracle.

Focus

Un territoire à énergie positive qui joue son va-tout pour rénover à tout-va

Josselin Sourisseau, directeur du pôle « aménagement et cadre de vie »
La communauté de communes d’Argentan ne peut pas encore se prévaloir d’une grande culture en matière de certificats d’économies d’énergie. Sa labellisation « Territoire à énergie positive pour la croissance verte » (TEPCV) l’oblige toutefois à suivre une formation accélérée. Comme les autres collec­tivités récompensées depuis le 13 février, elle touchera le million d’euros qui lui a été promis par le biais des CEE — un artifice trouvé pour appuyer le dispositif malgré des caisses vides.
Tout est pour le mieux sur le papier puisque, à condition d’entreprendre des travaux éligibles, l’intégralité des investissements consentis dans les économies d’énergies lui sera remboursée. « Si les travaux sont achevés le 31 décembre 2018 », souligne Josselin Sourisseau, directeur du pôle « aménagement et cadre de vie ». Une condition qui a poussé l’interco à aller au plus facile et à opter pour la rénovation d’une douzaine de bâtiments communautaires, essentiellement des écoles. Au programme: l’isolation de combles perdus, le remplacement de fenêtres à simple vitrage et de chaudières vieillissantes… Josselin Sourisseau ne cache pas que ces choix sont dictés par l’urgence et un brin d’oppor­tunisme. Il n’en demeure pas moins que ces travaux « ont du sens ». Dans le cadre de son projet « TEPCV« , un économe de flux sera d’ailleurs bientôt embauché pour structurer plus globalement la « démarche énergie ».

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