Alcatel-Lucent : la transparence excuse t-elle 13,7 millions d'euros de prime de départ ?
Business : « Aucune règle n’a été
modifiée en catimini » assure Michel Combes, en partance d’Alcatel
Lucent vers Numericable-SFR après deux ans de présidence et 10.000
suppressions d'emploi. Syndicats et ministres pestent contre une somme
jugée indécente. Le Medef aussi.
Quand on quitte une entreprise pour une autre, rien n’est plus
agréable que de s’accorder quelques jours de repos, l’esprit tranquille.
Sauf peut-être pour Michel Combes, le PDG d’Alcatel Lucent nommé à la tête de Numericable-SFR, qui pourrait toucher 13,7 millions de prime de départ.
Pour solde de tout compte, les 13,7 millions se répartissent en 8 millions de stock options -calculés au cours actuel, 2 millions de retraite chapeau estimée et 4,5 millions pour promesse de non concurrence. Alcatel-Lucent rejette ces chiffres, qui ne seraient que des hypothèses sur le cours des actions attribuées d'ici 2018. Il faudra par ailleurs attendre la finalisation du rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia pour que la somme à verser au dirigeant soit déterminée.
Piqué au vif par ces révélation du JDD, Michel Combes n’a pas tardé à répliquer. « Quand j’ai pris mes fonctions, le cours (de l'action) était en dessous d’un euro. J’étais donc intéressé au rétablissement de l’entreprise et je portais le risque du projet industriel » explique t-il ce lundi dans une interview aux Echos.
« Comme le cours de bourse de l’entreprise s’est apprécié, on atteint un montant significatif, je le reconnais. Mais cela signifie que j’ai réussi à créer de la valeur et que l’entreprise est sauvée». Au 31 août, la valeur de l’action Alcatel-Lucent se situe en effet à 2,99 euros. Il estime par ailleurs que « éléments de rémunération ont été rendu publics. Aucune règle n’a été modifiée en catimini ».
On pourra toujours être choqué par le montant de ce bonus de départ. Mais d'un autre côté, le redressement financier d'Alcatel-Lucent est un fait. Alcatel-Lucent a en effet bouclé 2014 en bien meilleure position qu'en 2013 avec une perte nette qui est passée de 1,3 milliard d'euros à 118 millions. Il est le résultat d'un douloureux plan de restructuration ("Shift") entamé depuis deux ans, avec la suppression de 10.000 postes dans le monde (14% des effectifs), dont 900 en France.
Mais pas seulement. Lors de son arrivée, Alcatel-Lucent était un équipementier présent sur de nombreux marchés, notamment vieillissants, proposant un catalogue assez confus. Il est aujourd'hui clairement identifié comme un acteur de la 4G du tout IP et du Cloud. Combes a bel et bien mené à bien la transformation de l'équipementier, son recentrage.
« Il a certes redressé le groupe, mais cela s’est fait au prix d’un plan social d’une violence sans précédent » assure pour sa part le syndicat de cadres CFE-CGC.
« Un conseil d'administration a décidé d'une telle rémunération. Cet argent lui est dû contractuellement » a tenu à préciser sur LCI François Asselin, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), expliquant que tout cela est « à des années lumière de ce que peuvent connaître les patrons de PME ».
« Dans le monde d'aujourd'hui, et avec les difficultés que les uns et les autres rencontrent, à un moment donné il faut un peu de bon sens, un peu de mesure, un peu de retenue. Et là, en l'occurrence Michel Combes n'en a pas eu » a estimé Michel Sapin, le ministre des Finances, sur France Info.
Pour solde de tout compte, les 13,7 millions se répartissent en 8 millions de stock options -calculés au cours actuel, 2 millions de retraite chapeau estimée et 4,5 millions pour promesse de non concurrence. Alcatel-Lucent rejette ces chiffres, qui ne seraient que des hypothèses sur le cours des actions attribuées d'ici 2018. Il faudra par ailleurs attendre la finalisation du rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia pour que la somme à verser au dirigeant soit déterminée.
Piqué au vif par ces révélation du JDD, Michel Combes n’a pas tardé à répliquer. « Quand j’ai pris mes fonctions, le cours (de l'action) était en dessous d’un euro. J’étais donc intéressé au rétablissement de l’entreprise et je portais le risque du projet industriel » explique t-il ce lundi dans une interview aux Echos.
« Comme le cours de bourse de l’entreprise s’est apprécié, on atteint un montant significatif, je le reconnais. Mais cela signifie que j’ai réussi à créer de la valeur et que l’entreprise est sauvée». Au 31 août, la valeur de l’action Alcatel-Lucent se situe en effet à 2,99 euros. Il estime par ailleurs que « éléments de rémunération ont été rendu publics. Aucune règle n’a été modifiée en catimini ».
On pourra toujours être choqué par le montant de ce bonus de départ. Mais d'un autre côté, le redressement financier d'Alcatel-Lucent est un fait. Alcatel-Lucent a en effet bouclé 2014 en bien meilleure position qu'en 2013 avec une perte nette qui est passée de 1,3 milliard d'euros à 118 millions. Il est le résultat d'un douloureux plan de restructuration ("Shift") entamé depuis deux ans, avec la suppression de 10.000 postes dans le monde (14% des effectifs), dont 900 en France.
Mais pas seulement. Lors de son arrivée, Alcatel-Lucent était un équipementier présent sur de nombreux marchés, notamment vieillissants, proposant un catalogue assez confus. Il est aujourd'hui clairement identifié comme un acteur de la 4G du tout IP et du Cloud. Combes a bel et bien mené à bien la transformation de l'équipementier, son recentrage.
« Un plan social d’une violence sans précédent »
Reste que cet énième bonus pour un patron du CAC 40 ne passe pas et se confond avec les bonus versés à des p-dg qui ont précipité leurs entreprises au bord du gouffre. « Les salariés qui ont vu les chiffres annoncés ce week-end on dû l'avoir mauvaise, c'est proprement indécent compte tenue de la casse sociale ces dernières années. Il y a certes une amélioration des comptes mais ce n'est pas non plus spectaculaire », a déclaré lundi à l'AFP Hervé Lassalle, délégué syndical CFDT, syndicat majoritaire chez Alcatel-Lucent.« Il a certes redressé le groupe, mais cela s’est fait au prix d’un plan social d’une violence sans précédent » assure pour sa part le syndicat de cadres CFE-CGC.
Un redressement effectif
Les sommes « sont d'autant plus choquantes que les résultats n'étaient pas, on va dire, au rendez-vous » a lancé ce matin au micro de RTL Thibault Lanxade, vice-président du Medef (Mouvement des entreprises de France). « Est-ce (…) qu’il y a eu une très forte performance de l'entreprise, est-ce que les montants étaient adossés sur des prises de risques, des critères bien définis ?» s’est il interrogé.« Un conseil d'administration a décidé d'une telle rémunération. Cet argent lui est dû contractuellement » a tenu à préciser sur LCI François Asselin, président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), expliquant que tout cela est « à des années lumière de ce que peuvent connaître les patrons de PME ».
« Dans le monde d'aujourd'hui, et avec les difficultés que les uns et les autres rencontrent, à un moment donné il faut un peu de bon sens, un peu de mesure, un peu de retenue. Et là, en l'occurrence Michel Combes n'en a pas eu » a estimé Michel Sapin, le ministre des Finances, sur France Info.
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